DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 132

18 jan 1870 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Parlons de moi – Promenade de santé – L’abbé Chesnel – Mon règlement – Monseigneur est fatigué.

Informations générales
  • DR08_132
  • 3843
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 132
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 413; D'A., T.D.30, n.244, pp.31-32.
Informations détaillées
  • 1 ANIMAUX
    1 CARACTERE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 DOUTE
    1 EVEQUE
    1 EXERCICES RELIGIEUX
    1 FATIGUE
    1 GENEROSITE
    1 INTELLIGENCE
    1 LOISIRS
    1 MORT
    1 REGLEMENTS
    1 REPOS
    1 SANTE
    1 SEVERITE
    1 SOUFFRANCE
    1 THEOLOGIENS
    2 CHESNEL, FRANCOIS
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 REISACH, CHARLES-AUGUSTE
    3 NIMES
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 18 janvier [18]70.
  • 18 jan 1870
  • Rome
La lettre

Voulez-vous que je vous parle un peu de moi? Je me reproche de ne pas le faire de temps en temps, parce que cela vous serait une preuve de confiance, et ferait disparaître certains doutes que j’aperçois d’ici. Si je veux que vous soyez généreuse, je veux que vous ne doutiez pas, parce que vous n’avez pas l’ombre de sujet de douter.

Ma santé est réellement, somme toute, meilleure qu’à Nîmes. Je l’attribue à quelques promenades, comme celle que j’ai faite ce soir avec l’abbé Chesnel. L’abbé Chesnel est un homme d’infiniment d’esprit et de talent, d’une assez frêle santé, quoique assez fort, figure de dogue avec de magnifiques yeux noirs, connaissant toutes les affaires du concile, souffrant de ne pas pouvoir me les conter par le menu, parce qu’il a un secret pontifical plus rigoureux que celui des théologiens des évêques. Il m’a pris en fantaisie et je crois quelque chose de mieux. Il était entièrement lié avec le cardinal Reisach, destiné pour présider le concile s’il eût vécu; la mort de celui-ci a été pour l’abbé Chesnel une très profonde souffrance qu’il porte très virilement, mais qu’il ressent dans les profondeurs de son âme(1). Je crois lui faire du bien et franchement, il m’en fait par certains horizons qu’il me découvre. C’est un mauvais caractère, ou plutôt il le serait. Il juge sévèrement. Je suis flatté d’avoir obtenu son intimité, et il me fait quelquefois penser que vous n’aviez pas absolument mauvais goût, quand vous êtes venue vers moi, car il faut bien que vous soyez toujours pour quelque chose dans ce qui me préoccupe.

Donc je me promène avec de bons résultats, mais j’ai changé mon règlement, je ne me lève qu’à six heures, cinq heures et demie de Nîmes, et fais ma méditation après ma messe. Je me couche vers 11 heures et ne fais qu’un seul sommeil. Monseigneur est assez fatigué.

Il faut s’arrêter pourtant. Adieu, ma fille. Que de choses à vous dire encore! A une autre fois.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le cardinal de Reisach présidait la commission politico-ecclésiastique préparatoire au concile, dont l'abbé Chesnel faisait partie en qualité de consulteur.