DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 146

24 jan 1870 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Importance des institutions pour un diocèse comme pour une congrégation – « Qu’ai-je fait aujourd’hui pour fonder mon oeuvre? » – Soyez le modèle de la règle – Un chapitre des religieux « pour exiger le signe distinctif de notre oeuvre » – De retour vers Pâques? – Pas question des religieux dans le concile – L’envie de vous revoir.

Informations générales
  • DR08_146
  • 3854
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 146
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 413; D'A., T.D.30, n.246, pp.33-35; QUENARD, pp.153-154.
Informations détaillées
  • 1 CELLULE
    1 CHANOINES
    1 CHAPITRE GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
    1 CO-FONDATRICE DES OBLATES
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 CONVERSATIONS
    1 ESPRIT DE L'ASSOMPTION
    1 EVEQUE
    1 EXAMEN DE CONSCIENCE
    1 EXAMEN PARTICULIER
    1 FIDELITE A L'ESPRIT DE LA REGLE
    1 GALLICANISME
    1 INSTITUTS RELIGIEUX
    1 LECTURE DE LA VIE DES SAINTS
    1 MISSIONNAIRES
    1 MORT
    1 OBLATES
    1 ORAISON
    1 PAQUES
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 REFORME DU CLERGE
    1 SANTE
    1 SEMINAIRES
    1 ULTRAMONTANISME
    1 VOYAGES
    2 IGNACE DE LOYOLA, SAINT
    2 PIE IX
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SAGE, ATHANASE
    3 ROME
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 24 janvier [18]70.
  • 24 jan 1870
  • Rome
  • *Madame la supérieure générale des Oblates de l'Assomption.*
La lettre

Ma bien chère enfant,

Je viens d’avoir une conversation qui me fait réfléchir très fort par rapport à notre oeuvre. Quelqu’un de très sérieux me disait: « Si votre évêque meurt, il sera de lui comme de bien d’autres évêques. Rien ne sera resté de son passage, parce qu’il aura gouverné par l’arbitraire et non pas fondé des institutions ». Hélas! cela est bien vrai. Qu’un évêque gallican lui succède, que trouvera-t-il dans le chapitre, dans le séminaire, dans le développement scientifique du clergé qui résiste à une pression funeste? Eh! bien, je me demande si vous et moi venions à mourir, que resterait-il pour notre oeuvre? Quels principes aurions-nous établis? Quelle cohésion aurions-nous donnée à cette famille? Je sais bien qu’elle est toute récente, mais je crois très important de commencer à en fixer les pierres fondamentales au point de vue de la durée.

J’ai quelques idées là-dessus, dont je vous ferai part dans mes lettres; préparez-vous de votre côté. J’espère que nous viendrons à bout de faire quelque chose de très bien, mais persuadez-vous bien que vous avez à mettre dans votre examen de chaque soir: « Qu’ai-je fait aujourd’hui pour fonder mon oeuvre? » Sous ce rapport, lisez surtout dans les vies des saints tout ce qui touche le côté de l’organisation de leurs travaux, soyez autant que vous le pourrez le modèle, sinon de toute la règle (votre santé ne vous le permet pas), au moins de l’esprit de la règle. Ne vous étonnez pas de certaines misères, mais cherchez-en la racine pour la couper ou plutôt l’extirper entièrement.

Je crois que je vais établir un chapitre général des Augustins de l’Assomption pour exiger le signe distinctif de notre oeuvre. Saint Ignace a donné aux siens les Exercices spirituels, une heure de méditation et deux examens particuliers. Il faut que nous établissions quelque chose de semblable(1).

Je commence à croire très sérieusement que nous serons de retour vers Pâques. Le Pape est pressé et hier encore, un évêque missionnaire vint dans ma chambre pour me dire que l’on était assommé de l’éloquence de certains, et qu’on allait demander que les légats voulussent bien rappeler les gens trop longs à la question.

Il n’est pas le moins du monde question encore dans le concile des Congrégations religieuses. Je crois que c’est un bien immense. Les choses ne sont pas assez mûres pour cela. Le Pape arrangera cela plus tard, et je préfère de beaucoup l’esprit romain à l’esprit épiscopal sur cette matière.

Croyez-vous que je n’aie pas quelque envie de vous revoir? J’ai cherché quelque prétexte de vous faire venir à Rome, je n’en ai pas trouvé. Nous ferons plus tard ce voyage.

Adieu, ma chère fille. Faites énormément prier pour le concile. C’est à présent que les choses vont devenir très sérieuses.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. A la lumière du concile, le P. d'Alzon médite sur sa famille religieuse, vise à en préciser le but et à en déterminer les tâches en conformité avec les besoins de l'Eglise et déjà distribue des consignes. Dans les *Ecrits spirituels* (pp.1069-1088), le P. Sage a publié en tout ou en partie un certain nombre de lettres (dont celle-ci) et d'autres écrits du P. d'Alzon datant de la période du concile et reflétant cette préoccupation. Il en donne un commentaire autorisé dans son *Maître spirituel*, pp.126-133.