DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 148

24 jan 1870 Rome COURCY Marie-Gabrielle ra

Bientôt, au concile, les questions fondamentales – L’Esprit est à l’oeuvre – Varia et cancans.

Informations générales
  • DR08_148
  • 3855
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 148
  • Orig.ms. AC R.A.; D'A., T.D.35, n.9, pp.84-85.
Informations détaillées
  • 1 ACTIONS DE DIEU
    1 BAVARDAGES
    1 CAUSE DE L'EGLISE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE
    1 ERREUR
    1 GALLICANISME
    1 JOIE
    1 LATIN LITURGIQUE
    1 PAQUES
    1 POLEMIQUE
    1 QUERELLE DES AUTEURS CLASSIQUES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 REPOS
    1 RUSE
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SOUVERAIN PROFANE
    1 THEOLOGIENS
    1 VERITE
    1 VIE DE PRIERE
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 CABRIERES, JEANNE DE
    2 DUPANLOUP, FELIX
    2 GAUME, JEAN-JOSEPH
    2 GRANDERATH, THEODORE
    2 LANDRIOT, JEAN-BAPTISTE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 MERMILLOD, GASPARD
    2 MOULINET, DANIEL
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 VEUILLOT, LOUIS
    3 AUTUN
    3 ISRAEL
    3 NIMES
  • A SOEUR MARIE-GABRIELLE DE COURCY
  • COURCY Marie-Gabrielle ra
  • Rome, 24 janvier [18]70.
  • 24 jan 1870
  • Rome
La lettre

Ma chère fille,

Voici le moment de vous mettre en prière, le concile, d’ici à peu, abordera les plus graves questions, les questions fondamentales. Il importe que l’on prie avec une ferveur nouvelle, afin que nous ayons le plus de vérité possible, afin que l’erreur soit confondue, afin que les droits de l’Eglise soient proclamés, et que les souverains sachent que l’Eglise peut se laisser dépouiller, mais ne perd pas pour cela ses droits sur les sociétés.

Le concile commence à s’épanouir, et j’éprouve des joies immenses à voir Dieu faire son oeuvre et le Saint-Esprit planer sur des intrigues bien tristes pour en faire sortir le triomphe de l’enseignement catholique. Quel dommage que je n’aie pas su que vous aviez un docteur en Israël parmi vos filles! J’aurais demandé à Mgr de Nîmes de le prendre pour théologien. Dites à Jeanne de Cabrières tout mon chagrin de n’avoir pas reçu sa lettre, et, en même temps, que le meilleur moyen de tout arranger, c’est d’en écrire une autre, sur laquelle elle mettra un timbre de 10 sous.

Le pauvre P. Laurent doit pourtant être en repos, voilà le P. Emmanuel de retour. Mais je vous le répète, l’essentiel c’est que l’on prie beaucoup et beaucoup.

Adieu, ma bien chère fille. J’ai vidé mon sac dans ma lettre aux enfants, je n’ai plus rien à vous dire, sinon qu’une autre fois vous ne croirez pas que je vous néglige. Les dames dupanloupistes ne saluent plus Mgr Mermillod; c’est très curieux que cette division des camps féminins(1). Mgr Landriot, qui, malgré son amour pour les classiques, a eu un échec complet, a servi au concile un plat de latin de cuisine à faire rentrer 100 pieds sous terre tout l’épiscopat gallican(2). Enfin, je vis dans l’espoir de vous revoir après Pâques. Adieu, ma bien chère fille. Demandez à Dieu la grâce que nous allions rondement.

Mille fois à vous et à vos filles.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Vous voyez que j'écris aux Enfants de Marie.1. Les Romains, amusés, les appelaient les *Mères de l'Eglise*. Veuillot, plus grinçant, parlait des *commères du concile*. Il est vrai que la plupart de ces dames ne militaient pas dans son camp (GRANDERATH, II-2, p.188). Les orientaux, eux, parlaient des *matriarches*...
2. Il faut remonter au 8 janvier pour trouver une intervention de Mgr Landriot (v. *Lettre* 3822 et n.2). En 1851, Mgr Landriot, alors chanoine d'Autun et directeur de petit séminaire, avait publié une réfutation du *Vers rongeur des sociétés modernes* de l'abbé Gaume, paru au printemps de la même année. Il y dénonçait les exagérations de l'auteur dans son hostilité aux classiques païens et préconisait "l"union des deux littératures", la chrétienne et le païenne, dans l'enseignement. Cet ouvrage donna le signal d'une controverse dans laquelle la position du P. d'Alzon et de la *Revue de l'Enseignement chrétien* fut relativement modérée (D. MOULINET, *J.-J. Gaume ou le catholicisme français intransigeant au XIXe siècle dans le domaine de l'éducation*, Thèse de doctorat conjoint Paris IV-Sorbonne - Institut Catholique de Paris, I, pp. 212-221, Paris, 1992; *Lettres* 138 n. et 150 n.4).