DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 159

28 jan 1870 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

L’envie de vous revoir – Procuration – La maison Bastide – Monseigneur va mieux – L’abbé Thibon – Conversation avec Mgr Jacobini – La vocation d’Oblate – Soyez une vraie supérieure – Et votre santé?

Informations générales
  • DR08_159
  • 3863
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 159
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 413; D'A., T.D.30, n.250, pp.39-40.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU CHRIST A L'ASSOMPTION
    1 BIENS IMMEUBLES
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONGREGATIONS ROMAINES
    1 CONVERSATIONS
    1 DESIR
    1 ENERGIE
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 EVEQUE
    1 LACHETE
    1 LITURGIES ORIENTALES
    1 MALADIES
    1 MORT
    1 NONCE
    1 OBLATES
    1 PAQUES
    1 PERFECTION
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 RELIGIEUSES
    1 RENONCEMENT
    1 SANTE
    1 SUFFISANCE
    1 SUPERIEURE
    1 TRAITEMENTS
    1 VERTU DE PAUVRETE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BASTIDE
    2 JACOBINI, LODOVICO
    2 PIE IX
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 THIBON, LOUIS
    3 ANDRINOPLE
    3 FRANCE
    3 NIMES, MAISON BASTIDE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 28 janvier [18]70.
  • 28 jan 1870
  • Rome
  • *Madame la supérieure générale des Oblates.*
La lettre

Je prends pour vous écrire, mon enfant, une feuille un peu tachée d’encre, afin de pratiquer la pauvreté, mais je ne puis écrire au P. Emmanuel sans céder à la tentation de vous dire que j’ai envie de vous revoir et que j’aime bien Pie IX de tenir à ce que le concile soit fini dans les environs de Pâques.

Je vais vous envoyer une procuration pour faire retirer l’argent de mon traitement. Quant à la maison Bastide, à moins que ce bon vieux ne soit mort depuis quelque temps déjà, je crois préférable de prendre tous les renseignements possibles, mais de ne pas se presser. Ce serait le moyen de nous faire tenir la dragée très haute.

Mgr va mieux, mais m’impatiente par ses imprudences. L’abbé Thibon va vous arriver. Ah! qu’il est bon, l’abbé Thibon! mais j’ai eu hier une longue conférence avec le Jacobin. C’est ainsi qu’un de mes amis appelle Mgr Jacobini, qui peut-être va être nommé nonce en France, mais qui est en attendant secrétaire de la Propagande pour les rites Orientaux. Il approuve ce que nous avons fait à Andrinople pour sanctifier les religieuses du pays. Mais il m’a conté de bien tristes choses sur les évêques orientaux. Mon Dieu, quelle triste et épouvantable race! On ne sait par quel bout les prendre. Ah! ma fille, quelle obligation pour vous et pour vos filles de vous immoler et de vous dévouer! Croyez-moi, la vocation d’Oblate n’est pas une vocation d’âme intérieure se repliant sur son cher petit soi-même. Il faut agir, il faut se renoncer et aller à tout ce que Notre-Seigneur désire. Sortons de nous-mêmes, Marie, et si nous ne sentons pas l’ardeur que nous voudrions, cherchons-en la cause dans nos misères que nous n’extirpons pas assez profondément.

J’oublie que je suis un piètre supérieur pour vous souhaiter d’être une vraie supérieure. Sur ce chapitre, j’ai de très grands désirs. Quand serez-vous parfaite et quels progrès pourrai-je constater, quand je reviendrai? Quand vos filles se découragent, prenez-les par cette belle énergie que donne l’amour de Notre-Seigneur. Je veux, quand je vous reviendrai, respirer chez vous l’amour de notre bon Maître comme l’atmosphère propre de la Congrégation des Oblates.

Adieu, mon enfant bien-aimée. Que Jésus-Christ vous fasse une vraie épouse, tout ce qu’il y a de plus parfait.

Mais adieu, je n’ai plus le temps.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Parlez-moi donc un peu de votre santé sur laquelle vous restez muette. Je vous préviens que je vous soupçonne tous les maux de la terre quand vous vous taisez sur ce chapitre.