DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 163

30 jan 1870 Rome BAILLY_VINCENT de Paul aa

Condoléances pour la mort de sa mère – Bernard – Un temps d’arrêt au concile – Une anti-franc-maçonnerie – Je pense bien tendrement à vous.

Informations générales
  • DR08_163
  • 3867
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 163
  • Orig.ms. ACR, AG 258; D'A., T.D.27, n.254, pp.205-206.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 ASSOCIATIONS OEUVRES
    1 CLERGE SECULIER
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 DOUCEUR
    1 DOULEUR
    1 ENGAGEMENT APOSTOLIQUE DES LAICS
    1 EVEQUE
    1 FRANC-MACONNERIE
    1 GLOIRE DE DIEU
    1 ILLUSIONS
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 LIBERTE
    1 LUTTE ENTRE L'EGLISE ET LA REVOLUTION
    1 MARIAGE
    1 MESSE DE REQUIEM
    1 PELERINAGES DEVOTIONS
    1 PUBLICATIONS
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SAINTETE
    1 SOUFFRANCE
    2 BAILLY, BERNARD
    2 BAILLY, EMMANUEL SENIOR
    2 BAILLY, MADAME EMMANUEL
    2 GRATRY, ALPHONSE
    3 PARIS
    3 ROME
  • AU PERE VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • Rome, 30 janvier 1870.
  • 30 jan 1870
  • Rome
La lettre

J’ai reçu hier votre télégramme, mon cher ami, mais trop tard pour pouvoir vous dire toute la part que je prends à votre douleur(1). Elle doit être immense et bien douce à la fois. Il suffisait de sentir combien Madame votre mère vous aimait, pour comprendre combien vous deviez le lui rendre. Mais que son affection était sainte! Et c’est parce que vous voulez donner à la vôtre ce même parfum qu’elle est très douce dans sa souffrance. J’ai dit ce matin la messe pour cette nouvelle protectrice que l’Assomption obtient au ciel, je la dirai encore. Si elle ne le fait déjà, Madame votre mère nous rendra sous peu là-haut ce que nous faisons pour qu’elle y arrive le plus tôt possible. Veuillez parler de moi à Bernard. Que devient-il? Se marie-t-il? Se donne-t-il à Dieu(2)? S’il voulait profiter de la douloureuse liberté qui vient de lui être faite pour faire le pèlerinage de Rome, je serais bien heureux de me mettre à sa disposition.

Le concile semble subir un temps d’arrêt. On profite de l’heureux effet produit par la brochure du P. Gratry. Peut-être se fait-on illusion? En ce moment, il y a étonnement et souffrance. Pour moi, je persiste à croire que, l’infaillibilité définie, le concile sera fait. Il est vrai que les meilleurs font traîner les choses en longueur avec des discours interminables. Pour moi, quand j’étudie la tournure que prennent les choses, je pense que pour aider au développement du concile, il faudrait créer une Association qui s’étendît sur tous les points du monde et qui fût l’anti-franc-maçonnerie. Ce serait une Association de prières, d’aumônes, d’action, de fondations, d’écoles, de missions, de propagation, de telle manière que cet effort à l’aide duquel on pénétrerait partout, serait le résumé et le centre de tout le bien qui se fait ou à faire, mais qui s’exciterait par une grande confédération ou conspiration pour le bien.

Cette Association atteindrait le clergé et les laïques. Elle serait au grand jour, elle tendrait à se développer sur tous les points, accepterait pour membres tous ceux qui auraient la flamme catholique; contre les efforts de la révolution et de la franc-maçonnerie. C’est, je crois, en partant sans cesse de cette idée, en y revenant sans cesse que nous finirons par la faire pénétrer partout(3). Il faudrait voir s’il serait possible de faire pénétrer ces idées à Paris chez quelques personnes. Quelquefois j’en doute, et pourtant je me sens poussé à essayer. Dieu veut tirer sa gloire du concile, et il veut que nous luttions contre tous ceux qui ne le veulent [pas] au sens du Saint-Esprit.

Croyez qu’il faut que des hommes se dévouent à porter la parole et la pensée du concile; sans quoi, bien des évêques (hélas!) le mettront dans leur poche.

Adieu, cher ami. De quoi vais-je vous parler au milieu de votre chagrin? Mais je m’adresse à vous comme à un homme de foi qui, au-dessus des douleurs de la terre, voit les devoirs que le ciel impose à ceux qui veulent le mériter. A l’instant, m’arrive votre lettre du 27. Adieu. Je pense bien tendrement à vous.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Marie-Appoline Vrayet de Surcy, veuve d'Emmanuel Bailly, était décédée le 29 janvier dans sa 65e année.
2. Bernard Bailly choisira la voie du mariage.
3. Cette association serait animée par les religieux de l'Assomption (*Lettre 3864) qui feraient le voeu de se porter à toutes les oeuvres que le pape leur proposerait contre la révolution et la franc-maçonnerie (*Lettre* 3865). Voir *Un maître spirituel*, pp.129-130.