DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 168

1 feb 1870 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Contre la révolution et la franc-maçonnerie : un voeu et des examens pour les religieux – L’abbé Darras – Les brochures du P. Gratry – La redingote de Dagobert – Monseigneur – Soyez une sainte!

Informations générales
  • DR08_168
  • 3870
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 168
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 413; D'A., T.D.30, n.252, pp.42-43.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 ASSOMPTIONNISTES
    1 BETISE
    1 CHAPITRE GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 DEFAUTS
    1 DISTRACTION
    1 ELECTION
    1 EMPIRE DE SATAN
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 EVEQUE
    1 EXAMEN POUR LE REGNE
    1 EXTENSION DU REGNE DE JESUS-CHRIST
    1 FRANC-MACONNERIE
    1 GALLICANISME
    1 GLORIFICATION DE JESUS-CHRIST
    1 ILLUSIONS
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 LATIN LITURGIQUE
    1 LUTTE ENTRE L'EGLISE ET LA REVOLUTION
    1 MALADES
    1 OBLATES
    1 PAPE
    1 PUBLICATIONS
    1 QUATRIEME VOEU DES ASSOMPTIONNISTES
    1 QUATRIEME VOEU DES OBLATES
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SAINTETE
    1 SCANDALE
    1 SOCIETE
    1 SYMPTOMES
    1 VERTUS
    1 VETEMENT
    2 DAGOBERT
    2 DARRAS, JOSEPH-EPIPHANE
    2 GRATRY, ALPHONSE
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 THIBON, LOUIS
    3 LYON
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 1er février 1870.
  • 1 feb 1870
  • Rome
La lettre

Ma bien chère enfant,

Votre lettre du 29 m’arrive: j’ai une minute, j’y réponds. Hier, je vous ai écrit, mais j’étais dérangé par une foule de distractions. Il me semble qu’aujourd’hui je me ferai mieux comprendre.

Il ne faut pas se faire illusion. La société est très gravement menacée. Elle a besoin d’être soutenue par tous les moyens contre la révolution et contre l’armée de la révolution, la franc-maçonnerie. J’espère que le concile fera quelque chose contre la franc-maçonnerie. Mais puisque l’on semble mettre des obstacles à notre voeu de nous dévouer à l’extension du règne de N.-S. dans les âmes, j’ai pensé que l’on ne pourrait nous défendre de transformer ce voeu (je parle des religieux) en celui de nous porter à toutes les oeuvres que le Saint-Père nous proposera contre la révolution et la franc-maçonnerie. Mais il faut donner un esprit à cette action. Or, pour cela faire, je me propose de présenter au futur Chapitre général la constitution suivante, conçue à peu près en ces termes:

« Les religieux de l’Assomption feront tous les jours, matin et soir, un examen: le premier, où ils examineront ce qu’ils veulent faire pour détruire le règne de Satan dans leur coeur et sur la terre, pour accroître et dans leur coeur et dans le monde le règne de Notre-Seigneur; le second consistera à repasser ce que pendant la journée on a fait dans ce but ».

Je vous ai indiqué quelques-uns des points, sur lesquels vos filles par un examen analogue pourraient se préparer à tenir leur voeu. Quant à vous, ma fille, je voudrais bien que, tout en conservant le vôtre, vous fissiez aussi le nôtre. Je voudrais tant ne faire qu’un avec vous par tous les liens qui peuvent tourner à la gloire de Notre-Seigneur.

J’ai été interrompu par l’abbé Darras, qui voit pour le quart d’heure tout en sombre. Je suis à ses antipodes, non pas que je voie tout en beau, mais il me semble qu’il y a des gens à qui il faut donner le temps de virer de bord. Ne vous ai-je pas dit qu’à ma connaissance la première lettre du P. Gratry avait décidé 11 à 12 évêques à signer pour l’infaillibilité? Encore sept brochures comme ce pauvre homme les annonce et nous allons avoir l’unanimité. Aujourd’hui même, on recueille des signatures nouvelles, mais il faut du temps. Quand le roi Dagobert, qui avait ses culottes à l’envers, apprit que ses sujets voulaient qu’il les mît à l’endroit, il dit qu’il les y mettrait, mais qu’il porterait une redingote, afin que l’on ne s’aperçût pas du changement. En guise de redingote, nos gallicans prennent du temps et les petits scandales qui peuvent légitimer leur mouvement de conversion.

Monseigneur va un peu mieux aujourd’hui, mais sa tête est encore bien fatiguée. Enfin l’abbé Thibon part demain. Il m’a fait encore hier une sottise; malgré toutes les défenses, il a fait entrer un évêque et écrit en latin sous la dictée de Monseigneur. Quatre prêtres de Lyon, rien que cela, pour déranger un pauvre homme qui voudrait pourtant dire à sa fille qu’il meurt d’envie de la revoir. Mais je ne puis continuer; à une autre fois.

Adieu, mon enfant. Ah! Marie, Marie. Soyez une sainte! Arrachez tous vos défauts, prenez toutes les vertus d’une véritable épouse de Notre-Seigneur. Adieu. Je vous bénis et me sens bien profondément vôtre.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Je ne me relis pas.