DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 180

7 feb 1870 Rome BAILLY_EMMANUEL aa

Un double examen à essayer – On va faire taire les bavards – La villa Grazioli perd de son prestige – Le chiffre des opposants – Une réponse aux journaux libéraux – Le libéralisme, hérésie de l’après-concile – Les vrais catholiques auront à défendre l’Eglise contre l’enfer – Votre confiance.

Informations générales
  • DR08_180
  • 3878
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 180
  • Orig.ms. ACR, AI 101; D'A., T.D.31, n.101, pp.92-94.
Informations détaillées
  • 1 ADVERSAIRES
    1 ANIMAUX
    1 BAVARDAGES
    1 BERGER
    1 CARDINAL
    1 CATHOLIQUE
    1 CHAPITRE GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
    1 CONCILE DE TRENTE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 DEFENSE DE L'EGLISE
    1 DEVOIRS DE CHRETIENS
    1 ELECTION
    1 ENFER ADVERSAIRE
    1 EPISCOPAT
    1 EVEQUE
    1 EXAMEN DE CONSCIENCE
    1 EXAMEN PARTICULIER
    1 EXAMEN POUR LE REGNE
    1 FATIGUE
    1 FOI
    1 FRANC-MACONNERIE
    1 HERESIE
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 INSTITUTS RELIGIEUX
    1 INTELLIGENCE
    1 JANSENISME
    1 LIBERALISME
    1 NOMINATIONS
    1 OBLATES
    1 OEUVRE DE JESUS-CHRIST
    1 PAQUES
    1 PRESSE
    1 QUATRIEME VOEU DES ASSOMPTIONNISTES
    1 RENDEMENT DE COMPTE
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SAINTETE
    1 SATAN
    1 SERVICE DE L'EGLISE
    2 BILIO, LUIGI
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 IGNACE DE LOYOLA, SAINT
    2 PIE IX
    3 FRANCE
    3 ROME, VILLA GRAZZIOLI
  • AU PERE EMMANUEL BAILLY
  • BAILLY_EMMANUEL aa
  • Rome, 7 février [18]70.
  • 7 feb 1870
  • Rome
La lettre

Mon bien cher enfant,

Je reçois votre lettre du 3, qui eût dû m’être remise hier. Vous voulez donc devenir un saint. Je vous promets de vous y aider, autant que j’en suis capable, et pour cela permettez-moi d’user de vos bonnes dispositions pour essayer avec vous ce que je veux proposer au premier Chapitre général.

Si vous approuvez notre quatrième voeu, tel que je le formule(1), faites deux fois par jour un examen: le premier pour chercher en quoi vous voulez chasser le diable de votre âme et y mettre J.-C., en quoi vous voulez servir l’Eglise en combattant au dehors la révolution et la franc-maçonnerie; le soir, vous examinerez ce que vous aurez fait pour vous maintenir dans ces dispositions et pour les traduire par un travail pratique, puis vous m’en rendrez compte. Il faut que nous cherchions ensemble une bonne formule pour cet examen, qui alors deviendra la pierre angulaire de notre oeuvre, comme l’examen particulier de saint Ignace est la pierre angulaire des Jésuites(2).

Voyez, essayez, comme je cherche à examiner, de mon côté; puis, vous me ferez part de vos résultats. Je ne vous empêche point de parler de ce que cette idée a d’applicable à la Congrégation soit aux religieux, soit à la supérieure générale des Oblates. Peut-être après avoir bien prié, y trouverons-nous une grande lumière et une grande force.

Que vous dire des affaires? Les présidents du concile, et le Pape à leur tête, sont un peu fatigués des bavards. On va enfin leur imposer silence, non pas un silence absolu, mais suffisant pour qu’ils n’assomment pas les pauvres évêques qui n’éprouvent pas le besoin de parler.

L’infaillibilité va être posée au plus tôt et il se confirme qu’à Pâques nous serons libres, au plus tard dans la quinzaine de cette grande fête. La villa Grazioli perd de son prestige. J’ai su enfin par le cardinal Bilio le chiffre des opposants; il a été un moment de 137, mais la dégringolade commence et j’ai lieu de croire qu’elle pourra peu à peu devenir assez considérable. Comptez 130 opposants contre plus de 500 signataires, et 600 évêques ou cardinaux ou chefs d’Ordre pour l’opportunité.

On éprouve le besoin de répondre aux journaux libéraux; on va faire quelque chose en ce sens(3). Je suis préoccupé de l’hérésie qui viendra après le concile du Vatican, comme le jansénisme vint après le concile de Trente. Ce sera le libéralisme probablement. Il faut aussi prier pour le bon choix des évêques. Pie IX, en parlant de certaines nominations épiscopales, disait vendredi dernier à quelqu’un de qui je le tiens: « En France, ce sont les loups qui choisissent les bergers ».

Je recommande à nos enfants d’être avant tout de vrais catholiques. Qu’ils comprennent bien qu’au terme du concile il y aura un grand effort de l’enfer pour entraîner dans l’abîme les poltrons, les tièdes, les imbéciles et les pourris, mais qu’il y aura aussi une grande action de Notre-Seigneur pour défendre son Eglise. Les devoirs des catholiques seront admirables, s’ils savent les comprendre. Mais il faut savoir comprendre, et pour cela il faut développer son intelligence par les pensées de la foi.

Adieu, bien cher enfant. Croyez que je ressens d’une manière bien douce la plénitude de confiance que vous m’apportez, et que je m’en servirai, avec la grâce de Dieu, pour vous aider à devenir un saint.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Faites remettre la lettre ci-jointe à Mme la supérieure. Si elle l'envoie, qu'elle la mette sous enveloppe.1. "Je ferais ce voeu avec enthousiasme" vient d'écrire Emmanuel Bailly (3 février). Voir *Lettres* 3864, 3865, 3871.
2. Déjà le P. d'Alzon s'est imposé cet examen et l'a suggéré à Mère Emmanuel-Marie (*Lettre* 3869).
3. Le bureau de correspondance des *Lettres* 3873 et 3876.