DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 186

7 feb 1870 Rome CHABERT Louise

Le temps de réagir est venu – Souffrance, gage de fécondité – Ne résistez pas à l’amour de Jésus-Christ – Priez pour le concile – Apprenez-moi les humiliations que vous vous imposez.

Informations générales
  • DR08_186
  • 3883
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 186
  • Orig.ms. ACR, AM 316; D'A., T.D.38, n.12, pp.22-23.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU CHRIST
    1 CHAPELLE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CRUCIFIX
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 DOULEUR
    1 ENERGIE
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 FECONDITE APOSTOLIQUE
    1 FUNERAILLES
    1 HUMILITE
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 MORT
    1 MORT DE JESUS-CHRIST
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PERFECTION
    1 PERFECTIONS DE JESUS-CHRIST
    1 RENONCEMENT
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SAINTETE
    1 SOUFFRANCE
    1 TRISTESSE
    1 VOLONTE
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BAILLY, MADAME EMMANUEL
  • A MADEMOISELLE LOUISE CHABERT
  • CHABERT Louise
  • Rome, 7 février [18]70.
  • 7 feb 1870
  • Rome
  • *Mademoiselle Louise Chabert.*
La lettre

Ma bien chère enfant,

Je ne suis pas surpris qu’il y ait chez vous de grands accès de tristesse: ils sont dans l’ordre des choses et votre coeur doit, par moments, horriblement souffrir. C’est pour cela qu’il vous a été bon de céder un certain temps à la douleur. Maintenant, ne pensez-vous pas bien faire de commencer à réagir? Voyez le P. Emmanuel, qui, quelques heures après avoir appris la mort de sa mère, avant même qu’elle ne fût enterrée, a parlé à nos enfants à la chapelle, comme à l’ordinaire, parce que c’était le samedi. Vous voyez de quoi l’on est capable, lorsqu’on le veut bien. Je ne vous demande pas autant, ma chère petite, mais si vous voulez être une fille énergique, il faut vous y mettre tout de bon. Priez donc Notre-Seigneur de vous accorder la grâce de vous vaincre.

Ne vous effrayez pas de ce que vous pourrez souffrir d’abord. C’est par la souffrance que l’on devient fécond. Si Dieu vous appelle à la perfection, il ne faut pas que ce soit à moitié, mais bien entièrement. Le malheur de bien des filles, c’est qu’elles ne se font pas une idée de ce que c’est que se donner. Vous, mon enfant, il faut que vous l’acquériez cette idée aux pieds de Notre-Seigneur. Méditez souvent aux pieds de votre crucifix. Voyons, voulez- vous être garrottée, comme lui, au jardin des Olives, abandonnée de tous, couverte de crachats, d’insultes, souffletée, battue de verges, couronnée d’épines, chargée d’une croix, clouée dans un état atroce de souffrances, mourir enfin avec désolation? Telle est la perfection de l’amour de Notre-Seigneur pour vous.

Je voudrais que, pendant quelque temps, après vous être mise en face pendant vos méditations de l’une des scènes de la Passion, vous pussiez vous exercer à dire à Notre-Seigneur: « Mon Dieu, que voulez-vous que je souffre, pour mériter de devenir votre épouse? ». Humiliations, brisements, froissements, il faut vous mettre à aimer tout cela, parce que ce sont les vrais joyaux que notre Sauveur réserve à ses épouses. Connaissez-vous une seule sainte qui ne les ait pas portés? Je crois moi, que vous êtes faite pour les mériter et que si vous voulez vous y mettre un peu vigoureusement, il s’opérera en vous un de ces bouleversements qui sont l’action du Saint-Esprit envahissant une âme résolue à lui ouvrir à deux battants. Louise, Louise, ne résistez pas à l’amour de Jésus-Christ. Ecrivez-moi que vous voulez dans un grand amour, fût-ce dans une grande sécheresse, aller vers tout ce que Notre-Seigneur veut de vous. Humiliez-vous, abaissez-vous, acceptez tout ennui et envisagez désormais votre vie comme entourée d’une immense couronne d’épines. Allons! Allons! J’espère que nous nous mettrons à monter au Calvaire, à chercher Jésus crucifié et à lui être, comme il est dit dans l’Ecriture, une épouse de sang.

Priez pour le concile. La discussion sur l’infaillibilité va être tranchée, et alors nous nous verrons à Pâques. Adieu, chère petite, épouse de Jésus crucifié.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Apprenez-moi les humiliations que vous vous imposez.