DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 192

10 feb 1870 Rome BAILLY_VINCENT de Paul aa|PICARD François aa

Notre congrégation aura à tirer les conséquences pratiques du concile – Ce que vous avez à faire en ce sens à Paris dès à présent.

Informations générales
  • DR08_192
  • 3887
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 192
  • Orig.ms. ACR, AE 341; D'A., T.D.25, n.341, pp.286-288.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT
    1 CHAPITRE GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
    1 CLERGE SECULIER
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 DENIER DE SAINT-PIERRE
    1 ENGAGEMENT APOSTOLIQUE DES LAICS
    1 ESPRIT APOSTOLIQUE DE L'ASSOMPTION
    1 FECONDITE APOSTOLIQUE
    1 GALLICANISME
    1 LIBERALISME CATHOLIQUE
    1 LIVRES
    1 NEUVAINES DE PRIERES ET DE PENITENCES
    1 OEUVRES OUVRIERES
    1 PIETE
    1 SERVICE DE L'EGLISE
    1 UNION DES COEURS
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BEAUCOURT, GASTON DU FRESNE DE
    2 DUPANLOUP, FELIX
    2 GERBET, PHILIPPE-OLYMPE
    2 GRATRY, ALPHONSE
    2 LADOUE, THOMAS DE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    3 ISRAEL
    3 NEVERS
    3 PARIS
    3 PARIS, ARCHEVECHE
    3 PARIS, RUE FRANCOIS Ier
    3 ROME
  • AUX PERES FRANCOIS PICARD ET VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa|PICARD François aa
  • Rome, 10 février [18]70.
  • 10 feb 1870
  • Rome
La lettre

Mes bien chers amis,

Je suis avec une très grande attention la marche du concile, non pas tant dans ses délibérations que dans ses agitations extérieures et intimes à la fois, et dans les effets qui peuvent résulter du choc de tant d’idées contraires et de tant de courants opposés. Eh! bien, il résulte pour moi évidemment ceci, que la Congrégation, qui se proposera de tirer autant qu’il dépendra d’elle toutes les conséquences pratiques du concile, sera celle que Dieu bénira le plus. A ce point de vue, il serait très important que nous pussions nous bien rendre compte devant Dieu de ce que nous avons à faire, afin de limiter notre action dans une certaine mesure, et de la circonscrire pour la féconder autant que possible et aussi de façon à ne pas gaspiller nos forces(1).

Examinez et voyez qui à Paris peut prendre votre place à cet égard. Ce ne sont pas les Jésuites, ils sont [mots barrés] du Français(2); ce n’est pas l’archevêché, il est gallican; ce n’est pas le clergé séculier, il est dispersé et sans action commune; ce n’est pas le monde pieux, il est aux genoux du Dupanloup et du Gratry; ce ne sont pas les laïques chrétiens, ils sont libéraux. Voyez donc si vous voulez vous proposer de réunir les débris d’Israël, reliquiae Israel. Vous avez à faire plus. Sans affectation mais avec un plan très suivi, vous devez grouper autour de vous des laïques, des prêtres, et, par vos conversations, vous proposer d’attirer à la vie du concile toutes les intelligences viriles, sur lesquelles vous pouvez avoir quelque influence. Croyez-moi, travaillez le plus que vous le pouvez dans ce sens-là. Le concile du Vatican se résumera dans un nouveau traité de la religion et de l’Eglise, les autres questions n’en seront que les corollaires. Par conséquent, prenez ces questions en main, emparez-vous en, rendez-les vôtres le plus possible, appliquez-les moins par vous-même qu’en poussant d’autres à les appliquer.

Vous n’êtes que deux, à proprement parler, j’espère vous rendre l’an prochain le P. Laurent. Je crois avoir trouvé ici son successeur. Mais si vous avez parcouru la Vie de Mgr Gerbet par M. de Ladoue(3), vous pouvez avoir vu de quoi ont été capables deux prêtres unis ensemble dans un même but. Oh! quand me trouverez-vous quelques hommes d’une certaine valeur! Peut-être en ramènerai-je deux ou trois de Rome. Faites donc faire des neuvaines dans ce but.

Voici pourtant ce que vous devez vous proposer pour commencer: 1° D’étendre autant qu’il dépendra de vous l’oeuvre de Saint-François de Sales: 2° de donner une valeur religieuse au Bulletin bibliographique(4); 3° de faire sentir le besoin d’accroître le denier de Saint-Pierre; 4° de faire beaucoup prier, pour obtenir de bonnes vocations religieuses; 5° sans trop parler du concile, de prendre l’esprit de cette grande assemblée et sans contention de l’infuser partout, au risque d’être quelquefois assommants; 6° de pousser à toute oeuvre populaire, soit en vous en occupant vous-mêmes, soit surtout en poussant les catholiques à s’en occuper.

Pardonnez-moi de revenir sans cesse sur ce dont j’ai le coeur plein; il faut que cela déborde. Croyez-moi, pénétrez-vous en. Je pense que si après le concile nous n’avons pas de Chapitre, il faudra bien que quelques-uns d’entre nous se réunissent, pour établir une communauté d’action encore plus absolue. Lisez ceci à la supérieure et croyez-moi bien vôtre.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Voir *Lettre* 3876 et n.3.
2. Les mots barrés sont *libéraux, ils sont*. Sur le *Français* : *Lettre* 3802 n.
3 Thomas de Ladoue devint évêque de Nevers en 1873. En 1870, parut à Paris sa vie de Mgr Gerbet en trois tomes.
4. De M. de Beaucourt.