DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 216

23 feb 1870 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Réponse à Louise Coulomb – Ensemble allons à tout ce que Notre-Seigneur nous demande pour développer l’oeuvre – Que faites-vous en vue de la perfection? – Carême.

Informations générales
  • DR08_216
  • 3905
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 216
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 414; D'A., T.D.30, n.264, pp.61-62.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 CAREME
    1 COMPORTEMENT
    1 CONTRARIETES
    1 CRITIQUES
    1 DEFAUTS
    1 DOULEUR
    1 EFFORT
    1 FATIGUE
    1 FOI
    1 FORMATION A LA VIE RELIGIEUSE
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 MAITRESSE DES NOVICES
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 OBLATES
    1 PENITENCES
    1 PERFECTION
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 SAINTE COMMUNION
    1 TENTATION
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIE RELIGIEUSE
    1 VOIE UNITIVE
    2 COULOMB, LOUISE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 23 février [18]70.
  • 23 feb 1870
  • Rome
La lettre

Ma bien chère enfant,

J’ai reçu, en même temps que la vôtre, une lettre de Louise Coulomb, où elle me parle de son extrême fatigue et de son immense douleur; elle me propose d’attendre mon retour pour aller aux Oblates. Je lui réponds de ne pas se gêner et que, si elle est fatiguée, elle attende aussi longtemps que ce sera nécessaire. Seulement, comme les Oblates pourraient trouver un peu extraordinaire une pareille conduite de la part d’une maîtresse des novices, je l’engage à donner sa démission, et pour lui éviter l’ennui de vous la donner, je la préviens que si, d’ici à peu de temps, elle ne croit pas devoir faire un effort, je vous avertirai; que cela ne l’empêchera pas de songer à la vie religieuse, là ou ailleurs; mais il faut que l’oeuvre marche et qu’une pareille manière de faire peut être parfaitement acceptable de la part d’une simple religieuse, mais non de la part d’une personne chargée de former les autres à la perfection.

J’entre avec vous dans ces détails, mais j’aime mieux ne pas faire passer la lettre par votre entremise, afin qu’elle ne puisse pas dire que je vous l’ai envoyée décachetée, et, d’autre part, je suis bien aise que vous soyez au courant de tout.

Maintenant vous me laisserez vous gronder un peu au sujet de votre lettre. Si vous avez écrit deux fois par semaine, les lettres se sont évidemment perdues en route. Puis, pouvez-vous sérieusement croire que vous m’ennuyez? Il me semble que la manière dont je vous écris vous prouve assez le contraire. Ajoutons que l’oeuvre des Oblates prend tous les jours, à mes yeux, de plus grandes proportions. L’essentiel est que, pour ce qui nous concerne, nous sachions la développer. Or, une des plus nécessaires conditions, c’est la foi que nous devons avoir l’un dans l’autre. Entendez-vous, Marie? Il ne peut pas être question d’ennui ni de manque de confiance; nous serons quelquefois ennuyés, nous aurons des chagrins, des contrariétés, des déceptions. Nous porterons tout cela ensemble; avec la grâce de Dieu, nous porterons même l’un l’autre nos défauts; avec la grâce de Dieu, nous en viendrons à bout. L’essentiel est que nous allions à tout ce que Notre-Seigneur nous demande.

Continuez à faire bien prier vos filles. Et vous, que devenez-vous en fait de perfection? En quoi luttez-vous contre vous-même? Vous restez un peu trop dans le vague, parlez-moi de vos communions, de vos prières, de votre présence de Dieu, de vos tentations, de vos pénitences, de tout ce que vous faites pour vos filles. Je vous donne toutes les permissions pour le carême et je vous autorise à les donner aussi, de votre côté, à celles de nos enfants qui en auront besoin.

Adieu, ma bien chère enfant. Priez pour moi, et croyez un peu plus que non seulement vous ne m’ennuyez pas, mais que vous m’êtes une grande force et un bien grand appui.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum