DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 218

• DR08_218
• 3907
• DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 218
• Orig.ms. ACR, AG 263; D'A., T.D.27, n.259, pp.211-212.

• 1 ADVERSAIRES
  1 ALLEMANDS
  1 ARMEE
  1 ARMEE PONTIFICALE
  1 CATECHISME
  1 CONCILE DU VATICAN
  1 EGLISE ET ETAT
  1 EVEQUE
  1 FOI
  1 FRANCAIS
  1 GOUVERNEMENT
  1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
  1 LIBERALISME
  1 PENSEE
  1 ZOUAVES PONTIFICAUX
  2 MANNING, HENRY-EDWARD
  3 FRANCE
• AU PERE VINCENT DE PAUL BAILLY
• BAILLY_VINCENT de Paul aa
• Rome, 25 février [18]70.
• 25 feb 1870
• Rome

Mon cher ami,

Un des grands évêques du concile(1) me disait avant-hier: « J’ai toujours pensé que les opposants à la définition traverseraient cinq époques: 1° le triomphe, à leur arrivée; 2° l’organisation du parti; 3° sa désorganisation; 4° sa dissolution – ils y sont. J’espère qu’ils sauront accepter la cinquième époque: la soumission ».

En effet, il y a sinon dissolution, au moins désorganisation complète. Peut-être ai-je tort de le dire, mais cela est. Qu’y faire? On sent partout je ne sais quelle impression de victoire parmi ceux qui hâtent de leurs voeux l’infaillibilité, et, à côté de cela, avec des expressions plus ou moins respectueuses, la certitude de la déconfiture. Quelques Allemands se sont très noblement conduits. Dieu les en récompense! Car ils ont donné le signal d’un changement bien désirable chez tous.

On avait d’abord parlé d’aborder immédiatement la question de l’infaillibilité. Il paraît qu’aujourd’hui on préfère faire discuter les rapports de l’Eglise avec l’Etat, c’est-à-dire tout le schéma sur l’Eglise(2). Le motif de ce changement de tactique repose uniquement sur ce fait. On a cru remarquer qu’un certain nombre d’évêques étaient disposés à dire: »Nous vous passerons l’infaillibilité, passez-nous la suppression de la condamnation du libéralisme ». On eût fait une cote mal taillée. Pour ne mal tailler aucune cote, on a pris le parti de condamner le libéralisme d’abord, l’infaillibilité viendrait ensuite, et l’on n’aurait eu aucune concession à faire. Voilà ce que disent des hommes en général bien renseignés.

Le Pape parle, comme s’il devait avoir besoin de sa petite armée d’ici à peu de mois. Il serait donc bien important de combler les vides qui se font dans la légion franco-romaine surtout. L’importance de la légion est d’autant plus grande que les dangers qui la menaceraient obligeraient plus particulièrement la France à lui venir en aide. C’est le gouvernement français qui en a autorisé la formation, qui en a cédé les officiers(3). Cette poignée de braves ne peut être menacée, sans que la France ne lui tende la main et ne lui prête secours. En gagez donc vos amis à pousser à la formation de Comités pour son recrutement.

Adieu. Le temps me presse. Je suis forcé de m’arrêter.