DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 219

25 feb 1870 Rome BAILLY_EMMANUEL aa

Tactique – Gratry – La brochure Allemand – Les promesses de Barnouin – Progrès de l’infaillibilité.

Informations générales
  • DR08_219
  • 3908
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 219
  • Orig.ms. ACR, AI 105; D'A., T.D.31, n.105, pp.100-101.
Informations détaillées
  • 1 ARMEE PONTIFICALE
    1 BETISE
    1 CAREME
    1 CLERGE NIMOIS
    1 COLERE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONGREGATIONS ROMAINES
    1 CRITIQUES
    1 EGLISE
    1 ELECTION
    1 ENERGIE
    1 GALLICANISME
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 INTEMPERIES
    1 LIBERALISME
    1 MOEURS SACERDOTALES
    1 PENSEE
    1 PRESSE
    1 PUBLICATIONS
    1 TEMPS DE LA PASSION
    1 VACANCES
    2 ALLEMAND, LOUIS
    2 ARISTOTE
    2 BARNOUIN, HENRI
    2 CAPALTI, ANNIBALE
    2 DE LUCA, ANTONINO
    2 GRATRY, ALPHONSE
    2 PIE IX
    2 TEISSONNIER, JEAN-ANDRE
    3 NIMES, GRAND SEMINAIRE
    3 ROME
    3 VIENNE, AUTRICHE
  • AU PERE EMMANUEL BAILLY
  • BAILLY_EMMANUEL aa
  • Rome, 25 février [18]70.
  • 25 feb 1870
  • Rome
La lettre

Le courrier manque. A peine un journal, en retard de quarante-huit heures. La mer est détestable. Les présidents sont furieux. L’un d’entre eux (Capalti) disait hier soir: « J’ai affaire à des hypocrites. Que je leur préférerais des impies! ». Ils affirment, de Luca avant-hier,Capalti hier, qu’ils vont être très énergiques. Je n’en sais rien.

On m’assure de source très sûre qu’après avoir voulu commencer par l’infaillibilité, on finira par là(1) le schéma sur l’Eglise. Je crains fort qu’ils ne soient trompés dans leurs calculs. Voici comme iraient les choses. La semaine avant la Passion, on donnerait la grosse question en laissant entrevoir des vacances. L’appât ferait voter en toute hâte et la question serait emportée d’assaut. Dieu veuille que les calculs soient justes! Dans tous les cas, la Curie sera bien amoindrie du coup. C’est triste, mais c’est ainsi. Bien entendu que si l’on part, on ne reviendra pas, les gallicans moins que les autres, s’ils ont été battus. Et alors qu’arrivera-t-il? C’est que le concile se finira avec 400 ou 500 évêques, ce qui sera bien suffisant.

L’infaillibilité votée, le reste passera comme une lettre à la poste. Du reste, le Pape a haut comme une montagne de protestations contre les évêques gallicans ou d’adresses des dits pour demander l’infaillibilité. D’où je conclus que M. Teissonnier(2) a été extrê[me]ment bête de me proposer l’amoindrissement de mon adresse(3).

Tout à vous.

E.D’ALZON.

Des gens très bien renseignés parlent très mal des moeurs de M. Gratry.

P.-S.- Je reçois le courrier de trois jours, la brochure Allemand(4), etc. Il n’a qu’à l’adresser à M. l’évêque de…, au concile, Rome. Fait-il bien de l’envoyer? Je ne le pense pas. C’est violent, peu pratique. Quelques pages modérées eussent mieux valu. Quatre pages eussent suffi, qui eussent rempli un ou deux numéros de l’Univers.

Mais ce dont l’abbé Barnouin ne s’occupe pas, ce dont il avait promis de s’occuper, c’est de la Légion romaine. (S’il me donne Aristote, je veux l’édition de Vienne). Revenons à la Légion. Qu’a-t-il fait? Il m’avait promis de m’envoyer l’Union nationale. Je ne reçois rien. Cela m’agace bien un peu. Mais que faire?

La question de l’infaillibilité fait d’énormes progrès. Les gallicans non seulement sont, mais se sentent battus; il n’y a plus à en douter. Voici comment quelqu’un de très bien renseigné pense que les choses se passeront. On avait dû aborder sur-le-champ l’infaillibilité, mais comme plusieurs modérés prétendaient voter l’infaillibilité, à condition que l’on ne voterait pas la condamnation du libéralisme, pendant le carême le libéralisme sera condamné, et, à la dernière semaine, on voterait l’infaillibilité, puis on donnerait des vacances. Plusieurs ne retourneraient pas, et, pour les questions secondaires, le concile se finirait avec 300 ou 400 évêques. Voilà le dernier plan. Après cela, que la Curie soit considérablement amoindrie, c’est ce qui m’est plus clair que le jour, mais elle l’aura voulu.

J’ai reçu votre argent, j’en ai accusé réception. Il y a des lettres perdues.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Le mot *là* manquait dans les T.D., ce qui rendait la phrase incompréhensible. Il faut donc comprendre : on finira le schéma sur l'Eglise par l'infaillibilité.
2. Professeur de dogme au grand séminaire de Nîmes. - Les T.D. ont lu *Peisonnier*.
3. Nous supposons qu'il s'agit de l'adresse du clergé de Nîmes (*Lettre* 3726) auquel précisément par un bref du 23 février Pie IX vient d'adresser ses remerciements, lui associant les élèves du collège de l'Assomption qui, de leur côté, avaient rédigé une adresse témoignant de leurs voeux ardents pour la définition de l'infaillibilité pontificale (*Semaine religieuse de Nîmes* du 15 mars 1870). - Mais en quoi peut donc bien consister l'amoindrissement dont parle ici le P. d'Alzon ?
4. "Allemand lance une brochurette ayant pour titre *Oui ou non*. Elle est adressée à chaque gallican qu'il met en demeure de nous laisser tranquilles ou de lever les masques" (E. Bailly, 20 février).