DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 231

1 mar 1870 Rome BAILLY_EMMANUEL aa

Pour la *Semaine religieuse* – Les pharmaciens enfoncés – Mgr de Nîmes demande que l’on aborde vite l’infaillibilité – Deux projets de rédaction – Lyon – Mon projet d’adresse – Un sergent de zouaves pour le noviciat – Orléans préparerait quelque grosse pièce.

Informations générales
  • DR08_231
  • 3916
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 231
  • Orig.ms. ACR, AI 107, D'A., T.D.31, n.107, pp.104-105.
Informations détaillées
  • 1 BETISE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 EFFORT
    1 FAMILLE
    1 HIERARCHIE ECCLESIASTIQUE
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 LIBERALISME
    1 LIVRES
    1 MISSION DE BULGARIE
    1 NOMINATIONS
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 PHARMACIEN
    1 PRESSE CATHOLIQUE
    1 PUBLICATIONS
    1 SANTE
    1 THEOLOGIENS
    1 TRAVAIL
    1 ULTRAMONTANISME
    1 VICAIRE GENERAL
    1 ZOUAVES PONTIFICAUX
    2 AMOUROUX, ADOLPHE
    2 BARNOUIN, HENRI
    2 BOISSET, ONESIME
    2 BOUGAUD, LOUIS-VICTOR
    2 DARU, NAPOLEON
    2 DAVID, AUGUSTIN
    2 DUPANLOUP, FELIX
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 GINOULHIAC, JACQUES-MARIE-ACHILLE
    2 GRATRY, ALPHONSE
    2 GRIOLET, JOSEPH-AUGUSTE
    2 LAGRANGE, FRANCOIS
    2 MATHIEU, JACQUES-MARIE
    2 OLLIVIER, EMILE
    2 PIE IX
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 STROSSMAYER, JOSEPH-GEORG
    2 TEISSONNIER, JEAN-ANDRE
    3 BULGARIE
    3 LYON
    3 NAPLES
    3 NIMES
    3 NIMES, EGLISE SAINT-FRANCOIS DE SALES
    3 NIMES, GRAND SEMINAIRE
    3 ORLEANS
    3 PARTHENOPE
    3 PERPIGNAN
    3 ROME
    3 ROME, EGLISE SAINT-LOUIS DES FRANCAIS
    3 SAINT-BRIEUC
    3 VIGAN, LE
  • AU PERE EMMANUEL BAILLY
  • BAILLY_EMMANUEL aa
  • Rome, 1er mars 1870.
  • 1 mar 1870
  • Rome
La lettre

Mon cher ami,

Voici ce qu’il faudrait faire, écrire à Amouroux et le prier de faire imprimer dans la Semaine religieuse les lettres de Saint-Brieuc et de Strossmayer au P. Gratry, dont vous lui enverrez copie. Il serait très important qu’il ne dît pas d’où il les tient; puis il aurait soin d’envoyer un numéro de la Semaine à l’Univers. Du reste, je vais lui écrire dans ce sens(1).

Les pharmaciens sont de plus en plus enfoncés. Hier ils ont eu une réunion chez le cardinal Mathieu, et ils sont convenus de lâcher pied sur le terrain de l’infaillibilité et de réserver tous leurs efforts pour la question du libéralisme; mais il n’y a pas à craindre qu’ici on s’y laisse prendre. On m’a fait promettre un secret tout spécial, mais tenez pour très sûr que les choses vont bien.

Mgr de Nîmes va beaucoup mieux. Il a dicté hier une lettre aux présidents du concile, dans laquelle il les conjure d’aborder au plus tôt la question de l’infaillibilité. Je puis vous dire qu’on a porté au Pape deux projets de rédaction et que c’est à lui à choisir celui qu’il préfère. Peut-être le choix une fois fait, signifiera-t-on ou qu’il faut adopter telle rédaction, ou ne rien décider du tout. S’il procédait ainsi, je parie que la question serait promptement tranchée. Mais ceci est, d’une part, une simple conjecture, quoique des personnes bien renseignées affirment que la discussion ne sera pas longue.

Vous ne me dites rien de la situation de l’Union nationale. M. de Saint-François(2) m’avait promis de me faire envoyer les articles importants, mais peut-on compter sur M. de Saint-François?

Vous savez que Ginoulhiac va décidément à Lyon, à moins que la mauvaise humeur d’Ollivier contre Daru ne change la situation(3). Si Ollivier l’emporte, nous pourrons fort bien avoir un archevêque ultramontain à Lyon. Ah! quelle sottise a faite M. Teissonnier changeant mon projet d’adresse! Ici on en désire, et si je n’avais pas eu les bras coupés par la stupidité Teissonnièresque, j’aurais poussé au mouvement qui eût été particulièrement désagréable aux pharmaciens et particulièrement agréable au Saint-Père. Et ça veut publier des théologiens! Qu’on imprime plutôt la morale de M. Griolet(4).

Après-demain partira de Rome un sergent des zouaves, qui, après être resté quelques jours chez ses parents, partira pour le noviciat du Vigan. Je compte en faire un religieux pour la Bulgarie. Il a fait sa quatrième, a été maître d’école, il chante très bien. Que voulez-vous de plus? Il est propre, il le sera pour le P.Galabert. Adieu pour le moment.

1er mars, après-midi.

Rien, absolument rien, sauf que le concile ne travaille pas, parce que les ouvriers imprimeurs sont en plein carnaval. Voilà la vérité. Enfin, nous finirons quelque jour. Il paraît qu’Orléans fait imprimer quelque grosse pièce à Naples. Nous verrons ce que ce sera. Son grand-vicaire Lagrange a fait deux fois le voyage de Parthénope(5). Son autre grand-vicaire Bougaud affirme que tous les moyens lui sont bons; il le répète aux chapelains de Saint-Louis et je le tiens de l’un d’eux.

Adieu, très cher ami. Mille fois vôtre.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Adolphe Amouroux habite Perpignan. Le détour n'est pas négligeable.
2. L'abbé Barnouin, curé de Saint-François de Sales à Nîmes.
3. A la différence du comte Daru, ministre des Affaires étrangères, et malgré ses sympathies pour les catholiques libéraux, Emile Ollivier, premier ministre depuis le 2 janvier, estimait que le gouvernement ne devait pas prendre position contre les infaillibilistes qui représentaient au concile la grande majorité du peuple français.
4. Professeur de morale au grand séminaire de Nîmes.
5. Naples.