DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 240

5 mar 1870 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Triple mouche du coche – L’humilité – Louise Coulomb – Le concile va peut-être bouger.

Informations générales
  • DR08_240
  • 3926
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 240
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 414; D'A., T.D.30, n.271, pp.72-73.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DE L'EGLISE A L'ASSOMPTION
    1 ANIMAUX
    1 BONTE MORALE
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE RELIGIEUX
    1 COLERE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONVERSATIONS
    1 EFFORT
    1 EVEQUE
    1 HOMMES
    1 HUMILITE
    1 JOIE
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 OBLATES
    1 PENITENCES
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 REPAS DES RELIGIEUX
    1 SEVERITE
    1 SOUFFRANCE
    1 TRAVAIL
    2 CAPALTI, ANNIBALE
    2 COULOMB, LOUISE
    2 MANNING, HENRY-EDWARD
    2 MEISSONNIER, AGNES
    2 MERCURELLI, FRANCESCO
    2 MERMILLOD, GASPARD
    2 PIE IX
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 5 mars [18]70.
  • 5 mar 1870
  • Rome
  • *Madame la supérieure des Oblates.*
La lettre

Voyez un peu comme je suis. Vous m’écrivez une lettre charmante, qui m’a rempli de joie, et moi je me trouve n’avoir plus rien à vous dire. Plus rien est bien un peu fort, mais voilà: je suis absorbé par les courses et je me figure que vous aimez assez l’Eglise pour n’en être pas trop fâchée. Il est sûr que les choses prennent une singulière tournure et je me suis permis de devenir triple mouche du coche. Aujourd’hui, j’ai été parler affaires avec quatre évêques, qui m’expédient chez Mgr Manning. Hier, j’ai eu une immense conversation avec le cardinal Capalti et avec le secrétaire des lettres latines Mercurelli; ce dernier doit porter ce soir même une note de votre serviteur au Pape pour une affaire très grave. Et voilà pourquoi ces jours-ci j’ai trop peu de temps à moi.

Et cependant, mon enfant, en disant ce matin la messe pour vous, je conjurais bien Notre-Seigneur de vous accorder surtout l’humilité. Je voyais combien cette vertu produirait de fruits en vous, quand vous le voudriez bien. Mais que d’efforts n’avez-vous pas à faire! Aussi je vous engage à me demander de temps en temps des pratiques d’humilité: d’abord pour abaisser votre fierté; puis, pour remplacer les mortifications que vous ne faites pas; enfin, pour donner l’exemple que vous êtes obligée de donner à vos filles.

Interruption par le dîner.

J’ai reçu en même temps votre lettre et celle de Louise Coulomb. J’accepte(1) et je tâche d’être bon, mais ferme. Je comprends que la pauvre fille soit bouleversée, mais il faut que l’oeuvre marche. Vous pouvez être très bonne avec elle, puisque je suis réellement assez dur et que je la vois bien souffrir.

Pour aujourd’hui, le temps me manque. Je suis obligé de courir. On me fait faire la mouche du coche: je viens de chez Mgr Manning et de chez Mgr Mermillod. Enfin, on donnera peut-être un peu d’impulsion au concile. Mais que parmi les Français on ne puisse trouver ce qui s’appelle un homme!

Adieu pour ce soir. Ecrivez-moi, toutes les fois que le coeur vous en dira. J’écrirai un autre jour à Soeur Agnès.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. La démission de Mère Marie de Saint-Jean (Louise Coulomb) comme maîtresse des novices.