DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 242

6 mar 1870 Rome COLLEGE de l'Assomption

La future hérésie – Gratry – Dévotion et obéissance – L’hypocrisie – Pour les futurs combats, devenez des saints! – Les traîtres, les lâches, les béats.

Informations générales
  • DR08_242
  • 3928
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 242
  • Orig.ms. ACR, AK 417; D'A., T.D.33, n.7, pp.318-320.
Informations détaillées
  • 1 ATHEISME
    1 BETISE
    1 BLASPHEME
    1 CARDINAL
    1 CAREME
    1 CAUSE DE L'EGLISE
    1 COLERE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 COMBATS DE L'EGLISE
    1 CONCILE DE TRENTE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 DESOBEISSANCE DE RELIGIEUX
    1 DEVOTION
    1 EGLISE
    1 ENFER ADVERSAIRE
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 ETERNITE
    1 FILS DE L'EGLISE
    1 FOI BASE DE L'OBEISSANCE
    1 GALLICANISME
    1 GRAVITE
    1 HERESIE
    1 HYPOCRISIE
    1 ILLUSIONS
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 INTEMPERIES
    1 JANSENISME
    1 LACHETE
    1 LIBERALISME
    1 MALADIES MENTALES
    1 MORT
    1 PAPE
    1 PENSEE
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SACREMENT DE PENITENCE
    1 SAINTETE
    1 TRAITRES
    1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VERTU DE FORCE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOIE UNITIVE
    2 GRATRY, ALPHONSE
  • AUX ELEVES DU COLLEGE DE L'ASSOMPTION, A NIMES
  • COLLEGE de l'Assomption
  • Rome, 6 mars [18]70.
  • 6 mar 1870
  • Rome
La lettre

Mes bien chers enfants,

Les temps deviennent très graves, et l’on peut dire, l’enfer redouble sa fureur. Où irons-nous avec la future hérésie qui commence à paraître? Dieu seul le sait. Souvenez-vous bien que la question de savoir si le Pape est infaillible n’est plus une question libre. Il n’est plus permis de donner l’absolution à un gallican que son ignorance n’excuse pas. Il serait très dangereux de se faire illusion à cet égard, et cependant que d’illusions ne se fait-on pas! J’ai là sur ma table une lettre autographe du P. Gratry qu’un évêque m’a envoyée, ce soir. C’est la lettre ou d’un fou ou d’un sectaire confit dans la dévotion. Défiez-vous de ces dévots parfaits qui ne savent pas obéir. Il s’est mis, dit-il, devant Dieu et la mort, et il a écrit sa lettre si abominable. Il s’est demandé s’il était prêt à subir la ruine, la mort, l’opprobre; il a tout accepté. Mais il n’a pas accepté de courber la tête devant son chef, il n’a pas obéi. Mes enfants, que Dieu vous donne l’esprit d’obéissance surnaturelle!

Je vous disais que les temps sont graves. J’entendais hier un cardinal, celui qui a mis dans le concile deux évêques à l’ordre; il me disait: « Quand j’entends un blasphème sortir de la bouche d’un impie, je gémis et je trouve cela tout simple, c’est le discours d’un impie. Mais quand j’entends un hypocrite, avec ses paroles emmiellées, venir déshonorer l’Eglise, ma mère, j’éprouve dans mon coeur la plus profonde colère ». C’est contre cette hypocrisie qu’il importe de vous prémunir. Après le concile de Trente tenu contre les protestants, on a eu l’hérésie des demi-protestants, les jansénistes. Après le concile du Vatican tenu contre la révolution, nous aurons l’hérésie des demi-révolutionnaires, les libéraux, qui se prétendront plus catholiques que le Pape et connaissant les intérêts vrais de l’Eglise mieux que lui.

Il est facile de prévoir à l’horizon d’épouvantables tempêtes. C’est le moment de redoubler de prières c’est le moment de devenir des saints, car les âmes généreuses auront à livrer de terribles et admirables combats et à remporter de magnifiques victoires. Croyez-le, il y aura de très mauvais jours. En dehors des ennemis déclarés et acharnés, nous aurons les traîtres, et ils apparaissent déjà; nous aurons les lâches, ceux-là sont si nombreux qu’on ne peut les compter. Ne soyez ni des uns ni des autres. Ne soyez pas, non plus, des béats au sourire stupide et qui croient être des demi- dieux, parce qu’ils ont décoché une stupide plaisanterie. Soyez du nombre des vaillants qui savent se dévouer à une pensée, parce que, éternelle, elle leur communique l’éternité.

Adieu, mes chers enfants. Priez beaucoup pendant ce carême, et que j’aie le bonheur d’apprendre que vous êtes de vrais élèves de l’Assomption, parce que vous êtes de vrais fils de l’Eglise.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum