DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 249

9 mar 1870 Rome BAILLY_VINCENT de Paul aa

Des gens entravent le concile – Les bons demandent que l’on hâte la discussion de l’infaillibilité – Cancans – Faire une association pour la défense de l’Eglise.

Informations générales
  • DR08_249
  • 3934
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 249
  • Orig.ms. ACR, AG 264; D'A., T.D.27, n.260, pp.212-213.
Informations détaillées
  • 1 ALLEMANDS
    1 ASSOCIATIONS OEUVRES
    1 BAVARDAGES
    1 BELGES
    1 CAUSE DE L'EGLISE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONGREGATIONS ROMAINES
    1 EGLISE ET ETAT
    1 ESPAGNOLS
    1 ESPRIT FAUX
    1 EVEQUE
    1 FRANCAIS
    1 GALLICANISME
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 ITALIENS
    1 LIBERTE
    1 LIVRES
    1 PAPE
    1 PAQUES
    1 PUBLICATIONS
    1 TRAITEMENTS
    1 ULTRAMONTANISME
    1 VICAIRE APOSTOLIQUE
    2 ALLEGRINI, GENERAL
    2 ALLEGRINI, MADAME
    2 BANNEVILLE, GASTON MORIN DE
    2 BILIO, LUIGI
    2 DUPANLOUP, FELIX
    2 GINOULHIAC, JACQUES-MARIE-ACHILLE
    2 GRATRY, ALPHONSE
    2 HAYNALD, LUDWIG
    2 JEANNE DE CHANTAL, SAINTE
    2 KELLER, EMILE
    2 LAGRANGE, FRANCOIS
    2 LEPLAY, FREDERIC
    2 MENTHON, COMTE DE
    2 MENTHON, MADAME DE
    2 PIERRARD, PIERRE
    2 PIERRE, SAINT
    2 STROSSMAYER, JOSEPH-GEORG
    3 ESPAGNE
    3 FRANCE
    3 ROME, SEMINAIRE FRANCAIS
  • AU PERE VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • Rome, 9 mars [18]70.
  • 9 mar 1870
  • Rome
La lettre

Mon bien cher ami,

Evidemment, des gens qui veulent être Pape entravent le concile. Bilio disait, il y a quatre jours, à quelqu’un qui me le répétait ce matin, que si l’infaillibilité n’était pas votée avant Pâques, elle était enfoncée, et hier il disait à un évêque du séminaire français que la question viendrait au plus tôt le 6 mai. Dieu veuille qu’elle vienne pour la Saint-Pierre! C’est désolant, mais c’est ainsi. Savez-vous combien hier il y avait d’orateurs inscrits pour la question de l’infaillibilité? 91. Les gallicans font des montagnes d’observations, Ginoulhiac a tout un volume.

Maintenant, il faut dire que les évêques français de notre bord font une adresse aux présidents, pour qu’ils hâtent la discussion du décret sur l’infaillibilité. Leur motif est que le mal venant surtout de la France, et la France étant en ce moment toute bouleversée par les idées fausses qu’on y répand, il importe d’en finir au plus tôt sur cette terrible question. Les Vicaires apostoliques font une adresse, de leur côté, disant qu’obligés presque tous de partir pour Pâques, ils souhaitent ardemment voter pour l’infaillibilité avant leur départ. Les Espagnols, réduits à la misère par la suppression de leur traitement tant qu’ils seront hors de l’Espagne, feront un postulatum ou une adresse. Enfin, j’apprends que les Allemands du bon bord, quoique moins nombreux, feront la même chose.

Je le répète, les Romains croient à l’infaillibilité, mais ne tiennent pas à ce qu’on la proclame. Il ne faut pas se faire illusion. M. de Banneville déclare qu’il a des ordres de laisser le concile libre sur la question de l’infaillibilité, mais de lutter à propos des rapports de l’Eglise avec l’Etat. J’apprends à l’instant que les Italiens, les Suisses, les Belges demandent, de leur côté, que la question de l’infaillibilité soit proposée au plus tôt.

Voici ce que j’apprends à l’instant. La veuve du général Allegrini loue des chambres. Deux comtes, ses voisins, en avaient pris. Dupanloup, Strossmayer, Haynald s’y rendaient trois ou quatre fois la semaine. La police s’en est aperçue. On a signifié aux deux comtes de décamper. Dupanloup est venu leur apporter la multitude de ses bénédictions, ils sont partis. Que faisaient-ils? Un des deux comtes était le mari de Madame de Menthon(1), chez qui Dupanloup va passer un mois tous les ans.

J’ajoute qu’il importe de profiter du concile, pour faire une vaste Association pour défendre les droits de l’Eglise.

Adieu pour aujourd’hui. Je suis un peu écrasé. Communiquez à Keller tout ceci, et croyez-moi bien vôtre. Merci de Gratry -troisième lettre- et du livre de Le Play(2). Addio. Je n’ai pas une minute.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Encore une fois, communiquez à Keller et dites-lui que je lui écrirai demain.1. Le P. d'Alzon a écrit *Menton*. Mme de Menthon était une dirigée de Mgr Dupanloup. Lagrange (*Dupanloup*, III, pp. 415-417) raconte comment l'évêque d'Orléans l'amena à écrire *Les deux filles de sainte Chantal* (Paris, 1870).
2. Frédéric Le Play (1806-1882) venait de publier en 1869 *L'organisation du travail selon la coutume des ateliers et la loi du Décalogue*. Voir l'art. de *Catholicisme* et P. PIERRARD, *L'Eglise et les ouvriers en France (1840-1940)*, pp. 247-250, Paris, 1984.