DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 252

10 mar 1870 Rome COURCY Marie-Gabrielle ra

Pas de nouvelle imprudence dont pâtirait votre santé – Soyez une supérieure ferme et énergique – L’abbé de Cabrières – La communion de Françoise – Que tous sous votre toit prennent l’esprit de l’Eglise au plus haut degré.

Informations générales
  • DR08_252
  • 3937
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 252
  • Orig.ms. AC R.A.; D'A., T.D.35, n.14, pp.89-91.
Informations détaillées
  • 1 COLERE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 COUVENT
    1 ENERGIE
    1 ENSEIGNEMENT DE LA VERITE
    1 ESPRIT DE L'EGLISE
    1 FECONDITE APOSTOLIQUE
    1 PARLOIR
    1 PERFECTION
    1 PRATIQUE DE L'OBEISSANCE
    1 PREMIERE COMMUNION
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 SAINTETE
    1 SANTE
    1 SUPERIEURE
    1 SUPERIEURE GENERALE
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 MALBOSC, FRANCOISE DE
    3 ROME
  • A SOEUR MARIE-GABRIELLE DE COURCY
  • COURCY Marie-Gabrielle ra
  • Rome, 10 mars 1870.
  • 10 mar 1870
  • Rome
La lettre

Ma bien chère fille,

Je trouve la possibilité de vous répondre immédiatement et j’en profite. Vous voilà donc enfin rétablie. Que l’expérience vous serve et vous empêche de faire de nouvelles imprudences! Si j’étais votre supérieure générale, je vous donnerais l’ordre formel de ne vous dépenser qu’avec les personnes de l’intérieur; mais autant que je le puis, j’exige que vous vous donniez le moins possible aux personnes du dehors. Souvenez-vous que toutes les fois que l’on vous demandera au parloir et que vous y enverrez une Soeur, vous aurez fait un acte d’obéissance.

Ce que je vous demande surtout, c’est un grand esprit de sainteté féconde par votre action sur les Soeurs. Je suis effrayé de voir ou en arrivent certains couvents, qui n’ont pas sans cesse devant les yeux la plus haute perfection. Ah! que l’on décline vite, ma pauvre fille, si l’on n’a pas sans cesse au moins la clé pour remonter les rouages! Or cette clé, c’est à la supérieure à la tenir et à s’en servir. Je vous conjure donc d’être ferme et très énergique.

Vous avez bien envie d’avoir des nouvelles du concile. Des nouvelles, nous n’en avons pas depuis quelque temps. Voilà des jours et des jours qui s’écoulent sans congrégations générales. J’entends bien des gens murmurer. Peut-être y a-t-il quelque prétexte. L’abbé de Cabrières m’est inexplicable. Il avait eu une petite attention pour moi; aussitôt je lui ai adressé une lettre pleine de nouvelles, comme celles que j’écris au P. Emmanuel. Croyez-vous qu’il ne m’a pas répondu, ni qu’il n’a [pas] communiqué ma lettre à la réunion qui a lieu chez moi? Aujourd’hui je lui adresse une lettre qui peut-être lui fera moins plaisir. Enfin, il faut prendre les gens comme ils sont;le moment de se brouiller serait mal choisi.

Je ne suis pas fâché que Françoise de Malbosc fasse sa première communion sans moi. Cela me met très considérablement à l’aise pour une foule de choses. Je deviens vieux et je laisse avec joie les occupations qui me quittent, pour donner plus de temps à celles qui tiennent à me rester. Puis, je pense que quand j’aurai fait du bien à une petite fille, je n’aurai fait du bien qu’à une âme. Au contraire, si je m’occupe d’un couvent dans sa supérieure, il me semble que j’aurai par elle aidé bien des âmes.

Je désire de tout mon coeur que tout le monde sous votre toit prenne l’esprit de l’Eglise au plus haut degré. Que de préjugés à redresser! Que de vérités à faire pénétrer! Demandez à vos Soeurs de ne pas se contenter de l’à-peu-près dans leur enseignement, mais seulement de la vérité bien complète. Voyez, que de discussions récentes qui n’ont eu leur raison d’être que dans la parfaite ignorance de certains savants!

A revoir, ma chère fille. Je prie bien à Rome pour notre cher prieuré et je demande à Dieu d’en faire un vrai nid de saintes, la Mère en tête.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Donnez-moi des nouvelles de vos enfants, et dites-leur qu'il faut qu'elles se dépêchent à devenir les meilleures filles de l'Eglise catholique.