DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 254

12 mar 1870 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Pour vous préparer à la fête de la Compassion – Louise Coulomb – Conservez votre genre sauf les écarts de caractère – Quatre chemises.

Informations générales
  • DR08_254
  • 3939
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 254
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 414; D'A., T.D.30, n.276, pp.81-82.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
    1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 BON EXEMPLE
    1 CARACTERE
    1 CAREME
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE RELIGIEUX
    1 COMPASSION DE LA SAINTE VIERGE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONFESSION SACRAMENTELLE
    1 DESOBEISSANCE
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 EGOISME
    1 ENVIE
    1 FECONDITE APOSTOLIQUE
    1 FIERTE
    1 FRANCHISE
    1 HABILLEMENT DU RELIGIEUX
    1 HUMILITE
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 MAITRISE DE SOI
    1 MARIE NOTRE MERE
    1 MISERES DE LA TERRE
    1 MORT DE JESUS-CHRIST
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 OBLATES
    1 OFFRANDE
    1 ORGUEIL
    1 PAQUES
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 PATIENCE
    1 PENITENCES
    1 PERFECTION
    1 PRIERE A LA SAINTE VIERGE
    1 RENDEMENT DE COMPTE
    1 RENOUVELLEMENT
    1 SAINTE VIERGE
    1 SAINTETE
    1 SALUT DES AMES
    1 SANTE
    1 SOUFFRANCE APOSTOLIQUE
    1 SUSCEPTIBILITE
    1 TENTATION
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VERTU DE PAUVRETE
    1 VIE RELIGIEUSE
    1 VOLONTE
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 COULOMB, LOUISE
    2 FABRE, JOSEPHINE
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    3 ROME
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 12 mars 1870.
  • 12 mar 1870
  • Rome
La lettre

Ma bien chère enfant,

Dans quelques semaines, nous célébrerons la fête de la Compassion de la sainte Vierge, votre fête. Je vous engage à vous préparer solennellement à vous y renouveler tout entière. Ce matin, en disant la messe pour vous, je mettais, avec ardeur, ce me semble, votre coeur, votre âme, tout votre être sur la patène, avec l’hostie que j’allais consacrer, et je prenais la résolution de vous forcer à devenir une sainte en m’appliquant moi-même à devenir un saint. Cette lettre vous arrivera, je pense, mercredi ou jeudi au plus tard. A partir de jeudi soir, mettez-vous sous la protection de Notre-Dame des Douleurs; récitez tous les jours jusqu’à Pâques le Stabat Mater. Je le réciterai, de mon côté, à votre intention.

Demandez à la sainte Vierge que, de même qu’elle a souffert pour les pécheurs, vous, de votre côté, vous vous offriez pour devenir victime pour les âmes, au salut desquelles vous devez vous consacrer. Apprenez aux pieds de cette divine Mère la fécondité de la souffrance; aimez à souffrir, non pas que je veuille que vous fassiez quoi que ce soit de plus que vous ne faites, mais je voudrais que vous pussiez dominer tous vos petits maux par un immense amour. Ce carême doit être pour vous une époque de crise morale. Voilà ce que je demande à Dieu avec toute l’ardeur dont je puis être capable. Il faut que vous laissiez au pied de la croix, où Marie vous sert de Mère, et dans le tombeau de Notre-Seigneur toutes vos misères; entendez-le bien, toutes sans exception aucune. Votre amour de vous-même, votre désir d’être aimée, votre susceptibilité, votre jalousie, votre désir de plaire, votre fierté, votre indépendance, votre orgueil. Voilà déjà deux mois que j’offre à Dieu, pour vous, les petites mortifications que vous ne pouvez pas faire. Je les doublerai, s’il le faut, mais il est indispensable que votre âme se remette d’une manière absolue entre les mains de Notre-Seigneur et de la sainte Vierge par votre père. Le voulez-vous? Sans m’écrire votre confession, rendez-moi compte de votre état. Je me préoccupe; peu de certaines tentations. Ce que je veux, c’est savoir ce que vous faites pour donner à vos filles des exemples d’humilité, de pauvreté, de patience, d’obéissance, de zèle. Ne sentez-vous pas qu’il peut vous être bon de revenir à la droiture des premiers jours?

L’évêque ne va pas merveilleusement, quoi qu’on dise. Je tâche de le décider à partir après Pâques. Moi, je resterai comme son procureur. Enfin, nous verrons.

Je me figurais que Louise Coulomb vous aurait parlé de ses projets et que cela m’aurait valu une lettre, mais en y réfléchissant, quand elle est allée vous trouver, elle pouvait avoir reçu la réponse du P. Galabert, laquelle a dû la faire réfléchir et lui prouver qu’elle avait peu l’idée de la vie religieuse; ce qui n’est pas difficile à voir. Sous ce rapport, ma fille, conservez votre genre qui est le bon, sauf les écarts de caractère qui ne vous empêchent pas de voir très juste, même lorsque vous agissez avec le moins de perfection. Il ne faut pas perdre une minute, le temps est court, allons à Dieu.

Si vous voyez Joséphine avant son départ, je voudrais bien qu’elle prît dans sa malle quatre chemises pour moi. Je ne sais si j’en aurai assez avec le prolongement du concile.

Adieu, mon enfant bien aimée. Pourquoi ne puis-je trouver un motif raisonnable de vous faire venir à Rome? Ce n’est pas l’extrême envie de vous revoir qui me manque. Je vous bénis avec toute la tendresse de mon coeur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum