DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 264

17 mar 1870 Rome BAILLY_EMMANUEL aa

Le service prévu pour Montalembert – Autres nouvelles.

Informations générales
  • DR08_264
  • 3944
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 264
  • Orig.ms. ACR, AI 113; D'A., T.D.31, n.113, pp.114-115.
Informations détaillées
  • 1 CONCILE DU VATICAN
    1 EVEQUE
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 LIVRES
    1 MESSE DE REQUIEM
    1 MORT
    1 PREDICATIONS DE CAREME
    1 PRIERES POUR LES DEFUNTS
    1 REPOS
    1 SYMPTOMES
    2 ARISTOTE
    2 AUBERT, ROGER
    2 BANNEVILLE, GASTON MORIN DE
    2 BARNOUIN, HENRI
    2 BOUGAUD, LOUIS-VICTOR
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 DARBOY, GEORGES
    2 DONNET, FRANCOIS
    2 DUPANLOUP, FELIX
    2 LECANUET, EDOUARD
    2 MERODE, XAVIER DE
    2 MONTALEMBERT, CHARLES DE
    2 MONTALEMBERT, MADAME CHARLES DE
    2 PIE IX
    2 VAILHE, SIMEON
    2 VEUILLOT, LOUIS
    3 BORDEAUX
    3 FRANCE
    3 ORLEANS
    3 PARIS
    3 ROME
    3 ROME, CAPITOLE
    3 ROME, EGLISE DE L'ARA COELI
    3 ROME, EGLISE SAINT-LOUIS DES FRANCAIS
  • AU PERE EMMANUEL BAILLY
  • BAILLY_EMMANUEL aa
  • Rome, 17 mars [18]70.
  • 17 mar 1870
  • Rome
La lettre

En voici une nouvelle! Hier, à Saint-Louis des Français, à 3 heures, l’abbé Bougaud, qui prêche le carême, dit: « Mes frères, vous êtes invités à vous rendre demain à un service qui se célébrera pour le repos de l’âme de M. de Montalembert, dans l’église de l’Ara Coeli, c’est-à-dire au Capitole. A la même heure, le secrétaire de Mgr de Mérode se rendait à l’Ara Coeli, demandait le général des Réformés, et, cinq minutes après, tous les préparatifs pour le service à peu près terminés étaient démontés avec le plus étonnant empressement. A la porte était affiché cet avertissement: « Le service annoncé n’aura pas lieu ».

Ce matin, une centaine d’évêques de l’opposition montaient à l’Ara Coeli et s’en retournaient comme ils étaient venus. Veuillot avait reçu une lettre d’invitation; il s’en est retourné comme les autres. Une personne, qui était hier chez Mérode, m’avait assuré que c’était par l’ordre du Pape que le service avait été contremandé. On m’avait demandé, hier soir, si j’irais. J’ai déclaré que je croirais faire une abomination. En apprenant la mort de Montalembert, j’ai vite dit un De profundis pour lui; pour lui j’ai dit avant-hier la messe, mais faire une manifestation me paraissait horrible. J’ai dit à Veuillot, que j’ai vu ce matin: « A Rome, vous seul aviez le droit d’y aller pour faire acte de pardon; tout autre que vous y aurait fait acte de faction(1) ».

En voulez-vous une autre [nouvelle]? Trois évêques sont allés trouver les présidents pour les conjurer de faire vite et de proposer au plus tôt l’infaillibilité. Savez-vous qui c’est? Le premier, je ne m’en souviens plus; le second, c’est Bordeaux; le troisième, c’est Paris. Paris trouve que cela commence à chauffer en France; il est pressé d’y retourner. Je vous ai écrit l’histoire de Dupanloup avec Banneville. Je crois que tout cela est le commencement de la fin. Du reste, le Pape a dit qu’il écrirait à Mme de Montalembert(2).

Demain, Congrégation générale. Enfin, il faut espérer qu’on en finira. Si M. Barnouin n’a pas commandé mon Aristote, qu’il attende. Je crois avoir trouvé une perfection.

Adieu, mon fils. Portez-vous bien, et moi aussi.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Orléans avait préparé, m'assure-t-on, une oraison funèbre. Faites prier pour le concile. Voulez-vous dire à la supérieure des Oblates, en lui lisant les détails ci-joints, qu'il m'est impossible d'écrire aux deux Soeurs qui m'ont envoyé une lettre? J'ai un peu besoin de repos, j'ai saigné par le nez, ce matin.1. Le service avait été commandé par Mgr de Mérode, beau-frère de Montalembert et c'est bien Pie IX qui l'avait interdit (AUBERT, *Pie IX*, p. 345 et n.3). Sur les rapports du P. d'Alzon avec Montalembert : VAILHE, *Vie* II, pp. 42-47 et *Lettre* 2173 n.
2. Lecanuet ne parle pas de lettre de Pie IX à Mme de Montalembert mais il écrit : "Peu de temps après la mort de Pie IX, Mme de Montalembert reçue au Vatican, recueillait d'une bouche auguste des paroles d'affection et de regret qui la consolèrent de ce qu'elle avait souffert alors" (III, p.475).