DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 274

20 mar 1870 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Intrigues humaines pour paralyser le concile – Donnez à vos filles toute la largeur de l’esprit catholique – La lecture – Les leçons que je voudrais vous donner – Votre santé.

Informations générales
  • DR08_274
  • 3951
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 274
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 414; D'A., T.D.30, n.280, pp.87-89; QUENARD, pp.171-173.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU
    1 AUTEURS SPIRITUELS
    1 BETISE
    1 CAUSE DE L'EGLISE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 DIVIN MAITRE
    1 ECRITURE SAINTE
    1 EGLISE
    1 ESPECE HUMAINE
    1 ESPRIT DE FOI A L'ASSOMPTION
    1 EVEQUE
    1 FILLE DE L'EGLISE
    1 HERESIE
    1 HISTOIRE DE L'EGLISE
    1 INTELLIGENCE
    1 LIBERALISME CATHOLIQUE
    1 MALADES
    1 MATIERES DE L'ENSEIGNEMENT ECCLESIASTIQUE
    1 MEDECIN
    1 MORT
    1 OBLATES
    1 PAIX DE L'AME
    1 PHILOSOPHIE CHRETIENNE
    1 REMEDES
    1 RUSE
    1 SANTE
    1 SOUFFRANCE APOSTOLIQUE
    1 SOUMISSION SPIRITUELLE A JESUS-CHRIST
    1 TIEDEUR
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 ULTRAMONTANISME
    1 VOCATION
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    3 VIGAN, LE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 20 mars [18]70.
  • 20 mar 1870
  • Rome
La lettre

Je vous ai écrit hier, ma chère enfant, et je reprends encore aujourd’hui la plume, pour vous confier quelque chose de ce que je souffre en voyant certaines intrigues humaines, trop humaines, pour paralyser le concile. Le concile sera un des plus médiocres que nous ayons eu, si je considère la façon dont on cherche à l’amoindrir. On ne voit pas que l’humanité est devant les évêques, comme un malade qui ne peut être sauvé que par une opération douloureuse; mais le malade pousse des cris et la compassion béate et stupide des médecins suspend l’opération, applique un cataplasme et laisse gagner la gangrène et venir la mort. L’Eglise ne périra pas, mais où descendra le genre humain? Je me demande ce qui se passera dans quelques années, quand l’hérésie libérale aura fait son nid, ou, pour mieux dire, aura profité des fissures par où l’imbécillité de quelques-uns veut la laisser s’enfuir, sous prétexte de charité.

Aussi me persuadé-je quelquefois que Dieu, prenant ce qu’il y a de plus faible pour confondre ce qu’il y a de plus fort, veut arriver à donner aux Oblates une magnifique mission.

Cela dépend de vous, si laissant tomber une foule de petites misères, vous vous appliquez à donner à vos filles toute l’étendue, toute la largeur de l’esprit catholique. Il vous faut être fille de l’Eglise catholique; il vous faut n’avoir que cette grande préoccupation et faire tendre tous vos efforts vers ce but. Il ne faut pas une immense intelligence pour cela, mais il est nécessaire d’avoir un immense esprit de foi, et vous devez le communiquer à vos filles. Parlez-leur souvent de l’Eglise, lisez autant que votre santé vous le permet des choses qui, ayant trait à l’Eglise, vous permettent de vous aider à voir combien il est beau de servir avant tout la cause de Notre-Seigneur et de son Eglise. C’est pour moi une continuelle préoccupation que de voir ce que nous pouvons faire sous ce rapport.

Parlez-moi de vos lectures, du temps que vous pouvez leur donner, des sujets qui vous intéressent le plus. Vous savez qu’à moins que votre tête n’en souffre, je désire que vous donniez un certain temps à la lecture. Si ma santé se soutient comme depuis quelque temps, je voudrais employer mon temps après la messe à vous donner quelques leçons soit de philosophie chrétienne, soit d’histoire ecclésiastique, soit de théologie. Nous pourrions utiliser notre temps et arriver à quelques précieux résultats.

L’important, c’est que votre santé puisse s’améliorer, et je ne vous en ai rien entendu dire depuis quelque temps; parlez-m’en avec tout le détail que vous pourrez. Méditez bien ces paroles: « Demandez et vous recevrez, cherchez et vous trouverez, frappez à la porte et l’on vous ouvrira ».

Adieu, mon enfant bien aimée. Dilatez votre coeur vers notre divin Maître, et il vous accordera des grâces immenses. Il me semble les voir en réserve pour vous, si vous les voulez.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Vous ne me parlez plus du Vigan. En avez-vous des nouvelles? Demandez et faites demander des vocations pour nous.