DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 292

30 mar 1870 Rome COLLEGE de l'Assomption

Hommes ou bipèdes? – Il y a ruines et ruines – Il nous faut des saints!

Informations générales
  • DR08_292
  • 3966
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 292
  • Orig.ms. ACR, AK 419; D'A., T.D.33, n.9, p.324.
Informations détaillées
  • 1 AME
    1 ANIMAUX
    1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 BONTE MORALE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 DECADENCE
    1 ENSEIGNEMENT DE L'HISTOIRE
    1 ESPECE HUMAINE
    1 INTELLIGENCE
    1 JARDINS
    1 LOISIRS
    1 MIRACLE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 SAINTS
    1 TRAVAIL
    1 VERTU DE FORCE
    1 VOCATION
    1 VOLONTE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 AUGUSTIN DE CANTORBERY, SAINT
    2 CALIGULA
    2 CARACALLA
    2 DOMITIEN
    2 GREGOIRE I LE GRAND, SAINT
    2 MARTIN, SAINT
    2 NERON
    2 PIERRE, SAINT
    2 VESPASIEN
    3 ANGLETERRE
    3 ROME, BASILIQUE SAINT-PIERRE
    3 ROME, COELIO
    3 ROME, EGLISE SAINT-SEBASTIEN-HORS-LES-MURS
    3 ROME, PALATIN
    3 ROME, THERMES
  • AUX ELEVES DU COLLEGE DE L'ASSOMPTION, A NIMES
  • COLLEGE de l'Assomption
  • Rome, 30 mars [18]70.
  • 30 mar 1870
  • Rome
La lettre

Mes chers enfants,

Votre lettre me montre vos bonnes dispositions. Courage! Dieu veut des hommes aujourd’hui et il ne trouve que des bipèdes. Où est l’âme? Ils en ont une, puisque l’âne lui-même en a une, mais sans intelligence, ce qui fait la différence entre l’homme vrai et l’âne. Mais ces bipèdes! Ah! pour eux la différence, si elle existe, est très imperceptible. Pourtant, ce serait un temps pour faire de très grandes et très belles choses, si l’on voulait. Pourquoi ne veut-on pas? On ne veut pas se gêner, on ne veut pas travailler, on ne veut pas être digne de sa vocation, on préfère être une ruine. Il y a des ruines très belles: les ruines des palais, les ruines des tombeaux, les ruines des temples. Mais des ruines de commodités! Quels souvenirs! La génération présente n’en laissera guère d’autres, à moins que vous ne deveniez des saints. Parole dure, mais vraie.

J’allai me promener l’autre jour dans le jardin de Saint-Grégoire-le-Grand. D’un côté, les ruines du Palatin, ruines très belles, souillées par les orgies de Néron et de Caligula; en face, les Thermes de Caracalla; à mes pieds, le quartier élégant de l’époque; puis, Saint-Pierre à droite, Saint-Sébastien à gauche, et, sous mes pieds, le berceau de la foi de l’Angleterre(1). Que reste-t-il de Néron, de Caligula, de Vespasien, de Domitien et de tant d’autres? Voyez ce qui reste de saint Pierre, des saints venus après lui, des oeuvres qu’ils ont faites, commencées ou accomplies!

Mes fils, il nous faut des saints. Ah! si saint Martin(2) pouvait en faire pulluler à l’Assomption et s’il pouvait ressusciter, non pas trois morts, mais deux ou trois cents jeunes chenapans de ma connaissance, quel miracle que celui-là! Je le lui demande. Priez- le, de votre côté, pour qu’il m’exauce.

Adieu, mes enfants. Courage et soyez bons.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. L'endroit du Coelius où se trouvait le monastère fondé par saint Grégoire le Grand, d'où partirent à la fin du VIe siècle pour évangéliser l'Angleterre, saint Augustin de Canterbury et ses quarante compagnons.
2. Cette lettre est destinée plus spécialement aux membres de la Conférence Saint-Martin du collège de l'Assomption (v. *Lettre* 3959).