DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 295

2 apr 1870 Rome PICARD François aa

De jeunes ecclésiastiques qui nous viendraient dans le but de se consacrer à l’enseignement supérieur – Prier et ne vouloir que ce que Dieu veut – Questions concrètes que pose la création d’une université catholique.

Informations générales
  • DR08_295
  • 3970
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 295
  • Orig.ms. ACR, AE 346; D'A., T.D.26, n.346, pp.293-295.
Informations détaillées
  • 1 CHAPELLE
    1 CLERCS
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 CONVERSATIONS
    1 COURS PUBLICS
    1 ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
    1 FACULTES DE THEOLOGIE
    1 MATIERES DE L'ENSEIGNEMENT ECCLESIASTIQUE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 PROFESSEURS D'UNIVERSITE
    1 RESIDENCES
    1 SEMINARISTES
    1 UNIVERSITES CATHOLIQUES
    1 VIE RELIGIEUSE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 DARBOY, GEORGES
    2 DESAIRE, CHARLES
    2 DU LAC, JEAN-MELCHIOR
    2 KELLER, EMILE
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    3 AUTEUIL
    3 PARIS
    3 PARIS, PASSY
    3 PARIS, RUE FRANCOIS Ier
    3 ROME
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Rome, 2 avril 1870.
  • 2 apr 1870
  • Rome
La lettre

(Très confidentielle)

Mon bien cher ami,

Vous m’avez parlé d’une université catholique. Selon moi, nous ne pourrions nous occuper que d’une faculté de théologie. En tout cas, ce devrait être l’embryon.

Or peut-être la question pourrait-elle avoir une solution plus prompte que je ne le supposais. Hier, un jeune prêtre est venu me trouver, au nom de plusieurs autres, pour me dire qu’il serait possible que quelques jeunes ecclésiastiques, qui, comme lui, poursuivent leurs études à Rome depuis cinq, six, sept ou huit ans, me demandent d’entrer dans notre Congrégation, dans le but de s’y consacrer surtout à l’enseignement supérieur. Vous comprenez comment il a été reçu. Toutefois il n’y a que des pourparlers. Je lui ai fait observer que je ne lui avais offert, il y a quelque temps, que le titre de professeur de philosophie. Il m’a dit que sa pensée allait jusqu’à la vie religieuse pour lui et pour ses camarades(1).

Il faut prier, et beaucoup. Je vois avec bonheur que les séminaristes viennent vers moi, sans que j’aille les chercher. Si le bon Dieu voulait me laisser ouvrir une tranchée dans cette jeunesse, de façon à trouver enfin des recrues convenables. Enfin, il faut vouloir ce qu’il veut, et rien de plus, rien de moins. Je tiens à vous prévenir de cela, car il faudrait voir ce qu’il y aurait à faire.

1° Convient-il de commencer à Paris(2)?

2° Si l’on commence à Paris, le quartier François Ier est-il convenable?

3° Si l’on adopte le quartier François Ier, ne faut-il pas bâtir au plus tôt la chapelle et une grande salle par dessus pour des cours?

4° Si l’on va ailleurs, ne convient-il pas d’aller là où l’on sera totalement séparé des écoles universitaires, à Passy ou à Auteuil?

5° Convient-il, au contraire, d’aller dans le pays latin?

6° Quelle situation prendre vis-à-vis de l’archevêque?

7° N’est-il pas évident que nous réussirons selon le talent des professeurs?

8° Somme toute, le moyen pratique ne serait-il pas de commencer par des cours?

9° Dans ce cas-là, ne conviendrait-il pas que vous eussiez au plus tôt une salle?

Voyez, priez, examinez, allez en parler à la supérieure. Si Keller trouve qu’il faut commencer, qu’il examine avec vous. Dans le mois d’août j’irai le voir. Mais il faudrait commencer la chose secrètement, en ce sens que, sauf quatre ou cinq personnes, on n’en parlât à âme qui vive. Il faudrait demander à Keller quel concours il pourrait prêter. Il faudrait sonder du Lac(3), pour savoir s’il aurait trop de répugnance à s’entendre avec Keller. Voyez. Peut-être si Keller, à qui il faut s’adresser d’abord, vous promet le concours le plus sérieux, il faudrait le prier de vous donner un dimanche et l’entraîner à Auteuil, pour en causer avec la supérieure. Du moment que je trouve des instruments, vous comprenez que je ne demande pas mieux que de commencer.

Voici ce qu’il faut faire: avoir une très sérieuse conversation, [le] Père Vincent de Paul et vous, avec la supérieure, m’en rendre compte. Je vous répondrai en développant vos idées, les réfutant ou les approuvant; puis, vous parlerez à Keller, s’il y a lieu. Moi alors, je demanderai une audience au Pape, et nous verrons de nous mettre en train.

Notes et post-scriptum
1. Il s'agit de l'abbé Charles-Joseph Désaire, le seul de ces jeunes ecclésiastiques qui fera un essai de vie religieuse à l'Assomption.
2. C'est ce que pensait le P. Picard (v. *Lettre* 3945 notes) et il le redira le 30 avril, en répondant à la série de questions que pose ici le P. d'Alzon, après en avoir discuté avec Mère M.-Eugénie et le P. Bailly.
3. Du Lac appartenait à l'*Univers* avec lequel Keller n'était pas en parfaite communion de pensée.