DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 296

2 apr 1870 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

De jeunes prêtres qui nous viendraient: faites prier vos filles – Je ne suis pas malade – Amour de l’Eglise – Les deux Louise – Tiraillement au concile.

Informations générales
  • DR08_296
  • 3971
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 296
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 415; D'A., T.D.30, n.285, pp.95-96.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 AMOUR DE L'EGLISE A L'ASSOMPTION
    1 CLERCS
    1 CO-FONDATRICE DES OBLATES
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 JOIE
    1 MATIERES DE L'ENSEIGNEMENT ECCLESIASTIQUE
    1 OBLATES
    1 PERSEVERANCE
    1 POLEMIQUE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 PRISE DE VOILE
    1 RECONNAISSANCE
    1 SAINTETE
    1 SANTE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 CHABERT, LOUISE
    2 CLASTRON, JULES
    2 COULOMB, LOUISE
    2 MANNING, HENRY-EDWARD
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    3 ROME
    3 ROME, BASILIQUE SAINT-PIERRE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 2 avril 1870.
  • 2 apr 1870
  • Rome
La lettre

J’ai eu bien raison, ma chère enfant, de vous demander des prières, car voilà une bien grave affaire qui se présente. Un certain nombre de jeunes prêtres, habitant Rome, depuis plusieurs années pour en suivre les cours, seraient assez disposés à s’unir à moi. Des propositions catégoriques me sont faites. J’ai répondu. Maintenant les choses iront-elles en avant, c’est le secret de Dieu. Il y a de grands ménagements à garder, cela est très incontestable, pour une foule de motifs qu’il est inutile d’exposer ici, mais il y a aussi des choses merveilleuses à tenter, si Dieu veut nous faire la grâce d’aboutir. C’est pour cela que je compte sur les prières toutes spéciales de mes filles et je leur en demande l’aumône d’une manière instante. Ah ! si Dieu veut nous bénir, quel champ admirable s’ouvre devant nous? Mais je fais Perrette au pot au lait. Pourtant il n’y a pas de grand chêne sans un petit gland.

Votre lettre m’arrive, mon enfant. Je n’ai pas été précisément souffrant mais un peu travaillé par le printemps. Le résultat est que je me suis promené un peu plus, et que je suis moins resté devant ma table à écrire. Toutefois vous devez avoir reçu de moi un fameux paquet de lettres. Elles vont vous arriver dans deux ou trois heures du moment où je vous écris. Mais ce à quoi je tiens avec vous, c’est que vous ne vous préoccupiez pas. Si j’étais malade, bien sûr, je vous le ferais dire par un autre. Aussi restez en repos sur ce chapitre.

Je vais tout à l’heure à Saint-Pierre demander grâce et conseil pour savoir ce que j’ai à faire au sujet des projets, dont je vous parle au commencement de ma lettre; ils me préoccupent réellement beaucoup et je me demande ce qu’il en adviendra. Peut-être Dieu permettra-t-il que nous fassions une bien belle oeuvre! Peut-être par notre faute l’oeuvre s’en ira-t-elle en fumée!

Je vous recommande de pousser nos filles sur l’amour de l’Eglise. Il faudrait revenir avec elles sur les questions où leurs idées se formeraient à comprendre que l’Eglise est la patrie terrestre d’une religieuse apôtre, parce qu’elle n’a pas de pays et qu’elle trouve l’Eglise partout.

Je reçois une lettre de Louise Chabert, en même temps que la vôtre. Prenez-la un peu par le coeur: c’est ce dont elle a le plus besoin. Il y a chez elle, un grand besoin d’être portée. C’est le rôle d’une mère; sachez le remplir, et surtout ne le laissez pas prendre à une autre. Quand elle ne vient pas, trouvez quelque chose à lui dire et faites-la prier par Soeur Marie de Saint-Jean de venir vous voir. Peu à peu vous lui serez indispensable. Je crois à présent que, pour mon compte, je la tiens, mais, il m’a fallu plusieurs années, et bien longtemps elle m’a résisté. Un peu de persévérance.

Je vous ai promis la messe le 7, 8, 9 de ce mois. J’ai bien à remercier Dieu de m’avoir donné une aide et une fille comme vous. Souvenez-vous que je compte sur vous d’une manière absolue. Ce fameux 7 avril sera pour moi, l’anniversaire d’une bien grande joie(1); je demanderai à Dieu qu’il soit pour vous le départ d’une très haute sainteté.

Le concile va un peu doucement, mais il va. Il ne faut pas se faire illusion, nous avons de très grands tiraillements et les plus habiles se laissent prendre. Il importe que l’on sache bien où ils veulent mener. Encore il y a un moment, on me conjurait d’aller voir Mgr Manning pour le prévenir d’un piège qui pourrait bien être tendu par les finots.

Adieu, ma chère fille. Monseigneur me fait appeler pour l’accompagner à la place de M. Clastron.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Celle de la prise d'habit de Mère Emmanuel-Marie en 1867.