DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 298

3 apr 1870 Rome MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

La juridiction sur les communautés religieuses – Votre chapitre général – Varia.

Informations générales
  • DR08_298
  • 3972
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 298
  • Orig.ms. ACR, AD 1552; D'A., T.D.24, n.1059, pp.106-107.
Informations détaillées
  • 1 CHAPELLE
    1 CHAPITRE GENERAL
    1 COMMUNAUTE RELIGIEUSE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONFESSEUR
    1 CONGREGATIONS ROMAINES
    1 EXEMPTION
    1 FLEURS
    1 GALLICANISME
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 JURIDICTION EPISCOPALE
    1 MORT
    1 NONCE
    1 PAQUES
    1 PERSECUTIONS
    1 RELATIONS DU PERE D'ALZON AVEC LES ASSOMPTIADES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 REPOS
    1 TRAVAIL
    1 VACANCES
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 DARBOY, GEORGES
    2 GUERRIN, JEAN-JACQUES
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIE IX
    2 PUYSEGUR, JEAN DE
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    3 LANGRES
    3 LAVAGNAC
    3 LYON
    3 PARIS, RUE FRANCOIS Ier
    3 ROME
    3 SAINT-DIZIER
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Rome, 3 avril 1870.
  • 3 apr 1870
  • Rome
La lettre

Ma chère fille,

Restez tranquille sur les futures persécutions; pas plus tard que le 24 mars, le Pape a enlevé à un évêque qui persécutait une communauté de son diocèse la juridiction sur cette communauté, pour la transférer à un chef d’Ordre(1). Les confesseurs seront nommés par la Sacrée Congrégation. Le décret a été présenté à l’approbation du Pape, il y a eu hier samedi huit jours, mais l’initiative partait de lui. (On m’a demandé le secret). On m’a suggéré que si l’on vous tourmente, vous pourrez demander à être mises sous la juridiction du nonce, et vous verrez que ce sera la vraie solution de la juridiction à exercer sur les maisons-mères. Ne dites rien, ne faites rien; si l’on vous présente des confesseurs désagréables, réclamez sans bruit: la Sacrée Congrégation vous donnera ce que vous voudrez, pourvu que vous soyez modérée.

Vous voyez que je n’ai pas perdu mon temps. Du reste, ne me sachez aucun gré; les gallicans ont fait nos affaires mille fois mieux que nous n’étions capables de les faire nous-mêmes. Ce qui va résulter de ceci sera la plus belle exemption, une exemption telle que l’on n’en a jamais vue.

Le concile va doucement. Figurez-vous que le 3e Chapitre(2) a 122 amendements. Pourtant tout le monde compte sur une session pour le 11 avril, c’est-à-dire dans huit jours. J’ai un peu de besogne ces jours-ci, mais je ne veux pas me coucher sans vous dire ce que l’on m’a appris ce soir.

Mille fois vôtre en N.-S.

E.D’ALZON.

4 avril.

Je reviens sur le fait des religieuses soustraites à la juridiction de leur évêque; c’est un acte immense et qui inaugure un régime tout nouveau. Voilà le sens dans lequel il faut marcher. Je crois bien que si vous demandiez d’être placées sous la juridiction de votre fondateur(3), sa vie durant, on vous l’accorderait sans difficulté, mais pourvu que la nécessité de la demande se fît sentir. Vous pouvez dire au P. Picard qu’il peut commencer sa chapelle quand il voudra. Rome étant dans les dispositions que je vous dis, il n’y a plus à trembler, nous demanderons une exemption qui très certainement nous sera accordée. Souvenez-vous que le fait que je vous annonce est ce qu’il y a de plus capital dans le concile, après la définition de l’infaillibilité.

Savez-vous que, le 25 mars, j’ai été le premier à crier au passage de Pie IX: « Vive le Pape infaillible! »

Adieu, ma bien chère fille. Ramassez toutes les notes que vous pouvez me fournir. Quel dommage que nos religieux de Paris ne trouvent pas de vocations! C’est désolant, car il y a tant à faire. Mais à quoi cela tient-il donc? Et quel dommage que le P. Vincent de Paul ne puisse venir passer quelque temps à Rome! Je l’ai demandé timidement, mais je ne puis rien obtenir, pas même le cachet que j’avais sollicité depuis huit mois.

Je reçois à l’instant votre lettre(4). Je vous engage à différer votre Chapitre général jusqu’aux vacances et à le tenir à Saint-Dizier(5). A Lyon, cela aurait des désagréments. Vous pourrez me faire savoir où vous voulez vous réunir, je verrai l’évêque, et, si c’était à Langres, rien de plus facile. Je vais examiner pour les autres questions. Merci de votre dessin, je n’ai point trop de violettes(6).

Quant à mon neveu, il est en train de faire ses pâques(7). Il est allé à Lavagnac pour cela et pour l’anniversaire de la mort de sa mère. Je lui ai écrit une longue lettre, j’attends sa réponse.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Voir *Lettre* 3994.
2. Du schéma *de fide catholica*.
3. Sur ce titre du P. d'Alzon à propos des Religieuses de l'Assomption v. *Lettres* 2873 et n.4, 2875 et n.1, 3388.
4. Du 31 mars.
5. Dans le diocèse de Langres (Mgr Guerrin), pour échapper à Mgr Darboy.
6. Mère M.-Eugénie lui avait envoyé une petite image mais en émettant la crainte "que vous en ayez assez des violettes pour lesquelles nos artistes ont pris un goût excessif".
7. T.D. : *ses paquets*.