DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 302

3 apr 1870 Rome CHABERT Louise

L’union à Jésus-Christ par la souffrance – Par vos prières, vos souffrances, par le don de vous-même, obtenez que d’autres se donnent – Envolez-vous vers la sainteté.

Informations générales
  • DR08_302
  • 3976
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 302
  • Cop.ms. de la destinataire ACR, AM 319; D'A., T.D.38, n.15, pp.26-28.
Informations détaillées
  • 1 AGONIE DE JESUS-CHRIST
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 ANGOISSE
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 CLERGE SECULIER
    1 COLERE
    1 COMMUNION DES SAINTS
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 DIVIN MAITRE
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 DOULEUR
    1 EGOISME
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 GENEROSITE DE L'APOTRE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 JESUS-CHRIST EPOUX DE L'AME
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PELERINAGES DEVOTIONS
    1 PORTEMENT DE LA CROIX PAR LE CHRETIEN
    1 SAINTETE
    1 SALUT DU GENRE HUMAIN
    1 SOLITUDE
    1 SOUFFRANCE
    1 SOUFFRANCE APOSTOLIQUE
    1 VIE DE SACRIFICE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOIE UNITIVE
    1 VOLONTE DE DIEU
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    3 NIMES
    3 ROME, BASILIQUE SAINT-PIERRE
  • A MADEMOISELLE LOUISE CHABERT
  • CHABERT Louise
  • Rome, 3 avril 1870.
  • 3 apr 1870
  • Rome
La lettre

Ma chère enfant,

J’étais bien un peu fâché de votre silence. A ce moment, vient d’arriver à Nîmes une lettre, où je vous demande ce que vous devenez et pourquoi je ne reçois rien de vous depuis de vrais siècles. Je me rends compte de votre douleur, mais une épouse de Notre-Seigneur doit trouver sa force dans son premier amour, qui est l’amour de Jésus-Christ, qui est son Dieu, son modèle, son ami, et qui l’invite à l’union la plus intime. Je vous ai toujours cru capable, chère enfant, d’arriver à cette union si admirable, mais à une condition, c’est que vous courberiez votre coeur sous la loi du sacrifice. La souffrance est notre loi à tous, mais tous n’ont pas science de souffrir. On se replie sur soi-même, on se contemple, on admire la délicatesse de ses regrets. Qu’en semblables moments on aime la solitude pour y cacher l’humiliation de ses larmes, je le comprends; mais une vierge chrétienne, qui peut porter au fond de son âme sa douleur jusqu’au dernier soupir, n’en doit pas moins aspirer aux rudes joies de se donner, de s’immoler sur chacune des croix que Jésus-Christ lui fait avec la sienne.

Pour passer du général au particulier, êtes-vous en état de comprendre que vous pouvez m’obtenir pour la Congrégation des religieux de bien grandes grâces? Plusieurs admirables vocations penchent de notre côté. Vous pouvez nous être d’une grande utilité, si par vos prières et vos souffrances, votre générosité à vous donner, vous obtenez que d’autres se donnent. Je reçois ici de très belles ouvertures. Qu’en restera-t-il? Je crois qu’il en restera ce que m’obtiendront les personnes qui tiennent le plus à l’oeuvre.

Je suis allé ce soir recommander mes intérêts au tombeau des apôtres. Je voudrais bien être exaucé, si c’est la volonté de Dieu. Mais pourquoi ne pas le demander, pour votre Père, au nom de la générosité avec laquelle vous êtes résolue à vous donner? Voilà la communion des saints. De jeunes prêtres qui veulent servir Dieu seul, incertains sur la voie où ils s’avanceront! Une petite épouse de Notre-Seigneur qui ne les connaît pas, dit à son époux et son maître: « Seigneur, je dois me donner à vous, mais je ne me sens aucune ardeur. Il y a dans mon âme quelque chose des angoisses de votre agonie. Malgré ces angoisses vous êtes allé vers vos bourreaux, jusqu’au Calvaire, sur la croix. Vous avez sauvé le monde en étant l’homme des douleurs. Eh bien! moi, je veux être votre épouse et une épouse de douleur; je vous offre ce que je souffre pour les âmes, dont mon Père me recommande la vocation. Plus je souffrirai, plus je leur ferai du bien. L’essentiel est que je souffre en aimant beaucoup ».

Allons, chère Louise, donnez à notre bon Maître la mesure de votre amour dans la mesure de votre élan dans la souffrance. Louise, Louise, ouvrez vos ailes et envolez-vous vers la sainteté, où Jésus vous appelle. Il me faut des lettres. Vous taire vous est mauvais. Vous m’apprendrez bientôt que vous vous unissez à moi, pour obtenir de Notre-Seigneur les vocations que je lui demande. Il faut, il faut que j’en aie beaucoup par vous.

Adieu, mon enfant. Nous voilà au temps de la Passion. Que Jésus immolé vous apprenne comment on s’immole, rondement, joyeusement, quand on aime!

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum