DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 307

4 apr 1870 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Voeux de fête – La juridiction sur des religieuses enlevée à un évêque.

Informations générales
  • DR08_307
  • 3979
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 307
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 415; D'A., T.D.30, n.287, pp.99-100.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE RELIGIEUX
    1 CO-FONDATRICE DES OBLATES
    1 COMMUNAUTE RELIGIEUSE
    1 CONFESSEUR
    1 CONGREGATION DE LA PROPAGANDE
    1 CONGREGATION DES EVEQUES ET REGULIERS
    1 DECRETS
    1 DEFAUTS
    1 DIVIN MAITRE
    1 DONS DU SAINT-ESPRIT
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 EVEQUE
    1 FETES DE MARIE
    1 GLORIFICATION DE JESUS-CHRIST
    1 GRAVITE
    1 INSTITUTS RELIGIEUX
    1 JURIDICTION ECCLESIASTIQUE
    1 JURIDICTION EPISCOPALE
    1 NONCE
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 PERSECUTIONS
    1 PRIERE A LA SAINTE VIERGE
    1 PRIERE AU SAINT-ESPRIT
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 REFORME DU COEUR
    1 RENONCEMENT
    1 SAINTETE
    1 SUPERIEUR GENERAL
    1 SUPERIEURE
    1 VERTUS
    1 VIE SPIRITUELLE
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 PIE IX
    2 RAMADIE, ETIENNE-EMILE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 4 [avril] 1870(1).
  • 4 apr 1870
  • Rome
  • *Madame la supérieure générale des Oblates de l'Assomption.*
La lettre

Ma bien chère enfant,

Je pense que votre vraie fête est vendredi prochain(2). C’est celle que je célèbre pour vous avec une tendresse toute particulière. Le 7, je dirai, comme je vous l’ai promis, la messe à votre intention et je demanderai que cette robe d’épouse que vous avez revêtue, il y a trois ans déjà, pour ne plus la quitter par après, vous rappelle cette mort constante à vous-même qui doit être votre fond, comme religieuse, mais surtout comme fondatrice. Car, on n’a la vie et l’on ne communique la vie qu’en mourant à cette vie humaine, dont la destruction est si nécessaire pour que la vie surnaturelle, divine coule à travers notre être et transforme notre coeur. Vendredi, je la dirai pour Marie, ma fille, et je demanderai à notre bon Maître qu’il purifie et qu’il rende plus fortes nos relations pour sa gloire. Enfin, samedi, je la dirai pour la mère des Oblates. Elle a besoin de se défaire encore de quelques défauts, d’acquérir quelques vertus, et je conjure le Saint-Esprit et la Sainte Vierge de lui accorder lumière et force, soit pour voir sa route, soit pour marcher, courir même dans la voie des commandements et même des conseils de Dieu avec un coeur divinement dilaté. Je demanderai pour elle beaucoup de filles capables et saintes.

Adieu, mon enfant, croyez à toute mon affection. Mais j’ai tort. Ai-je besoin de vous le redire si souvent? Et il me semble qu’à présent, il vous est absolument impossible d’en douter, n’est- ce pas?

E.D’ALZON.

J’ajoute sur une autre feuille une nouvelle qu’il est inutile de répandre, mais qui a une immense gravité. Un évêque persécutait une communauté de religieuses, depuis la mort de son prédécesseur. Il y a deux ans, cet évêque, sur une plainte de la supérieure, reçut du Pape une lettre où Pie IX l’engageait à agir plus charitablement. L’évêque continua de plus belle. En arrivant ici, ces religieuses, que je ne connais pas, me prièrent de faire parvenir au Pape et à la Congrégation des Evêques et réguliers un mémoire très bien rédigé. Je le fis, et le résultat, après enquête, a été que, le 25 mars, le Pape a fait appeler l’évêque(3) et le secrétaire de la Congrégation des réguliers, bien que ce ne fût pas jour d’audience. L’évêque entra le premier et sortit la figure toute bouleversée. Ce que le Pape lui avait dit, on ne le sait pas. Ce que l’on sait, c’est que le secrétaire étant entré après reçut l’ordre de préparer un décret enlevant la juridiction de ces religieuses à l’évêque pour la transférer à un général d’Ordre, et, pour les confesseurs, il fut statué que le Général les présenterait et qu’ils seraient approuvés par la Congrégation des Réguliers. Si, après moi, on vous tourmente, souvenez-vous de demander à être placées sous la juridiction de la Propagande; c’est extrêmement important à noter. La supérieure de l’Assomption redoute des persécutions. On m’a chargé de lui faire savoir qu’au besoin elle pourrait demander à être placée sous la juridiction du nonce.

Adieu, encore une fois.

E.D’ALZON.

Vous pourrez lire cela au P. Emmanuel; il verra bien que c’est l’inauguration d’un régime nouveau.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Le manuscrit porte par erreur *4 mai 1870*.
2. Le vendredi après le dimanche de la Passion : fête des Sept Douleurs de la Bienheureuse Vierge Marie.
3. Il s'agit de l'évêque de Perpignan: v.*Lettre* 4012 [note ne figurant pas dans le tome VIII de l'édition].