DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 313

11 apr 1870 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Raideur de part et d’autre – Varia – La perfection exige de grands efforts.

Informations générales
  • DR08_313
  • 3984
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 313
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 415; D'A., T.D.30, n.289, pp.102-104.
Informations détaillées
  • 1 BONTE MORALE
    1 CONVERSATIONS
    1 EFFORT
    1 FAMILLE
    1 JOIE
    1 LOISIRS
    1 MONIALES
    1 NOVICIAT
    1 OBLATES
    1 PERFECTION
    1 POSTULANT
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 RECONNAISSANCE
    1 REFORME DU CARACTERE
    1 REPOS
    1 SAINTETE
    1 SEMAINE SAINTE
    1 SEVERITE
    1 TRAITEMENTS
    1 ULTRAMONTANISME
    1 VERTU DE FORCE
    1 VICAIRE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 CHABASSUT
    2 CHABERT, LOUISE
    2 CLASTRON, JULES
    2 KOBES, ALOYS
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 THIBON, LOUIS
    2 VEYRAT, URSULE
    3 BESANCON
    3 NIMES
    3 ROME
    3 SOMMIERES
    3 VIGAN, LE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 11 avril [18]70.
  • 11 apr 1870
  • Rome
La lettre

Vous êtes une bien méchante petite personne, ma fille, de venir à la fin de votre lettre du 6 me demander pardon de sa longueur. Est-ce que je puis avoir une plus grande joie que de vous lire, puisque je ne puis vous voir?

Ces quelques mots devraient partir aujourd’hui. Un tas de visites m’a dérangé et j’ai dû laisser partir, sans cette lettre pourtant commencée ce matin, le courrier d’aujourd’hui. Après tout, si vous n’avez pas vu Monseigneur Kobès, je m’en console; la semaine prochaine vous verrez, je l’espère, Mr Clastron, si vous ne voyez pas Monseigneur. Je vous engage à ne pas le voir; ce pauvre homme a besoin de repos.

Merci de votre amabilité pour Louise Chabert, mais savez-vous, il paraît que si vous êtes un peu raide quelquefois, je le suis aussi. Pas plus tard que ce soir, on me déclarait qu’à Nîmes plusieurs jeunes prêtres ne me venaient pas, parce que j’avais trop de raideur. Nous nous corrigerons tous les deux: vous, de votre côté, moi du mien. Seulement je crois l’amabilité plus faite à votre nature qu’à la mienne.

Vous me comblez de joie en m’apprenant l’entrée de quelques personnes un peu bien. Je crois que l’entrée de cette jeune postulante au Carmel a été un gros crêve-coeur pour les dames de Besançon. Aussi suis-je enchanté qu’elle ne soit pas venue directement de chez elles. Vous avez très bien fait d’envoyer une postulante au Vigan. Oh! le bon Dieu voudra-t-il nous donner un noviciat régulier?

Je répare mon oubli avec Soeur Ursule. Avertissez-moi toujours ainsi, vous me rendrez un vrai service. Envoyez les 500 francs à Chabassut; ce sera toujours un acompte. Mon traitement d’avril est toujours à vos ordres.

Merci d’avoir aidé le P. Hippolyte à obtenir de M. Thibon un titre de vicaire. Monseigneur n’obtient pas toujours cette faveur de M. le secrétaire général. Vous avez très bien fait de faire remplacer les marronniers défunts, et croyez bien que vous n’avez pas besoin de permission pour cela.

Ma chère fille, je vous autorise bien volontiers à conduire vos Soeurs à Langlade(1). A Rome, les religieuses cloîtrées obtiennent la permission d’aller faire une vignata, une promenade à leur vigne. Ma chère fille, permettez-moi de vous refuser la permission d’aller avec vos Soeurs à Langlade. Il y a là des inconvénients que je vous expliquerai plus tard. Voilà deux réponses. Vous lirez aux Soeurs celle que vous voudrez. Si vous me consultez, vous les y conduirez: c’est tout à fait dans l’esprit romain, et vous pouvez le dire sans inconvénient.

Priez et faites prier pour que ma mine rechignée n’écarte pas les vocations de religieux. Ah! qu’elles sont nécessaires!

Le 12 avril.

Ces deux lettres ont été retardées par un faux calcul. J’ai reçu tout à l’heure votre lettre du 9. Dieu m’exaucera, j’en suis sûr, si vous le lui demandez avec un vrai désir d’obtenir la sainteté qui vous est nécessaire. La perfection n’est pas seulement chose qui tombe du ciel comme la manne. La perfection veut de notre part de très grands efforts. Je demande pour vous à Notre-Seigneur la force de les faire. Mais il faut les faire. Ma grande préoccupation est de trouver des vocations de religieux. Oh! si Notre-Seigneur voulait nous en envoyer un certain nombre!

Que vous dirai-je de la tendresse pour les oncles et pour les tantes? J’avoue ne l’avoir jamais ressentie guère plus que vous; c’est encore un mystère pour moi.

Adieu, ma fille bien chère. Soyez bonne et acceptez mes voeux de bonnes fêtes pascales. Monseigneur part toujours lundi. Je ne vous écrirai pas de quelques jours, je me mets en semaine sainte.

Adieu, fille sans coeur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Arrondissement de Nîmes, canton de Sommières.