DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 327

22 apr 1870 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Distractions – La mouche du coche se repose – Au concile – L’envie de vous revoir – Cinq ou six jeunes gens.

Informations générales
  • DR08_327
  • 3997
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 327
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 414; D'A., T.D.30, n.292, pp.107-108.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 APOTRES
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONCILE OECUMENIQUE
    1 CONSTITUTION CONCILIAIRE DE VATICAN I
    1 DIPLOMATIE
    1 DISTRACTION
    1 ELECTION
    1 EVEQUE
    1 GALLICANISME
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 OBLATES
    1 PATIENCE
    1 PERFECTIONS DE DIEU
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 REPOS
    1 SANTE
    1 SATAN
    1 VERTU DE FORCE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BANNEVILLE, GASTON MORIN DE
    2 CORRENSON, MADAME CHARLES-LOUIS
    2 GOURAUD, HENRI
    2 GRATRY, ALPHONSE
    2 JUDAS
    2 MERIGNARGUES, ISABELLE DE
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 PIE IX
    2 PIERRE, SAINT
    3 AUTEUIL
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 22 avril [18]70.
  • 22 apr 1870
  • Rome
La lettre

Je me suis trompé en tournant une feuille, suivez la pagination.

Mon enfant, pardonnez-moi mes distractions. Pourvu, ce que je ne crois pas, que je n’aie pas envoyé une lettre à vous destinée du côté d’Auteuil! Enfin, on verra que je vous écris un peu affectueusement; voilà tout. Je ne cachette pas ma lettre à Isabelle; vous en lirez les deux premières pages. Cet après- midi, la mouche du coche prend du repos. La majorité organisée tient réunion à 5 heures; je puis écrire à mes amis.

Il est sûr que le diable s’en donne mais quelques indices me prouvent que le bon Dieu le prendra dans ses filets. Il paraît qu’après-demain un certain nombre d’évêques votera contre la constitution qui sera proclamée. Or, c’est très heureux, et un évêque me disait tout à l’heure qu’il avait peur qu’ils ne le fissent pas. En effet, quand ils auront voté contre une constitution qui affirme l’existence de Dieu et sa puissance créatrice, il ne sera pas surprenant qu’ils votent contre l’infaillibilité du Pape. Au fond, leur opposition serait au plus un contre douze, et les douze apôtres n’en étaient pas moins le premier concile, même quand Judas était au milieu d’eux. Du reste, ils sont en ce moment très puissamment battus de l’oiseau(1). L’ambassadeur lui-même reconnaît qu’après la conduite des gallicans il y a quelque chose à faire.

Le Pape a reçu, hier soir, communication d’une lettre, où l’on raconte que le P. Gratry s’est fait délivrer par M. Gouraud l’ordre de se reposer pendant trois mois. Ce qui est moins agréable, c’est que l’on prétend qu’après la Saint-Pierre on laissera partir les évêques qui le demanderont, mais que l’on continuera jusqu’au mois de septembre. Enfin, à la volonté de Dieu. Ma santé me soutient assez, mais je vais être obligé de prendre la voiture, sans quoi je serai bientôt sous la remise.

Je ne puis vous dire l’envie que j’aurais de vous revoir, ma bien chère enfant. Il faut offrir ce sacrifice à Dieu et le prier de nous donner force et patience pour accepter une séparation qui m’est dure, je puis vous l’assurer. Que vous dirai-je de moi? Ces jours-ci je me sens un peu dans le tourbillon; mais devinez à qui je pense très souvent. A Madame votre mère. Il me semble que sans cesse je la rencontre dans les rues. Ah! si quelque bon ange vous transportait toutes les trois, pour quelques jours au moins, dans ces pays.

Adieu, mon enfant. Je suis bien vôtre, je vous assure. Si pourtant vous ne recevez pas de moi d’aussi fréquentes lettres, ne m’en veuillez pas, c’est que je tripote pour le concile.

Mille souvenirs aux Soeurs.

Votre père.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Faites, faites prier. Voilà, depuis que cette lettre est écrite, cinq ou six jeunes gens qui me font faire des propositions. Oh! que c'est important pour notre oeuvre!1. C'est le texte du ms. Nous avouons ne pas comprendre.