DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 331

24 apr 1870 Nîmes BAILLY_EMMANUEL aa

La Prusse, la France et les décisions du concile – Le Syllabus approuvé, le concile est fait – Calendrier du concile.

Informations générales
  • DR08_331
  • 4001
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 331
  • Orig.ms. ACR, AI 120; D'A., T.D.31, n.120, pp.122-123.
Informations détaillées
  • 1 ACTES PONTIFICAUX
    1 AUTORITE PAPALE
    1 CATECHISME
    1 CATHOLIQUE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONCILE OECUMENIQUE
    1 CONSTITUTIONS PONTIFICALES
    1 CRITIQUES
    1 DECRETS
    1 DIPLOMATIE
    1 ELECTION
    1 EVEQUE
    1 FONCTIONNAIRES
    1 GALLICANISME
    1 GOUVERNEMENT
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 PAPE
    1 POLEMIQUE
    1 SANTE
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    2 ARNIM, HARRY VON
    2 BANNEVILLE, GASTON MORIN DE
    2 BISMARCK, OTTO VON
    2 CAPALTI, ANNIBALE
    2 CLASTRON, JULES
    2 DARBOY, GEORGES
    2 FREPPEL, CHARLES-EMILE
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 GRANDERATH, THEODORE
    2 MEIRIEU, MARIE-JULIEN
    2 NAPOLEON III
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SERGENT, NICOLAS
    3 ANGERS
    3 DIGNE
    3 FRANCE
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 PRUSSE
    3 QUIMPER
    3 ROME, SEMINAIRE FRANCAIS
  • AU PERE EMMANUEL BAILLY
  • BAILLY_EMMANUEL aa
  • Nîmes, 24 avril [18]70.
  • 24 apr 1870
  • Nîmes
La lettre

Cher ami,

Les choses semblent prendre une bonne tournure. Le gouvernement prussien a ordonné à son ministre, ici, de ne rien faire contre l’infaillibilité(1), attendu qu’il ne savait comment il pourrait protéger les évêques qui voteraient contre cette doctrine, en face des populations catholiques, tant elles sont irritées et veulent que le Pape soit reconnu avec tous ses droits.

Nous savons que notre empereur a parlé dans le même sens, à une réunion de quarante à cinquante préfets. Il a ordonné de proclamer le respect des décisions du concile, attendu que la presque unanimité des évêques est dans ce sens. L’ambassadeur de France a tenu le même langage à l’évêque de Digne, il y a trois jours.

Enfin l’archevêque de Paris a dit à Mgr Freppel(2), pas plus tard qu’avant-hier, qu’il voyait bien qu’il faudrait faire quelque chose et que le meilleur était de trancher une bonne fois la question, de façon à ce qu’on n’eût plus à y revenir. Le bon de la chose est que l’infaillibilité n’a été si fortement attaquée que parce qu’une fois définie, les papes avec ou sans le concile pourraient proclamer d’une manière définitive le Syllabus. Mais le concile ayant approuvé tous les décrets et constitutions des papes, le Syllabus, extrait de ces constitutions est approuvé par cela même. Cela se trouve dans le monitum mis à la fin des canons et que les gallicans ont repoussé par 38 votes. Car, remarquez-le, ils ne sont que 38, au plus 42. En somme, le Syllabus approuvé, le concile est fait par cela même, et on pourrait s’en aller demain sans aucun inconvénient. Mais Capalti a promis hier à l’évêque de Quimper(3) que le schéma de summo pontifice allait être distribué et que, pour donner le temps de l’étudier, on discuterait la question du petit catéchisme. Dans une quinzaine de jours, la question de summo pontifice pourra venir. Mais lundi à 5 évêques, hier soir à 3 le Souverain Pontife a promis que la question majeure serait introduite sur-le-champ(4).

Il faudrait aller lire cette lettre à Monseigneur, et dire à l’abbé Clastron qu’un cri général s’élève contre lui au Séminaire français de ce qu’il n’a pas songé à nous donner des nouvelles de notre évêque(5). Adieu.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Alors que le gouvernement prussien s'était résolu dès le début à ne pas intervenir dans les affaires du concile, l'ambassadeur von Arnim faisait tout ce qu'il pouvait pour le faire changer d'avis et soutenait ouvertement les évêques de la minorité. Mais Bismarck tint bon (GRANDERATH, II-2, pp. 363-366, 403-424).
2. Il vient d'être élu évêque d'Angers et a reçu l'ordination épiscopale le 18 avril à Saint-Louis des Français.
3. "Mgr de Quimper a parlé énergiquement au card. Capalti" (Journal de Galabert, 23 avril).
4. La discussion du schéma réformé sur le petit catéchisme commença bien le 24 avril mais elle se prolongea jusqu'au 13 mai. Cependant, dès le 29 avril, les Pères furent avertis que le schéma *de Romano Pontifice* serait soumis dès que possible à leur examen et le lendemain les *animadversiones* relatives à l'infaillibilité leur furent distribuées.
5. Mgr Plantier, toujours très faible et auquel le climat de Rome ne convenait pas, avait quitté la ville le 18 avril pour Nîmes, où il était arrivé le samedi 23 à 9 h. et demie du soir. La population lui avait réservé un accueil chaleureux (*Semaine religieuse de Nîmes* du 1er mai).