DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 334

24 apr 1870 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Les idées se font plus nettes – Les yeux des Romains s’ouvrent – La juridiction ordinaire du pape sur les diocèses – Les vocations.

Informations générales
  • DR08_334
  • 4003
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 334
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 415; D'A., T.D.30, n.293, pp.108-110.
Informations détaillées
  • 1 CATHOLIQUE
    1 CLERGE SECULIER
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONCORDATS
    1 CONGREGATIONS ROMAINES
    1 EVECHES
    1 EVEQUE
    1 EXEMPTION
    1 FIDELES
    1 GALLICANISME
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 JURIDICTION ECCLESIASTIQUE
    1 NOMINATIONS
    1 OBLATES
    1 PAPE
    1 PAQUES
    1 PENTECOTE
    1 PRETRE
    1 PRIMAUTE DU PAPE
    1 RELIGIEUX
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOYAGES
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 FABRE, JOSEPHINE
    2 MERMILLOD, GASPARD
    2 PIE IX
    2 PIERRE, SAINT
    3 ROME, BASILIQUE SAINT-PIERRE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, le 24 avril 1870.
  • 24 apr 1870
  • Rome
La lettre

Mon enfant,

Joséphine part ce soir par la voie la plus courte, et je n’ai pas le courage de la voir s’en aller sans vous envoyer un petit bonjour. Pourquoi ne pouvons-nous trouver un prétexte de vous voir arriver, si surtout le concile se prolonge, comme on nous en menace? A dire vrai, d’une part, je ne le pense pas trop; d’autre part, je présume que la question du Souverain Pontife une fois tranchée, et elle le sera avant la Saint-Pierre, on pourra s’en aller sans inconvénient. Déjà les idées deviennent de plus en plus nettes chez plusieurs. On voit des difficultés imprévues; on découvre le remède, évident en quelques circonstances, plus incertain en d’autres.

Mgr Mermillod me disait, hier, que le concile lui avait énormément appris. Je le crois bien, et par une foule de motifs; mais le fort est que ceux qui ont le plus appris, ce sont les Romains. Ils voient où sont leurs amis et leurs ennemis; ils voient les dangers qui les menacent et sur lesquels ils n’avaient pas voulu ouvrir les yeux; ils voient surtout la nécessité de la suppression des concordats, à cause de la nomination des évêques. Voilà ce qui devient plus clair que le jour.

Il devient non moins clair que si les évêques ne veulent pas marcher avec le Pape, il s’appuiera sur les populations et sur les prêtres, et c’est pour cela qu’il faut qu’il établisse sa juridiction ordinaire dans les diocèses. Les évêques gallicans pourront n’en pas vouloir, il faudra bien qu’ils subissent cette juridiction ordinaire, si les prêtres, les religieux, les fidèles qu’elle protègera la proclament après le Souverain Pontife, afin d’en pouvoir recueillir les fruits. Il en sera de même des exemptions. Vous vous ferez expliquer tout cela par le Père Emmanuel.

Quant à moi, je vous préviens que de Pâques à Pentecôte, je réserve toutes mes messes pour obtenir des vocations. Vous ai-je écrit que je croyais voir me venir un groupe de jeunes gens, dont quelques-uns sont venus me parler? Excitez le zèle de vos filles par la pensée du bien qui se ferait, si, en effet, nous avions la possibilité de faire croître tout à coup notre petit troupeau de religieux.

Adieu, ma fille. Je vous laisse pour aller voir un peu comment les choses se passent à Saint-Pierre, mais croyez-moi bien désireux de voir finir notre si longue séparation.

Adieu, encore une fois, avec toute ma vieille tendresse.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum