DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 336

27 apr 1870 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

J’écris à vos deux nouvelles filles – Que les Oblates prient pour les vocations d’hommes – Un déjeuner – La jalousie – Votre silence m’inquiète – Le comité de la majorité.

Informations générales
  • DR08_336
  • 4006
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 336
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 415; D'A., T.D.30, n.294, pp.110-111; QUENARD, pp.177-178.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 AMOUR-PROPRE
    1 ASSOMPTIONNISTES
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CRAINTE
    1 ENVIE
    1 EVEQUE
    1 FATIGUE
    1 HUMILITE
    1 MALADES
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 OBLATES
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 REPAS
    1 TRAVAIL
    1 VERTU DE PAUVRETE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 DEHON, LEON
    2 DESAIRE, CHARLES
    2 MANNING, HENRY-EDWARD
    2 PECOUL, AUGUSTE
    2 PIE IX
    3 FRANCE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, le 27 avril [18]70.
  • 27 apr 1870
  • Rome
La lettre

Chère enfant,

Que de siècles depuis votre dernière lettre! Etes-vous malade? Toutefois ne vous fatiguez pas trop à m’écrire, pour peu que vous en soyez empêchée. J’écris à vos deux nouvelles filles. Ah! quand des fils me viendront-ils ainsi! Pourtant, hier, j’en ai à peu près fixé deux, et, une fois ceux-là tout à fait décidés, ce serait probablement l’histoire des capucins de carte. C’est pour cela que je demande un redoublement de prières de la part de mes filles les Oblates. Dois-je vous avouer que j’ai peur de trop sentir à quel point elles m’appartiennent; ce qui certes serait manquer à la pauvreté spirituelle.

Ici, peu de nouvelles. Je vais déjeûner chez un de mes anciens élèves(1) qui invite sur ma demande les cinq évêques, qui, l’autre jour, montèrent chez le Pape, plus Mgr Manning, pour qui décidément, j’ai un coup de coeur.

N’allez-vous pas être jalouse? Eh! bien, non, et je ne vous ai fait cette question que pour vous dire qu’il m’était désormais impossible de croire à votre jalousie. C’est un sentiment avec lequel je ne veux plus compter, de votre part. Il déplaît trop à Notre- Seigneur, il vous empêcherait trop de faire le bien auquel vous êtes appelée, il est trop dépourvu de tout fondement pour que je croie sage de m’en préoccuper le moins du monde. Il me semble que le concile me dilate l’esprit; il faut qu’il vous agrandisse le coeur dans d’immenses proportions. Je m’arrête. Il me semble que la poste m’apportera quelque chose de vous, à quoi j’aurai à répondre.

Le courrier n’a rien apporté de vous. Cela m’inquiète très vivement; cela m’inquiète plus que vous ne sauriez le croire. Je vous conjure de me faire donner de vos nouvelles, et bientôt. Ah! si vous saviez comme j’ai besoin de vous! Ne vous arrêtez pas à mon silence. Les évêques, qui forment le comité de la majorité, me font l’honneur de m’inviter à leurs réunions c’est une preuve d’estime très flatteuse, puisque j’y serai le seul prêtre.

Adieu. Voyez s’il faut que je fasse des actes d’humilité pour que l’amour-propre ne m’étouffe pas. Je vous dis cela, parce qu’on ne me fait venir que pour me faire travailler. Adieu, chère fille. Tout vôtre; mais si vous êtes souffrante, faites-moi donner de vos nouvelles.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Auguste Pécoul à l'ambassade de France.