DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 338

28 apr 1870 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Soignez-vous – Mme Goubier – Conseils divers – Demande en mariage – Vocations distinguées – Une constitution *De Summo Pontifice*.

Informations générales
  • DR08_338
  • 4008
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 338
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 415; D'A., T.D.30, n.295, pp.111-113.
Informations détaillées
  • 1 ACTES DU GOUVERNEMENT RELIGIEUX
    1 ASSOMPTIONNISTES
    1 CARDINAL
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 COMMUNAUTE RELIGIEUSE
    1 CONGREGATIONS ROMAINES
    1 CONSTITUTION CONCILIAIRE DE VATICAN I
    1 CONVERSATIONS
    1 EGLISE
    1 ENVIE
    1 EVECHES
    1 EXPULSION
    1 FIDELITE A L'ESPRIT DE LA REGLE
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 ITALIENS
    1 JURIDICTION ECCLESIASTIQUE
    1 MAITRESSE DES NOVICES
    1 MALADES
    1 MARIAGE
    1 OBLATES
    1 PAPE
    1 SOINS AUX MALADES
    1 TRISTESSE
    1 VIE RELIGIEUSE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOLONTE DE DIEU
    1 VOYAGES
    2 ANTONELLI, GIACOMO
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 CARRETON, ELISABETH
    2 CHABERT, LOUISE
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 CORRENSON, MADAME CHARLES-LOUIS
    2 COULOMB, LOUISE
    2 DEHON, LEON
    2 DESAIRE, CHARLES
    2 GOUBIER, MADAME
    3 LYON
    3 NIMES
    3 ROME
    3 VICHY
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 28 avril [18]70.
  • 28 apr 1870
  • Rome
La lettre

Enfin! j’ai une lettre de vous, mon enfant, et je vois avec une tristesse douloureuse que je ne me suis pas trompé: vous êtes malade. De grâce, soignez-vous, et prenez toutes les précautions. Puisque vous êtes contente de Soeur Elisabeth, profitez de vos indispositions pour vous faire remplacer par elle; cela préparera à votre absence. Il importe que, pendant ce temps, le Père Emmanuel s’impose l’obligation de commander, car évidemment, puisque j’ai établi que Soeur Marie de Saint-Jean ne serait pas maîtresse des novices, il ne faut pas qu’elle le soit.

Je pense que vous devez considérer les visites de Mme Goubier comme une oeuvre de charité; par conséquent vous pouvez lui dire: 1° qu’il n’y avait aucun inconvénient à ce qu’elle vînt tous les jours, mais que vous êtes obligée de rendre la règle générale; que Mme votre mère vient très rarement, que si votre soeur vient davantage, c’est qu’elle rend des services à la communauté. 2° Qu’avec ces indispositions de votre part, si vous aperceviez chez les Soeurs quelques sentiments de jalousie ou d’étonnement, vous le lui diriez tout bonnement et qu’elle aurait la bonté de le prendre sans peine, parce qu’une communauté a des exigences auxquelles il faut savoir se plier. Voilà le fond. Vous en direz ce que vous voudrez, je m’en rapporte à vous. Mme Goubier pourrait bien vous venir un jour, et, par un côté, vous pourriez en tirer parti dix fois comme de Soeur Marie de Saint-Jean. Avec trois visites par semaine, il y a bien assez, ce semble.

Si vous allez à Vichy, allez-y au plus tôt. Si vous ne revenez [pas] vers la fin de juin, je pourrai bien revenir de Lyon avec vous. Je ne serai pas fâché d’avoir avec vous une conversation un peu longue avant ma rentrée à Nîmes. Enfin, ou vous n’auriez plus à vous en aller, ou vous arriveriez très peu avant ou après moi à l’Assomption. Seulement réglez bien votre mois d’absence. Quand les deux Louises seront entrées, si l’ex-carmélite ne vous va pas, tranchez dans le vif et remerciez-la. Un exemple de cette sorte produira, croyez-le, un très bon effet; on verra qu’avant tout, vous tenez à la règle. La seconde semble vouloir marcher.

Il est bien possible que le cardinal Antonelli soit le plus opposé à l’opportunité de l’infaillibilité. Voilà comment vont les choses en ce monde. Ah! mon Dieu! et j’oublie que j’avais promis d’aller le voir, ce soir. Je vous quitte.

9 heures.

Course inutile, le cardinal ne recevait plus. Ce que c’est que d’aller demander en mariage des nièces de cardinaux! Et dire que je sais qu’ils meurent d’envie de m’accorder ma demande. Ah! les Italiens! Mais laissons cette race, qui se croit grande, pour parler de nos affaires. Eh! bien, le bon Dieu vous bénit. Si je n’ai pu vous écrire par le courrier de ce soir, c’est que j’ai dû causer avec deux jeunes gens très distingués, qui m’ont promis de venir et de m’amener d’autres sujets. Ils paraissent assez nombreux; nous verrons ce que cela nous procurera de religieux capables de faire monter le niveau de l’Assomption. Ce sera une bien belle chose que de voir mon voyage à Rome produire ce résultat.

Bonne nuit. Je vous écrirai encore un mot demain; je vous envoie, en attendant, une bénédiction toute paternelle.

Le 29.

Bonjour, ma fille. J’ai quelque chose à vous dire que je ne puis me rappeler. Je vais m’occuper tout spécialement de nos jeunes gens. Priez bien pour qu’en tout cela, ce soit la vraie volonté de Dieu qui s’accomplisse.

Je crois pouvoir vous dire qu’au lieu de présenter seulement la question de l’infaillibilité, on laissera la partie du schéma qui traite de l’Eglise pour faire une constitution de Summo Pontifice. Pour moi, j’en suis très aise, parce qu’on traitera du même coup la question de la juridiction ordinaire du Pape dans tous les diocèses. On ne le distribuera pas aujourd’hui, parce que la commission de la foi a encore besoin de se réunir une ou deux heures pour donner une dernière approbation. Je vous livrerais le secret pontifical, si je ne savais que ma lettre n’arrivera que dans trois ou quatre jours à Nîmes, c’est-à-dire: quand le secret là-dessus ne sera plus nécessaire. Puis, les Romains voient bien qu’il est impossible de garder le secret avec l’opposition.

Encouragez Louise Chabert à ajouter un petit mot pour moi, de temps en temps; cela lui fera du bien.

Adieu, ma fille bien aimée. Tout vôtre en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum