DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 353

6 may 1870 Rome BAILLY_EMMANUEL aa

Douze bouteilles de Tokaï – Tout sera fini pour la Saint-Pierre – L’opposition sera vaine – Je n’ai pas été porter mon vote à l’ambassade – Les études – Notre calendrier et notre propre.

Informations générales
  • DR08_353
  • 4021
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 353
  • Orig.ms. ACR, AI 123; D'A., T.D.31, n.123, pp.126-127.
Informations détaillées
  • 1 ADVERSAIRES
    1 CALENDRIER LITURGIQUE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONGREGATION DES EVEQUES ET REGULIERS
    1 CONGREGATION DES RITES
    1 CONSTITUTION CONCILIAIRE DE VATICAN I
    1 DIPLOMATIE
    1 ELECTION
    1 ETUDES ECCLESIASTIQUES
    1 EVEQUE
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 MANDAT A ENCAISSER
    1 PENTECOTE
    1 POLITIQUE
    1 PROPRE DES AUGUSTINS
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 VIN
    2 APPONYI, COMTESSE ANTOINE-RODOLPHE
    2 BARAGNON, NUMA
    2 BARNOUIN, HENRI
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 DARU, NAPOLEON
    2 DUMAZER, ALEXIS
    2 FAVATIER, PAUL
    2 GERMER-DURAND, JOSEPH
    2 MANNING, HENRY-EDWARD
    2 NAPOLEON III
    2 PIE IX
    2 PIE, LOUIS
    2 PIERRE, SAINT
    2 SAN SEVERINO, GAETANO
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 VEUILLOT, LOUIS
    3 NIMES
    3 NIMES, EVECHE
    3 POITIERS
    3 TOKAI
    3 VIGAN, LE
  • AU PERE EMMANUEL BAILLY
  • BAILLY_EMMANUEL aa
  • Rome, 6 mai [18]70.
  • 6 may 1870
  • Rome
La lettre

Mon cher ami,

Ayez l’extrême bonté de me faire expédier, avec les renseignements de l’abbé Barnouin, une douzaine de bouteilles de notre Tokaï, s’il en reste encore. Je voudrais faire un petit cadeau à Veuillot, qui m’a reçu si bien et si souvent à sa table. Par M. de Saint- François cela ne me coûtera rien de port. Puis il faut vivre. Je vais tirer sur vous, pour le 1er juin, une traite de 1.000 francs. Prévenez le P. Hippolyte. Le vin, après le plébiscite, doit nécessairement monter. Cette année, nous nous serons très bien trouvés de n’avoir pas encore vendu le vin.

Que vous dirai-je du concile? Pour la Saint-Pierre, tout sera fini. On aurait pu finir plus tôt, et je ne dis pas que je ne sois pas à Nîmes dans l’octave de la Pentecôte. J’ai envoyé des nouvelles à l’évêché, mais je suis très résolu à n’en plus envoyer, si l’on ne me répond pas. Cette belle habitude de rester dans le silence est par trop absurde, et je suis bien résolu, après trois ou quatre lettres, à ne plus rien dire. Si l’on veut des nouvelles, on viendra s’adresser à vous.

Pour aujourd’hui, bien que j’aie couru toute la matinée, je ne puis vous dire grand’chose. Tous les esprits sont à la grosse question. La députation a dû tout finir hier soir: un prooemium, quatre chapitres et des anathèmes. Mgr Manning est content. L’évêque de Poitiers met à la question une ardeur que je ne lui connaissais pas. Le Pape est tout en train, et maintenant il ne s’agit que de prouver à la minorité que leurs voix opposantes ne feront rien à la question. Ils le sentent eux-mêmes, et ils voudraient qu’on ne les obligeât pas à rien voter de trop dur. Mme Apponiy disait tenir d’un haut diplomate allemand: « Si nous nous sommes mêlés du concile, c’est poussés que nous avons été par les évêques ».

Numa pourrait bien faire annoncer que je me suis abstenu d’aller porter mon vote à l’ambassade(1). La grosse question pour l’avenir est celle des études. C’est le terrain sur lequel nous devons être prêts, et c’est pourquoi il faut répéter sur tous les tons aux enfants: « Etudiez, étudiez ». Le San-Severino que je vous ai envoyé est pour le Fr. Paul. Toutefois, si le P. Alexis veut s’en occuper, il fera très bien, et, réflexion faite, ne l’envoyez pas encore au Vigan.

J’ai quelques détails de plus. Il paraît que la députation n’avait pas encore fini, ce matin. Demain, une nouvelle réunion sera nécessaire. Poitiers est content, Manning a encore quelques appréhensions; mais pour mon compte, je pense que le bouton leur sera durement serré. Le Pape se montre très énergique, et je ne doute pas qu’il ne se fasse une constitution très soignée. A demain pour le reste, s’il y a du nouveau.

Veuillez aller au plus tôt chez l’abbé de Cabrières et lui demander quand et à qui il a remis la demande pour notre calendrier et notre propre, qu’il devait déposer, il y a dix-huit mois, à la Congrégation des Rites. On a tout bouleversé, on n’a rien trouvé. La minute doit être aux mains du P. Alexis ou du P. Germer. Hâtez- vous de la faire recopier proprement (je ne parle que du propre, le calendrier est à part) et expédiez-le moi sur-le-champ; sans quoi le temps passera inutilement. L’abbé de Cabrières ne l’aurait- il pas déposé à la Congrégation des évêques et réguliers? On ne l’y trouve pas. N’aurait-il pas oublié de remettre cette pièce?

A l’instant, j’apprends de nouvelles misères pour le schéma de la constitution de Romano Pontifice. Adieu et tout vôtre.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Pour le plébiscite du 8 mai, exigé par l'empereur malgré les objections de certains ministres (dont celui des Affaires étrangères, Daru, qui démissionna). Il s'agissait de faire ratifier par la nation le senatus-consulte du 20 avril 1870 qui libéralisait le régime dans une certaine mesure. La question posée était : "Le peuple approuve les réformes libérales opérées dans la constitution depuis 1860 et ratifie le sénatus-consulte". Le succès fut éclatant : 7 350 000 oui contre 1 572 000 non.