DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 355

6 may 1870 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Redoubler de prières pour le concile – Sacrifions-nous – Agrandissons nos coeurs – Le pape va bien – Vous êtes ma fille par excellence et je dois, devant Dieu, me montrer d’autant plus exigeant à votre égard – Deux affaires de mariage.

Informations générales
  • DR08_355
  • 4022
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 355
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 415; D'A., T.D.30, n.299, pp.117-119; QUENARD, pp.181-182.
Informations détaillées
  • 1 ANGOISSE
    1 EGLISE
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 EVEQUE
    1 FOI BASE DE L'OBEISSANCE
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 MARIAGE
    1 OBLATES
    1 ORDINATIONS
    1 PAPE
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 PENTECOTE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SANTE
    1 SATAN
    1 SENTIMENTS
    1 SEVERITE
    1 THEOLOGIENS
    1 TRINITE
    2 DUPANLOUP, FELIX
    2 LA TOUR D'AUVERGNE, CHARLES-AMABLE DE
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 PIE IX
    2 PIERRE, SAINT
    3 BOURGES
    3 ORLEANS
    3 VICHY
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 6 mai [18]70.
  • 6 may 1870
  • Rome
  • *Madame la supérieure générale des Oblates.*
La lettre

Ma bien chère enfant,

Je viens vous prier de faire renouveler les prières des Soeurs et de redoubler les vôtres pour la grande affaire qui se traite en ce moment. Il semble que le diable veut empêcher tout d’aboutir. Je suis avec la plus grande angoisse ce pénible enfantement. Hier, ce devait être fait; puis les discussions ont commencé au sein de la commission des 24(1); puis, puis je crois que quelqu’un s’est laissé entraîner par Orléans. Enfin, on me disait, il y a un moment, que tout serait fini dans la commission dès demain et que, dimanche, l’on pourrait distribuer le projet réformé. Il paraît que ce matin on a convoqué les grands théologiens de toutes les écoles et qu’ils se sont montrés plus rigoureux que les évêques. Enfin, l’archevêque de Bourges me disait ce matin que ce serait l’affaire de trois semaines. Je crois, moi, que cela prendra davantage, mais le soir de la Saint-Pierre nous pourrons décamper, supposé que la session fût pour ce jour-là.

Au milieu de toutes ces préoccupations, sanctifions-nous, ma fille; prions, prions, mais souvenons-nous que tout: l’Eglise, le Pape, l’infaillibilité, n’importe où elle se trouve, tout cela a été établi pour la perfection des élus. Agrandissons nos coeurs, rendons- nous dignes des lumières nouvelles qui nous sont proposées, et redoublons notre foi; mais cette foi agissante qui brûle d’amour et qui s’immole, se sacrifie dans des élans sans cesse accrus par l’opération du Saint-Esprit.

Dépêchez-vous donc de partir pour Vichy, afin de m’avoir à votre retour. Peut-être faudra-t-il bien attendre jusqu’à Saint-Pierre, mais peut-être aussi ne sera-ce pas nécessaire. Je me figure que le 21 juin sera le jour de la session, peut-être le jour de la Pentecôte; alors les évêques pourraient aller faire leurs ordinations pour la Trinité.

Voilà bien la vie au jour le jour. Au milieu de tout, cela le Pape va bien; c’est prodigieux, car il a un travail énorme, mais le bon Dieu le soutient. Si, comme quelques-uns l’affirment, tout était fini pour la Pentecôte et que vous fussiez à Vichy, je m’arrangerais bien pour aller vous y faire une visite, ou bien vous attendriez le mois d’août; mais ce sera trop pénible pour vous.

Savez-vous ce que je remarque? C’est que lorsqu’en priant Dieu je lui parle de ma fille tout court, c’est vous que j’ai en vue. Pour les autres, c’est ma fille une telle, s’il s’agit de quelqu’une de mes filles. Vous êtes ma fille par excellence. La supérieure de l’Assomption n’est pour ainsi dire plus ma fille; avec elle, c’est un tout autre sentiment. C’est sur vous que je me repose le mieux avec mon coeur de père. Mais prenez garde. Par moments, j’en conclus devant Dieu à l’obligation d’être pour lui plus exigeant avec vous et de poursuivre toutes les petites imperfections que je pourrai découvrir, afin de lui donner une épouse parfaite. Car, si vous êtes ma fille, vous êtes mille et mille fois plus son épouse.

Cette phrase a été coupée en deux par deux affaires de mariage, où l’on me mêle bien malgré moi.

Adieu, ma fille.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. La députation de la foi.