DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 364

12 may 1870 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Un mandat – Ensemble à Lamalou? – Mes recommandations à Louise Coulomb – Je suis ravi d’avoir à me mêler des choses les plus intéressantes – Subtilités théologiques – Les nouvelles arrivantes – Manning.

Informations générales
  • DR08_364
  • 4030
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 364
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 416; D'A., T.D.30, n.301, pp.121-122.
Informations détaillées
  • 1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 CRAINTE
    1 DOUCEUR
    1 ENERGIE
    1 EPREUVES SPIRITUELLES
    1 GALLICANISME
    1 HUMILITE
    1 MALADIES
    1 MANDAT A ENCAISSER
    1 OBLATES
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 SAINTS
    1 SATAN
    1 THEOLOGIE
    1 THEOLOGIENS
    2 COULOMB, LOUISE
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 MANNING, HENRY-EDWARD
    2 THIBON, LOUIS
    3 LAMALOU-LES-BAINS
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 12 mai [18]70.
  • 12 may 1870
  • Rome
La lettre

Mon enfant,

Voici mon mandat, que je vous prie de faire remettre à M. Thibon, contre quoi il devra vous rendre 125 francs. Je suis tout heureux d’avoir, ce matin, une minute pour vous écrire. Hier, j’ai eu des occasions pour faire parvenir deux lettres à Soeur Marie de Saint-Jean: une du P. Galabert, l’autre de moi. J’ai prié qu’elles vous fussent remises, d’abord. Voyez si l’abbé Thibon l’a fait. Maintenant, une observation; je ne puis me rappeler si je vous l’ai faite. J’ai une douleur rhumatismale à l’épaule et peut-être serai- je obligé d’aller à Lamalou. N’y aurait-il rien de rhumatismal dans votre fait? Voyez le mal que vous fait l’humidité et si vous aussi avez des rhumatismes, ne pourrions-nous pas aller à Lamalou à peu près en même temps? Il me semble que ne vous ayant pas vue depuis si longtemps, nous pouvons bien nous arranger pour nous revoir un peu. Enfin, ce sera dans six semaines si les gallicans le permettent et la lenteur des présidents aussi. Ah! que l’on aurait envie de leur mettre un peu de vif argent dans les veines de ces bons présidents!

J’ai écrit une bonne lettre à Louise Coulomb, mais je lui ordonne de vous porter la copie de quelques recommandations plus spéciales que je lui fais. J’espère que cela sera pour elle une occasion de s’entendre un peu plus avec vous. Recommandez bien à nos filles de beaucoup et beaucoup prier pour le concile, afin que quelques misères que l’on redoute n’aient pas lieu. Le diable s’agite beaucoup en ce moment. Pour moi, je suis condamné à courir assez. Mais quand je dis que je suis condamné, j’ai tort, car je puis vous assurer que je suis ravi d’avoir à me mêler des choses les plus intéressantes. Il y a grande discussion parmi les théologiens. Les Jésuites eux-mêmes sont partagés sur deux mots qu’il faut supprimer, disent les uns, qu’il faut laisser, disent les autres. Ce mot m’a fait faire bien des courses, et en même temps m’a appris assez de théologie et aussi de quoi sont capables les théologiens en fait de subtilité.

Posez-vous doucement et fortement vis-à-vis des nouvelles arrivantes. Ah! que je porte envie à cette belle humilité de Manning, chez qui on sent le saint au milieu de toutes les difficultés dont il est entouré! Quelques-uns disent qu’il succombera aux tortures morales qu’on lui inflige, mais il est très évident que le concile aura aidé à faire des saints. Je dis ceci non sans effroi: primo, parce que je ne me sanctifie pas, ensuite, parce que si quelques-uns se sanctifient, c’est que d’autres sont bien peu aimables.

Adieu, bien chère enfant. Je vis sur la joie de vous revoir dans six semaines.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum