DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 374

16 may 1870 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Aimer Dieu de tout notre coeur, nous perdre en Lui – Un don spécial de vous-même à faire pendant ce mois de Marie – Une encre qui n’a pas le sens commun – Une messe dite avec vous.

Informations générales
  • DR08_374
  • 4039
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 374
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 416; D'A., T.D.30, n.303, pp.123-125; QUENARD, pp.183-185.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DU CHRIST DANS L'AME
    1 AMITIE
    1 AMOUR DIVIN
    1 ASSISTANCE A LA MESSE
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 EPREUVES
    1 FILLE DE L'EGLISE
    1 GENEROSITE
    1 GLOIRE DE DIEU
    1 MOIS DE MARIE
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 OBLATES
    1 OUBLI DE SOI
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 RENONCEMENT
    1 SAINTE VIERGE
    1 SAINTETE
    1 SOUFFRANCE
    1 VOIE UNITIVE
    3 LAMALOU-LES-BAINS
    3 VALS-PRES-LE-PUY
    3 VICHY
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 16 mai[18]70.
  • 16 may 1870
  • Rome
La lettre

Eh! bien, ma fille, il faut nous mettre à aimer Dieu de tout notre coeur. Voilà ce que je me sens poussé de vous dire ce matin. Que sont toutes les souffrances du monde auprès du ciel? Que sont toutes les affections de la terre auprès de l’amour que nous porte le maître du ciel? Et quelle folie a notre coeur de faire cas de quoi que ce soit, sinon de celui qui veut être notre amour et le principe de toute affection en nous? Aussi plus je réfléchis, plus je suis touché de compassion pour ceux qui ne comprennent pas cette vraie et immense joie qui leur est offerte dans la perte de tout leur être en Dieu et la puissance qu’ils ont pour faire les plus grandes choses. Marie, Marie, faisons de très grandes choses, non pas aux yeux du monde, mais aux yeux de celui à qui nous voulons toujours un peu plus consacrer notre coeur. Ah! ne laissez pas s’écouler le mois de Marie sans avoir fait un don plus spécial de vous-même, comme celui que la Sainte Vierge renouvelait sans cesse et qui attira sur elle le regard de Dieu. Eprouvez le besoin de vous dévouer, de vous immoler, et profitez de tous les instants du jour pour renouveler ce don. Ne sentez-vous pas que Notre-Seigneur veut vous prendre pour lui mille fois plus qu’il ne l’a fait jusqu’à présent? Si, comme j’en suis persuadé, vous êtes et vous voulez être une vraie fille de l’Eglise, il vous faut commencer, si vous ne l’avez déjà fait, à étudier tous ces moments où Notre-Seigneur veut plus particulièrement descendre dans votre âme par un amour qui s’alimente de la souffrance, de certaines tristesses intérieures, des sécheresses et même des délaissements.

Vous aurez une lettre toute tachée. Depuis une demi-heure, je lave mon écritoire et vous voyez que je n’en viens guère à bout. Enfin, j’espère avoir trouvé de l’encre qui ait son sens commun. Le moyen de parler de l’amour de Dieu avec de l’encre qui salit votre papier!

Je viens de dire la messe non pas pour vous, mais avec vous; vous m’avez été presque constamment présente. Si vous saviez ce que j’éprouve quand j’offre ainsi ma fille à Notre-Seigneur! Oh! soyez toute sienne, élevez-vous au-dessus de vous-même et ne vivez que de lui. Vous voyez que je réponds à vos filles dans votre sens. Posez de bonnes bases et ne doutez pas que Notre-Seigneur ne vous bénisse pour vos efforts à relever le niveau de sainteté de ces chères enfants. Engagez-les à m’écrire; si vous croyez que cela leur fait du bien. Je voudrais que nous puissions l’un et l’autre devenir indifférents à ce qui nous touche pour n’être occupés que de ce qui touche l’honneur et la gloire de Dieu.

Adieu, mon enfant. Dites-moi donc ce dont je voulais encore vous parler. Je sais que j’oublie encore quelque chose. Ma lettre partira telle quelle. Je ne veux pas la relire. Adieu, mon enfant. Enfin, s’il plaît à Dieu, nous nous reverrons dans trois semaines. Allez donc à Vichy pendant le mois de juin, à moins que nous n’allions ensemble à Vals ou à Lamalou.

Notes et post-scriptum