- DR08_375
- 4040
- DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 375
- Orig.ms. ACR, AM 384; D'A., T.D.38, n.21, pp.104-105.
- 1 ACTION DE DIEU
1 ADVERSAIRES
1 AMITIE
1 ANTIPATHIES
1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
1 CONCILE DU VATICAN
1 CRAINTE
1 ENERGIE
1 ENVIE
1 ETERNITE
1 FATIGUE
1 GUERISON
1 INGRATITUDE
1 LIBERTE
1 MALADIES
1 MIRACLE
1 PROPRETE DES RELIGIEUX
1 REPOS
1 SAINT-ESPRIT
1 SEVERITE
1 SIMPLICITE
1 VOLONTE
1 VOYAGES
2 CHALVET, SAINTE-HELENE SOEUR
2 COMBIE, JULIETTE
2 FABRE, JOSEPHINE
2 GALABERT, VICTORIN
2 PIE IX
3 BULGARIE
3 JERUSALEM, VALLEE DE JOSAPHAT
3 NIMES
3 ROME - A MADEMOISELLE CLEMENTINE CHASSANIS
- CHASSANIS Clémentine
- Rome, le 16 mai 1870.
- 16 may 1870
- Rome
- *Mademoiselle*
*Clémentine Chassanis*
*faire remettre par Mlle Combié.*
Avant de me coucher, je veux, ma chère Clémentine, répondre à votre lettre du 8. J’aurais trop de remords si je différais plus longtemps. Vous êtes donc plus épuisée que vous ne l’auriez cru. Que serait-ce, si vous aviez dû faire vos courses par le temps que nous avons depuis quelque temps? Tout cela nous montre que l’éternité est plus proche qu’on ne le croit, et il est bon de se tenir prêt à paraître devant le juge suprême.
Il y a, si je ne me trompe, aujourd’hui seize ans que vous me vîtes chanceler et commencer cette maladie, dont la mort seule me guérira(1). J’ai cru ces jours-ci, avant-hier surtout, que cela allait recommencer. Grâces à Dieu, j’en ai été quitte pour la peur, mais cela peut revenir et on peut disparaître de ce monde au moment où l’on y pense le moins. Cette pensée est utile, et si vos fatigues passées, je l’espère aujourd’hui, vous ont laissé cette impression, j’y verrai un des plus utiles résultats de votre voyage à Rome.
Je crois, pour ma part, que vous serez dix fois plus forte au moral qu’au physique, quand vous le voudrez. C’est une affaire de volonté, aidée de la grâce; mais brisons là-dessus.
Vous ne m’avez point blessé en me disant votre pensée sur certaines personnes, surtout quand je la trouve malheureusement trop vraie. Je me demande quelquefois à quoi cela tient et je me l’explique difficilement. Peut-être n’ai-je pas été assez sévère pour réprimer certaines antipathies, mais ce n’est pas votre faute si elles crèvent les yeux.
Je vois bien que vous voulez des nouvelles de Rome. Eh bien, la coterie opposante fait feu des dents, et l’immense majorité unie au Pape, forte de sa confiance dans le Saint-Esprit, laisse crier que le concile n’est pas libre, et, pour les laisser dire, accorde la plus grande liberté. Quant à mon bonheur, il est tempéré par des péripéties que l’on vous racontera plus tard; mais, pour le moment, l’action de Dieu est si manifeste qu’il faudrait être bien aveugle pour ne pas y voir du miracle.
Veuillez dire à votre frère et à vos soeurs que j’ai parfaitement trouvé mon compte à me montrer tout simplement ce que je suis, sinon pour une ancienne fille, au moins pour une vieille amie. Quant au P. Galabert, je prétends que la Bulgarie le civilise. Il est sûr qu’il en est revenu charmant, attentif. Il montre tout simplement son coeur qui est admirable. Encore quelques séjours là- bas et il en rapportera la propreté.
Et Joséphine! Je ne puis rien vous en dire; elle m’est si dévouée. Mais chacun a sa manière d’aimer son prochain. Elle vous traite d’ingrate. A-t-elle tort? Je la traite de jalouse. N’ai-je pas un peu raison? Nous verrons tout cela à la vallée de Josaphat.
Bonsoir, ma fille. Tout vôtre en N.-S.
E.D'ALZON.2. Supérieure des dames de Saint-Maur à Nîmes.