DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 378

18 may 1870 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

L’amitié noyée dans un immense amour de Notre-Seigneur – Je voulais demander votre guérison, je suis poussé à me perdre dans la volonté de Dieu – Perdons-nous dans la perfection que Dieu désire – Au concile.

Informations générales
  • DR08_378
  • 4042
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 378
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 416; D'A., T.D.30, n.305, pp.126-128.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE GRACES
    1 AMITIE
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 BONHEUR
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE RELIGIEUX
    1 CURES D'EAUX
    1 EGOISME
    1 GALLICANISME
    1 GUERISON
    1 JOIE
    1 LACHETE
    1 MARTYRS
    1 MISSIONS ETRANGERES
    1 OBLATES
    1 OFFRANDE
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 PENITENCES
    1 PERFECTION
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 RECITATION DE L'OFFICE
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 SYMPTOMES
    1 UNION DES COEURS
    1 VERTU DE FORCE
    1 VIE SPIRITUELLE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 CORRENSON, MADAME CHARLES-LOUIS
    2 COULOMB, LOUISE
    2 CULLEN, PAUL
    2 MERIGNARGUES, ISABELLE DE
    2 PUDENTIENNE, SAINTE
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 VICHY
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 18 mai [18]70.
  • 18 may 1870
  • Rome
La lettre

Je vous ai écrit, il y a deux heures, mon enfant, et je reviens à vous tout naturellement, et je vous prie de remarquer deux choses. La première, que vous voyez comment, dès que j’ai une minute, je trouve du bonheur, non pas à vous la donner, mais à me la donner en la passant avec vous. Si donc quelquefois, à Nîmes, je ne vous donnais pas le temps que vous pourriez souhaiter, concluez-en que je ne le puis pas. La seconde chose est que, dans votre lettre d’aujourd’hui, vous dites que, puisque vous devez aimer Notre-Seigneur avant tout, vous devez savoir lui faire des sacrifices. Oh! cela c’est parfait et la joie intime que vos paroles m’ont causée ne se peut dire. Voilà bien comme je vous veux, noyant l’amitié dans un amour immense de Notre-Seigneur. Oui, je suis bien content de vous, et sur ce, bonsoir.

19 mai.

Tout à l’heure, en me réveillant, j’ai pensé à vos palpitations et je me suis demandé quelle devait être l’étendue de votre coeur pour contenir toutes les flammes qui doivent consumer vos filles dans le ministère des missions. Je voulais demander pendant la récitation de mon office votre guérison, mais je me suis senti très fortement poussé à me perdre dans la volonté de Dieu. Vous m’êtes trop chère, mon enfant, pour que, quand il s’agit de vous, je n’aie pas à craindre de ne voir que moi ou trop mon avantage personnel. Je vais dire la messe et je prierai sainte Pudentienne, dont c’est la fête, de vous donner son courage et son amour pour les martyrs dont elle recueillait les corps torturés par les bourreaux.

Je doute que jamais personne, même Madame votre mère, ait prié pour vous comme je viens de le faire pendant ma messe et mon action de grâces; je puis vous assurer que j’y ai uni tout ce que j’ai de coeur. Ce que j’ai demandé pour vous, Dieu seul le sait, car il sait mieux que moi, ce qui vous convient le mieux à vous, aux Oblates et à moi. Mais quelle vie surnaturelle devrions-nous mener, chère enfant, et quand nous y mettrons-nous? J’attends un élan de votre coeur qui me crie: « Mon Père, j’y suis. Je veux être tout ce que Notre-Seigneur veut de moi ». Si vous saviez comme je vous ai mise sur la patène, comme je vous ai immolée à l’élévation! Ma fille, ma fille, perdons-nous dans la perfection que Dieu désire et soyons des êtres tout transfigurés.

On m’assure ce soir qu’il y a 175 orateurs inscrits(1). S’il en est ainsi, je crois que ceux de la majorité doivent se faire inscrire pour six discours chacun, de deux heures chacun. Cela suppose de 3.600 à 4.000 heures. A quatre heures par séance, cela représente mille séances ; à 250 séances par an, cela nous donne quatre ans de discussions. C’est le seul moyen de venir à bout des gallicans. Du reste, ils ont été aujourd’hui rudement menés par le cardinal Cullen. Mettons que cela finira quand Dieu voudra. Mais au fond j’espère être à Nîmes vers l’époque que vous m’aviez indiquée pour votre retour des eaux. Si vous ne deviez revenir que vers les premiers jours de juillet, il faudrait me le dire; peut-être irai-je passer quelques jours à Paris.

20 mai.

Voici qu’hier j’ai reçu deux lettres, je les fais passer par vous: celle d’Isabelle, parce que d’abord je comptais la faire plus courte; celle de Mère Marie de Saint-Jean, parce que c’est dans l’ordre. Du reste, elle semble parfaitement heureuse pour le moment.

Je comptais remplir cette feuille, mais j’ai été découragé et je n’ai pas même le temps de me relire. Adieu, ma chère enfant. Laissez-moi pourtant vous dire que, si vous allez à Vichy avec votre soeur, vous ferez peut-être bien d’y faire une sorte de retraite, supposé que votre tête vous le permît. Voyez, on ne vous quitterait pas.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. De la 51e (14 mai) à la 82e congrégation (4 juillet), 169 orateurs intervinrent mais de nombreux inscrits avaient renoncé à la parole.