DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 391

31 may 1870 Rome CHABERT Louise

J’ai demandé à Marie de me donner en vous une vraie fille – L’amour, la souffrance, le sacrifice – Mettez-vous à l’étude.

Informations générales
  • DR08_391
  • 4059
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 391
  • Cop.ms. de la destinataire ACR, AM 324; D'A., T.D.38, n.20, pp.32-34.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 ANGES
    1 APOTRES
    1 BIEN SUPREME
    1 CIEL
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CORPS DE JESUS-CHRIST
    1 DIVIN MAITRE
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 FLEURS
    1 JEUDI SAINT
    1 JUIFS
    1 LACHETE
    1 LIVRES
    1 LUTTE CONTRE LA TENTATION
    1 MOIS DE MARIE
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 PERSEVERANCE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 PURGATOIRE
    1 SAINTE VIERGE
    1 SANG DE JESUS-CHRIST
    1 SOUFFRANCE
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 VIE DE SACRIFICE
    2 CHABERT
    2 PIERRE, SAINT
  • A MADEMOISELLE LOUISE CHABERT
  • CHABERT Louise
  • Rome, 31 mai 1870.
  • 31 may 1870
  • Rome
La lettre

Mon enfant,

Je viens de passer plus de deux heures à prier pour vous. Le résultat est que vous serez victorieuse de la tentation. Je vous ai offerte à la Sainte Vierge, comme la plus jolie fleur que je puisse lui présenter pour la clôture de son mois. Je lui ai demandé de me donner en vous une vraie fille. Quand vous perdîtes votre père, L[ouise], je fus frappé de la solitude où vous alliez vous trouver. A ce moment, je vous adoptai, avec une affection qui me permet de vous dire que je ne crois pas que personne vous aime comme je vous aime, mon enfant. Mais c’est peu de chose, car enfin je puis disparaître d’un moment à l’autre. Aussi cette tendresse, si profonde qu’elle soit, je ne la compte pour rien, sinon pour un moyen de vous élever à tout ce que Notre-Seigneur vous demande. Je sens en vous, avec un peu de faiblesse, la capacité du séraphin qui prend son vol vers le ciel, non pas avec deux ailes, mais avec six.

Vous me demanderez pourquoi je vous pousse ainsi, et je vous répondrai: « Parce que je ne vous crois pas faite pour la terre ». Avez-vous longtemps à y vivre? Je crois que vous avez à y souffrir beaucoup, afin d’être cet ange qui consolait et fortifiait Notre-Seigneur au jardin des Olives. Aussi, chère enfant, si vous ne sentez pas au fond de votre âme le besoin de vous immoler, de vous sacrifier dans un amour très intense, très silencieux, très douloureux, à Notre-Seigneur, mettons que je me suis trompé. Je vous demandais tout à l’heure à ce bon Maître avec une ardeur qui me semblait assez grande. Je crois toujours que vous pouvez m’être une auxiliaire par l’amour, la souffrance, le sacrifice.

Mettez-vous un peu sérieusement à l’étude. Peu à peu l’occupation vous distraira. Je tiens à ce que vous ne perdiez pas de temps. Ne vous cassez pas la tête. Vous pouvez demander à l’Assomption des livres pas trop sérieux, mais intéressants.

L[ouise], lorsque Notre-Seigneur annonçant l’eucharistie déclara qu’il fallait manger son corps, boire son sang pour avoir la vie éternelle, les Juifs se retirèrent en trouvant un pareil discours trop dur. Et Jésus, se tournant vers les Douze, leur dit ces simples paroles: « Et vous aussi, voulez- vous vous en aller? » Je vous dirai: Inclinez l’oreille de votre coeur vers le tabernacle, et si vous entendez Notre-Seigneur vous dire: « Et toi aussi, t’en iras-tu? », répondez-lui, avec saint Pierre: « Jésus, mon Dieu et mon époux, à qui irai-je? Vous avez les paroles de la vie éternelle ».

Adieu, mon enfant. Quand votre persévérance vous fixera-t-elle à tout jamais vers le ciel? En priant pour vous tout à l’heure, il me semblait que vous n’étiez pas faite pour aller au ciel à travers les lenteurs du purgatoire, mais que vous deviez vous y élancer, un jour, d’un seul bond, tant vous auriez souffert dans ce monde-ci.

Adieu, mon enfant.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum