DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 433

16 jun 1870 Rome CHABERT Louise

Aimez Jésus-Christ – Un bois encore vert – Montez vers la lumière – Que l’étude soit pour vous une prière continuelle – Esclave de l’amour divin.

Informations générales
  • DR08_433
  • 4101
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 433
  • Cop.ms. de la destinataire ACR, AM 326; D'A., T.D.38, n.22, pp.35-36.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 AMOUR DU PROCHAIN SOURCE DE L'APOSTOLAT
    1 ANGES
    1 AUTEURS SPIRITUELS
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 CIEL
    1 DEMARCHE DE L'AME VERS DIEU
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 EFFORT
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 FLEURS
    1 GALLICANISME
    1 HISTOIRE DE L'EGLISE
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA GRACE
    1 JESUS-CHRIST EPOUX DE L'AME
    1 ORAISON
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 PATIENCE
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 SAINTETE
    1 SALUT DES AMES
    1 SERVICE DU ROYAUME
    1 SOUFFRANCE
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 VERTU DE FORCE
    2 BOSSUET
    2 MAISTRE, JOSEPH DE
    2 MERMILLOD, GASPARD
    3 NIMES
  • A MADEMOISELLE LOUISE CHABERT
  • CHABERT Louise
  • Rome, 16 juin 1870(1).
  • 16 jun 1870
  • Rome
La lettre

Les oreilles me tintent. Est-ce que ma fille souffre? Je ne sais pourquoi je vous crois accablée. Prenez courage, ma chère enfant, donnez-vous toute à celui qui a votre affection première…

J’ai été interrompu par Mgr Mermillod, qui m’annonce de bonnes nouvelles, mais je reviens à vous, chère enfant. Aimez Jésus-Christ, aimez. Quand votre coeur se briserait, comme le vase d’albâtre répandu aux pieds de Notre-Seigneur, quel parfum exhalerait votre amour! Vous êtes faite pour devenir un séraphin, une vraie flamme. Quoi d’étonnant qu’avant de le consumer, Dieu dessèche par la souffrance un bois encore vert? L[ouise], L[ouise], montez très haut. Je vous défends absolument de laisser vos pieds toucher la terre. Il faut monter vers la pleine lumière, vers la chaleur, [vers] la vie, vers Jésus-Christ, vers cet époux qui vous veut toute avec une divine jalousie. Quel est le grand travail de Notre-Seigneur dans l’eucharistie? C’est d’élever les âmes. Ayez un grand amour pour les âmes. Allons, mettons-nous y.

Je vous ordonne d’étudier, autant que vous en êtes capable. Relisez le Discours sur l’histoire universelle de Bossuet, le livre Du Pape de M. de Maistre, l’histoire de l’Eglise, mais lisez surtout la plume à la main. J’espère bien, avant trois semaines, être à Nîmes; mais si les gallicans retardaient la définition de quelques jours, ce ne serait qu’un mérite de patience que nous saurions bien acquérir, le père pour la fille, la fille pour le père, n’est-ce pas? Oui, mon enfant, c’est à la sainteté que nous devons tendre, et à toute la sainteté. Je me préoccupe peu des difficultés, dès que vous serez devenue une fille d’oraison. Car, il faut que l’étude soit pour vous une prière continuelle, en ce sens que vous devez élever, de temps en temps, votre âme et votre esprit vers Dieu, pour lui dire que les connaissances que vous acquérez seront pour vous un moyen de le bien servir.

Vous étiez, chère enfant, sous le poids de votre croix. Je vais être un vrai bourreau, mais je vais ajouter: Tant mieux! Pourquoi? Parce que c’est là une des vraies préparations de l’épouse, qui n’est quelque chose que pour le sacrifice. Quand en serez-vous à dire: Ni souffrir, ni mourir? parce que l’un et l’autre sont trop doux. Mon enfant, j’ai une confiance absolue en vous. Vous devez y voir ma vraie pensée sur votre compte, et vous avez besoin de savoir ce sentiment dans le coeur de votre père. Il centuple vos forces, n’est-ce pas? Je ne sais plus quelle nation fut convertie par une esclave. Faites-vous l’esclave de l’amour divin et allez. -La résignation ne suffit plus?- Non, ma fille. Notre-Seigneur veut davantage, demandez-le lui dans la communion. Savez-vous que j’ai un grand désir de vous revoir? Oh! chère enfant, quand serons-nous au ciel avec la couronne que Notre-Seigneur, par sa grâce, nous aura fait acquérir? Donc, vous m’écrivez beaucoup, je le veux absolument. Je bénis vos résolutions, je vous bénis, afin que, vous ouvrant comme une fleur du côté du ciel, vous laissiez Notre-Seigneur verser ses parfums dans votre âme.

Mille fois vôtre. Adieu.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
(1) Le mot *juillet* a été barré et remplacé par le mot *juin*. Ils sont tous deux de la même écriture.