DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 418

10 jun 1870 Rome CHABERT Louise

L’intelligence surnaturelle de la souffrance – Votre règlement – A la Fête-Dieu, donnez-vous sans réserve – Etudes – Lectures conseillées – Que Notre-Seigneur soit votre tout – Tempête après le concile.

Informations générales
  • DR08_418
  • 4085
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 418
  • Cop.ms. de la destinataire ACR, AM 327; D'A., T.D.38, n.23, pp.36-38.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU CHRIST
    1 AUGUSTIN
    1 AUTEURS SPIRITUELS
    1 CATECHISME
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 CONCILE DE TRENTE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONCILE OECUMENIQUE
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 ENERGIE
    1 EVEQUE
    1 FETE-DIEU
    1 FLEURS
    1 FOI BASE DE L'OBEISSANCE
    1 GLORIFICATION DE JESUS-CHRIST
    1 GRAVITE
    1 HISTOIRE DE L'EGLISE
    1 HUMILITE
    1 INTEMPERIES
    1 LIVRES
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 PATIENCE
    1 REGLEMENTS
    1 REPOS
    1 REVOLTE
    1 SANTE
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 THOMAS D'AQUIN
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 VERTU DE FORCE
    1 VOIE UNITIVE
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BOSSUET
    2 MAISTRE, JOSEPH DE
  • A MADEMOISELLE LOUISE CHABERT
  • CHABERT Louise
  • Rome, [vers le 10] juin 1870(1).
  • 10 jun 1870
  • Rome
La lettre

Oh! que nous ne sommes rien! comme disait le grand Bossuet. C’est avec cette exclamation d’un de mes amis que je commence cette lettre. Mon enfant, tout à l’heure, impossible d’écrire au Père E[mmanue] . Il y avait un orage en préparation, j’étais anéanti. Voilà qu’il se met à pleuvoir, et je vous écris sans peine.

Votre lettre, ma fille, est bien sérieuse. On sent que vous souffrez, que vous voulez souffrir et que vous commencez à recevoir l’intelligence surnaturelle de la souffrance. Tout cela est bon et très précieux. Toutefois, je ne vous engage pas pour le moment à offrir à Notre-Seigneur plus que l’observation de votre règlement, dans un très grand esprit de foi, l’amour de ces petites choses qui ne sont rien en apparence et sont ensuite un très grand soutien. Voilà ce que je vous demande, [et] pas plus.

Je voudrais, ma chère enfant, que, le jeudi de la Fête-Dieu, vous pussiez vous donner tellement sans réserve, sans partage, que ce fût à tout jamais. Quel beau jour que celui-là pour contracter une union éternelle avec Notre-Seigneur de façon que, s’il veut vous prendre bientôt, il vous cueille bientôt comme une petite fleur faite pour s’épanouir à tout jamais dans le ciel! Que si, au contraire, il vous veut longtemps en ce monde, il vous donne la possibilité de procurer sa gloire, comme il l’entendra! Mais, comme il faut raisonner comme si vous deviez vivre, si votre santé vous permet d’étudier, je vous ordonne de travailler, autant que cela ne vous fatiguera pas. Si le livre vous tombe des mains, ne vous gênez pas pour dormir. Vous avez besoin d’un grand repos, ne vous gênez pas pour le prendre. Vous avez été assez vigoureusement remuée, pour que l’on comprenne vos impressions momentanées.

Vous avez besoin de développer par l’étude le peu que vous savez. Lisez et relisez l’histoire de l’Eglise, M. de Maistre, saint Thomas, le catéchisme du concile de Trente, saint Augustin et saint Thomas par dessus tout. Ne craignez pas d’affronter certaines lectures un peu difficiles. Quand vous aurez la tête cassée de questions un peu relevées, passez à des choses plus simples.

Adieu, mon enfant. Courage, énergie, vigueur dans l’amour et l’humilité! Que Notre-Seigneur vous soit toutes choses! Vous voyez que déjà je vous considère comme une fille très forte. En effet, il faut le devenir.

Evidemment, après le concile, il y aura une grosse tempête. Tout le monde s’y attend. Que sera-t-elle? Nul ne le sait, mais il est impossible que ce qui a eu lieu après tous les conciles généraux ne se voie pas après celui du Vatican. Nos saints évêques commencent à perdre saintement patience et organisent, la plupart, une sainte émeute pour enterrer au plus tôt le sacrosaint concile.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Deux lettres à Louise Chabert, dont celle-ci, étaient datées du 16 juin. Toutes deux sont des copies provenant de la destinataire. La nôtre est certainement mal datée. En effet elle doit être antérieure au jeudi de la Fête-Dieu qui, en 1870, était le 16 juin. Le P. d'Alzon proposait à Louise de sceller ce jour-là une union éternelle avec N.-S. On peut même imaginer que la jeune fille a inscrit au dessus de sa copie de la lettre du P. d'Alzon la date de cet espèce de voeu plutôt que celle de la lettre elle-même.