DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 447

28 jun 1870 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

La volonté de Dieu – Manoeuvres dilatoires – Le gallicanisme est battu – L’évêque de Ratisbonne.

Informations générales
  • DR08_447
  • 4114
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 447
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACE, AH 417; D'A., T.D.30, n.326, pp.150-151.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 FATIGUE
    1 GALLICANISME
    1 GUERISON
    1 JOIE
    1 LANGUE
    1 NUTRITION
    1 PUBLICATIONS
    1 TRAVAIL
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 ALLOU, AUGUSTE
    2 LA BOUILLERIE, FRANCOIS DE
    2 SENESTREY, IGNATIUS VON
    3 ALLEMAGNE
    3 CARCASSONNE
    3 MEAUX
    3 RATISBONNE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 28 juin [18]70.
  • 28 jun 1870
  • Rome
La lettre

Je ne puis vous exprimer, ma bien aimée fille, la joie que m’a causée la vue de votre écriture. Pour que vous ayez pu remplir deux pages, il faut croire que vous allez mieux, et c’est du fond du coeur que je demande pour vous une guérison que Dieu ne peut tarder de m’accorder.

Je vois aussi avec bonheur que vous êtes soumise à la volonté de Dieu, mais si mes lettres ne vous font pas de mal, elles doivent vous être bonnes, et soyez sûre que je désire trop vous faire tout le bien possible pour ne pas vous montrer souvent mon écriture. Je suis court pour ne pas vous fatiguer; mais pour peu que j’aie l’espoir que vous ne le serez pas trop par ma prose, je me mets à bavarder, comme vous le voyez en ce moment.

Quand pourrez-vous me dire ces : « pauvre Père d’Alzon! » qui m’allaient si fort au fond du coeur? J’avais espéré samedi prochain, mais les gallicans ne le permettent pas; ils cherchent à prolonger tant qu’ils peuvent. Avant-hier, un des présidents parlait de donner deux séances par jour. L’évêque de Meaux a fait signer une pétition dans ce sens. L’évêque de Carcassonne propose, lui, nettement la clôture. Le postulatum autographié a été proposé hier. On avait peur cette semaine de n’avoir que trois séances, on en aura quatre; mais à quand la fin?

Je puis vous assurer tout bas que si ce n’était vous j’aurais moins envie de rentrer au plus tôt, parce qu’il se fait, quoi qu’on dise, un travail sérieux. Le gallicanisme mis aux abois est battu sur toutes les coutures, et c’est bon. Si l’on fait un jour la collection de toutes les brochures faites pour réfuter les brochures gallicanes, on sera émerveillé!

Ne m’écrivez pas, pour peu que cela vous fatigue. Voilà que, moi aussi, je vais avoir du remords d’avoir trop de joie à recevoir vos lettres; mais non, je crois que Notre-Seigneur veut que cela vous fasse du bien, et veut m’en faire aussi par l’affection de ma fille. Je vous envoie comme distraction le portrait de l’évêque de Ratisbonne: c’est un ravissant petit rageur, plein d’esprit, de science, tenant tête à tous les gallicans d’Allemagne, ne sachant pas un mot de français, mais parlant le latin et l’italien avec une facilité prodigieuse. Nous sommes devenus les meilleurs amis du monde et hier je prenais des glaces chez lui.

Adieu, fille chérie. Croyez qu’on vous rend bien votre affection et votre dévouement.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Vous me garderez cette photographie.