DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 468

9 jul 1870 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Ne pas mêler les sentiments personnels à l’oeuvre de Dieu – Varia.

Informations générales
  • DR08_468
  • 4135
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 468
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 417; D'A., T.D.30, n.334, pp.158-159; QUENARD, pp.192-193.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE RELIGIEUX
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 COLERE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONSTITUTION CONCILIAIRE DE VATICAN I
    1 CONVERSATIONS
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 CURES D'EAUX
    1 ELECTION
    1 FETES DE MARIE
    1 HONTE
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 INTEMPERIES
    1 MALADIES
    1 PARLOIR
    1 PATIENCE
    1 SAINTS
    1 TRANSPORTS
    1 VOIE UNITIVE
    2 BILIO, LUIGI
    2 BONNECHOSE, HENRI-M.-GASTON DE
    2 FILLION, CHARLES-JEAN
    2 LA BOUILLERIE, FRANCOIS DE
    2 PIE IX
    3 ARDOISE, L'
    3 CARCASSONNE
    3 LAUDUN
    3 MANS, LE
    3 NIMES
    3 ROME, SEMINAIRE FRANCAIS
    3 VALS-PRES-LE-PUY
    3 VICHY
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 9 juillet [18]70.
  • 9 jul 1870
  • Rome
  • *La Mère Emmanuel-Marie.*
La lettre

Je viens de dire la messe pour vous, ma fille bien aimée; c’est la fête des prodiges de la Sainte Vierge. Je lui ai demandé de nous rendre tous les deux bien saints: vous, en vous donnant un coeur chaque jour plus large; moi, en m’accordant une patience que j’ai beaucoup trop peu. Somme toute, je ne me convertis pas assez et j’ai eu un petit sentiment de honte en songeant que vous, ma fille, vous êtes plus avancée que moi.

Je succombe à la chaleur, et vous, vous ne succombez pas à la maladie. Vous tendez toujours du même élan vers Notre-Seigneur que vous voulez aimer beaucoup, beaucoup, comme vous me le disiez dans votre dernière lettre. Que vous avez raison, mon enfant, et qu’il est important de bien se convaincre de cette vérité! Voyez-vous, tout est là, et tenez pour sûr que si l’on ne mêlait pas des sentiments personnels à l’oeuvre de Dieu, tout irait sur des roulettes. Je le vois pour le concile, pour les petites réunions qui ont lieu au dehors, pour les plus simples conversations. Ah! cherchons, cherchons Notre-Seigneur, et encore je ne sais si nous ne serons pas tout surpris de nous chercher nous-mêmes. Enfin comme pour le moment je vous crois bien plus près de Notre-Seigneur que je ne le suis, je vous conjure de le prier pour moi, chère enfant. Aimez surtout mon âme; attendez-moi avec la disposition de lui faire beaucoup de bien. Je suis convaincu qu’en effet vous pouvez lui en faire énormément. Nous reviendrons sur ce sujet, n’est-ce pas? Pensez-y sérieusement.

Quand vous reviendrai-je? Hier soir, une réunion chez le cardinal de Bonnechose a signé une postulation pour conjurer que la définition fût le 16. On a dû la porter au Pape, à son retour de la promenade. On n’obtiendra rien, mais on aura donné la certitude que l’on est pressé de partir. Deux évêques sortant de cette réunion vinrent me prendre en voiture; ils entraînèrent quelques-uns de leurs confrères dans le parloir du séminaire, et il fut convenu que l’évêque du Mans et celui de Carcassonne iraient chez Bilio pour le pousser et le forcer à mettre un canon au quatrième chapitre en lui faisant peur de plus de 200 juxta modum. Les juxta modum sont des votes conditionnels qui prouvent la défiance du concile. Lorsqu’ils sont nombreux, c’est peu agréable pour le président.

Adieu, ma bien chère fille. Tout à vous et du fond du coeur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Tâchez de me faire savoir vos projets. Je ne pense guère être à Nîmes avant le 25. Irez-vous aux eaux? Resterez-vous où vous êtes? N'avez-vous pas l'idée de passer quelque temps à l'Ardoise(1)? Si Vichy est trop loin, irez-vous à Vals?|Adieu, chère enfant, encore une fois.|Si vous m'écrivez ou me faites écrire, dépêchez-vous. Ma lettre vous arrivera mercredi. Si je pars lundi ou mardi de la semaine suivante, il y aura peu de temps à perdre. Laissez-moi vous avouer que je serais bien moins impatient de partir, si ce n'était vous.1. Commune de Laudun, dans l'arrondissement de Nîmes.