DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 469

10 jul 1870 Rome MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il vous faut une maison à Rome – Etablir à Rome la bonne influence française – Enfin le terme – L’esprit à donner aux deux Assomptions.

Informations générales
  • DR08_469
  • 4136
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 469
  • Orig.ms. ACR, AD 1565; D'A., T.D.24, n.1072, pp.121-122.
Informations détaillées
  • 1 ADVERSAIRES
    1 APOSTOLAT
    1 CHAPITRE GENERAL
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONSTITUTION CONCILIAIRE DE VATICAN I
    1 DISTINCTION
    1 DOCTRINES ROMAINES
    1 ELECTION
    1 ERECTION DE MAISON
    1 ESPRIT DE L'ASSOMPTION
    1 FRANCAIS
    1 GALLICANISME
    1 PAPE
    1 PRIMAUTE DU PAPE
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 SCOLASTICATS
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BILIO, LUIGI
    2 DE ANGELIS, FILIPPO
    2 PIE IX
    3 FRANCE
    3 NIMES
    3 ROME
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Rome, 10 juillet 1870.
  • 10 jul 1870
  • Rome
La lettre

Ma bien chère fille,

Je pense que les affaires de votre Chapitre général sont finies et que vous êtes un peu reposée. Quant à moi, j’ignore encore le jour de mon départ. Sera-ce dimanche? Sera-ce dans quinze jours? Le Pape, hier soir, disait le 16, le 17 ou le 19, mais Bilio et de Angelis veulent que ce soit le 24. Nous verrons qui l’emportera. Dans tous les cas, je vous écrirai d’une façon positive le jour précis.

Savez-vous une idée qui m’obsède? C’est que vous devriez avoir au plus tôt une maison à Rome; ce serait le meilleur moyen d’avoir en France dix fois plus de force morale en face de certaines éventualités; puis, je suis abasourdi de toutes les oeuvres françaises que Dieu fait ici. Il y a une place à prendre, croyez-moi. Les Dames du Sacré-Coeur ont déjà plusieurs maisons. Mais il me paraît que si vous pouviez mettre ici quatre ou cinq filles très distinguées, vous feriez évidemment une espèce de bien tout spécial et très nécessaire. Vous donneriez à beaucoup le sens des idées romaines. Quant à moi, je vais mettre ici cinq ou six jeunes gens, et je trouve que j’ai eu tort de ne pas avoir cherché à commencer plus tôt, mais il faut croire que le temps n’était pas venu. Je crois avoir trouvé une mine de jeunes gens de tout premier ordre, mais il faut venir les chercher ici.

Il y aurait autre chose à faire, ce serait d’établir à Rome la bonne influence française. Pour cela il faudrait un plan et des gens résolus à le suivre. Il faut travailler à s’emparer de Rome. C’est moins difficile qu’on ne le pense, supposé qu’on le voulût bien. Or, qu’il y ait à Rome d’énormes réformes à opérer, cela est tout à fait incontestable. Mais qui les tentera? Elles se feront peu à peu, il faut l’espérer, par l’esprit français qui, malgré ses défauts, a du bon.

12 juillet.

En attendant, j’espère être à Nîmes au plus tard le 23.

On a voté hier le 4e chapitre qui est faible, mais, grâces à Dieu, on a voté au 3e chapitre le canon suivant. Si quis dixerit, Romanum pontificem habere tantummodo officium jurisdictionis vel directionis, non autem plenam et supremam potestatem jurisdictionis in universam Ecclesiam, tum in rebus quae ad fidem et mores, tum quae ad disciplinam et regimen totius Ecclesiae pertinent, aut eum habere tantum potiores partes, non vero totam plenitudinem hujus supremae potestatis, aut hanc ejus potestatem non esse ordinariam et immediatam sive in omnes et singulas Ecclesias, sive in omnes et singulos pastores et fideles, anathema sit(1).

Après ce canon, je ne sache pas que l’on puisse rien désirer de plus. Les gallicans se fondent et s’en vont. Hier, il n’y a pas eu cinquante opposants; au dernier jour ils seront une vingtaine, s’ils sont vingt. Enfin, nous touchons au terme et réellement il en était temps. Je suis à peu près résolu de ne pas retourner l’an prochain, à moins d’une de ces circonstances extraordinaires qu’on ne peut prévoir. Enfin, j’espère que dans dix jours vous serez à Nîmes et que j’aurai le plaisir de vous y voir.

Adieu, ma chère fille. Après avoir été écrasé, je me trouve actuellement assez bien, à la condition de ne faire presque rien.

Mille fois à vous en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Nous aurons à causer beaucoup sur l'esprit à donner aux deux Assomptions.1. Histoire de ce canon : *Lettre* 4128, n.6.