DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 500

11 sep 1870 Nîmes DEHON P.Léon

Pas de nouvelles de M. Désaire – Nos religieux dans la guerre – La grande question: les études – L’ordre règne ici – Ce qui manque c’est l’esprit chrétien.

Informations générales
  • DR08_500
  • 4175
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 500
  • Orig.ms. Arch. S.C.J.; Photoc. ACR, EA 435.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU
    1 ADMINISTRATION PUBLIQUE
    1 AMBULANCE
    1 AMITIE
    1 ARMEE
    1 CHATIMENT
    1 CLERGE
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 ESPRIT CHRETIEN
    1 ETUDES ECCLESIASTIQUES
    1 GUERRE
    1 PAIX
    1 PRISONNIER
    1 REVOLUTIONNAIRES ADVERSAIRES
    1 UNIVERSITES CATHOLIQUES
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 DESAIRE, CHARLES
    2 DUMAZER, ALEXIS
    2 GALLOIS, AUGUSTIN
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 PERNET, ETIENNE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    3 AISNE
    3 BELGIQUE
    3 METZ
    3 PARIS
    3 PRUSSE
    3 ROME
    3 SAVOIE
    3 SEDAN
  • A MONSIEUR L'ABBE LEON DEHON
  • DEHON P.Léon
  • Nîmes, le 11 septembre 1870.
  • 11 sep 1870
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Cette lettre vous arrivera-t-elle, mon bien cher ami? Je croyais interrompues les relations avec votre département.

L’abbé Desaire ne donne aucun signe de vie. Je lui ai écrit, il ne répond pas. La Savoie serait-elle prussianisée sans que personne s’en fût douté? Hélas! hélas! Deux de mes religieux qui ont assisté aux journées de Sedan sont de retour. Quelle honteuse débâcle et comme nous sommes frappés par la main de Dieu! et comme nous le méritions. Si vous m’aviez écrit un jour plus tôt, je vous aurais engagé à aller à Paris d’où les prêtres fuient [en] masse, et où le P. Picard vous eût donné un travail énorme dans les ambulances. Il vous faudrait aller en Belgique, entrer dans l’Internationale(1) et par elle pénétrer dans Paris. Nous avons enfin tout à l’heure des nouvelles de nos religieux enfermés à Metz(2). Un cinquième a dû être fusillé par les Prussiens, puis on l’a relâché(3).

Plus que jamais je suis convaincu que la question des études est la grande question. Pourra-t-on aller à Rome l’an prochain? J’en doute. Quant à moi l’argent me fait défaut, mais ce n’est pas une raison pour ajourner. J’espère que l’abbé Desaire aura ici 10 à 12 élèves, c’est toujours un noyau.

Vous ai-je dit que mon évêque est tout disposé à favoriser nos plans ? Ici règne l’ordre le plus parfait. Nous sommes les maîtres de la position et à moins d’un imprévu impossible, nous serons tranquilles. Il faudrait un débordement du flot révolutionnaire pour nous emporter. Si vous voulez nous venir, vous serez accueilli à bras ouverts.

Ce qui manque c’est l’esprit chrétien et les observations de nos religieux sur les champs de bataille et pendant la honteuse capitulation à laquelle ils ont assisté, font que nous qu’on accusait d’exagérations nous étions trop modérés. Adieu, mon cher ami; je vous souhaite de me déchiffrer. Je ne me relis pas, mais je souhaite que vous voyiez sous mon gribouillage toute ma tendre et confiante affection en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. La *Société internationale de secours aux blessés*.
2. Aucune lettre de Metz, écrite entre le 20 août et le 1er novembre, n'est conservée.
3. Alexis et Emmanuel sont de retour; Vincent de Paul et Pernet sont à Metz et le cinquième, celui qui a failli être fusillé, est Augustin Gallois, comme une lettre du 15 novembre de Mère M.-Eugénie à Vincent de Paul nous l'apprend.