DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 501

14 sep 1870 Nîmes PICARD François aa

Châtiment divin – Nous allons prier pour vous – J’espère une réaction puissante, d’abord religieuse – La rentrée – Mon neveu et son bataillon sont sur la route de Paris – Préparer l’avenir.

Informations générales
  • DR08_501
  • 4177
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 501
  • Orig.ms. ACR, AE 358; D'A., T.D.25, n.358, pp.305-306.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR-PROPRE
    1 ARMEE
    1 BOURGEOISIE ADVERSAIRE
    1 BUT DE LA VIE
    1 CHATIMENT
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CORRUPTION
    1 ENERGIE
    1 ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
    1 ESPERANCE
    1 EXERCICES RELIGIEUX
    1 GUERRE
    1 HONTE
    1 MALADES
    1 OUBLI DE SOI
    1 PARENTS D'ELEVES
    1 PATRIE
    1 PERSEVERANCE
    1 PEUPLES DU MONDE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 PURIFICATION
    1 RENONCEMENT
    1 SAINTS
    1 SALUT DES AMES
    2 BAILLY, BERNARD
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 LAMORICIERE, LOUIS DE
    2 PIE IX
    2 PUYSEGUR, JEAN DE
    2 TROCHU, LOUIS
    3 CASTELFIDARDO
    3 HERAULT, DEPARTEMENT
    3 LODEVE
    3 MIDI
    3 NORD
    3 PARIS
    3 PIEMONT
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Nîmes, le 14 sept[embre] 1870.
  • 14 sep 1870
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Mon cher ami,

Nous voici au moment solennel. Il est sûr que Dieu nous châtie bien vigoureusement; il nous saisit dans notre amour-propre national, pour exposer notre honte aux yeux du monde entier. Il faut dire que nous n’avons que ce que nous avons mérité.

Nous allons prier tout particulièrement pour vous. Déjà nous le faisions, mais nous voilà obligés à le faire bien plus encore, puisque vous courrez des dangers(1). Je ne puis être sans espérance et je compte qu’une réaction puissante ne tardera pas à se manifester; mais il faudrait que d’abord elle fût religieuse; il faudrait que les pécheurs se convertissent, que les bons devinssent des saints; il faudrait qu’il y eut des victimes, qui s’offrissent à Notre-Seigneur pour être entièrement ce qu’il voudrait. Il me paraît impossible que le résultat de la guerre ne produise pas une génération de saints. Soyons-en par le dévouement et par le sacrifice.

Nous aussi allons avoir des malades. Notre rentrée n’aura lieu que le 15 octobre. Je présume que plusieurs parents, qui ne pourront mettre leurs enfants dans le Nord, les placeront dans les établissements du Midi. Ne pourrait-on pas profiter de l’avachissement des bourgeois pour montrer ce qu’étaient les établissements universitaires? Malheureusement, la corruption était partout.

Adieu, bien cher ami. J’ai le coeur plein de choses à vous dire, et dans mon trouble je ne vous dis rien. Mon neveu est sur la route de Paris, il ira vous voir. Son bataillon est excellent, tâchez donc de le faire donner à Bernard(2). C’est le bataillon de Lodève, Hérault. Les mobiles ne sont pas forts pour l’exercice, mais mon neveu en est très content pour l’esprit. Il est capitaine. Il me disait hier qu’il se croyait très aimé de ses soldats: 1° parce qu’il a un peu d’argent à leur donner; 2° parce qu’il paya de sa personne. Tâchez de le surveiller pour ses devoirs religieux. Il a mis sa décoration de Pie IX, qu’il a conquise à Castelfidardo(3).

Adieu mon cher ami. Croyez à toute ma plus tendre préoccupation de tout ce que vous et les vôtres allez devenir.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Souvenez-vous qu'il faut non seulement étudier le présent mais préparer l'avenir et qu'il sera bien beau pour ceux qui auront persévéré jusqu'à la fin.1. Depuis quelques jours Picard parle de l'étau ennemi qui se resserre : "encore deux ou trois jours et vous ne recevrez peut-être plus rien" (9 septembre); "le cercle se resserre autour de Paris" (11 sept.); "un dernier mot avant le siège" (12 sept.). La première attaque allemande contre le camp retranché de Paris, que commandait le général Trochu, aura lieu le 19 octobre.
2. Bernard Bailly, frère des P. Bailly et ancien officier de marine, avait repris du service pour le temps de guerre et exerçait un commandement à Paris.
3. Lamoricière y fut défait par les Piémontais le 18 septembre 1860 (v. *Lettre* 1460).