DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 516

25 oct 1870 Le Vigan GALABERT Victorin aa

La pénitence – Un peuple conquis – Nouvelles des religieux, du collège, de la guerre – Nous nous relèverons en redevenant une nation catholique – Les Oblates de Bulgarie.

Informations générales
  • DR08_516
  • 4194
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 516
  • Orig.ms. ACR, AJ 224; D'A., T.D.32, n.224, pp.200-201.
Informations détaillées
  • 1 ALLEMANDS
    1 ANCIENS ELEVES
    1 APOSTOLAT
    1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 ASSOMPTIONNISTES
    1 BETISE
    1 CATHOLIQUE
    1 CHATIMENT
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONTRARIETES
    1 DROITS DE DIEU
    1 ELEVES
    1 ENERGIE
    1 GUERRE
    1 HOMMES
    1 MALADES
    1 MISSIONNAIRES
    1 NATION
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 OBLATES
    1 PATRIE
    1 PREDICATION
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 PRISONNIER
    1 RENOUVELLEMENT
    1 REPUBLICAINS ADVERSAIRES
    1 REPUBLIQUE ADVERSAIRE
    1 SAINTS
    1 VENERATION DES IMAGES SAINTES
    1 VERTU DE PENITENCE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 DES ISNARDS, RENE
    2 DUMAZER, ALEXIS
    2 FERRY, CHARLES
    2 GALLOIS, AUGUSTIN
    2 GERMER-DURAND, JEAN
    2 GIRY, MAURICE DE
    2 HALLUIN, HENRI
    2 JULLIEN, FRERE
    2 MALINAS, ALBERT
    2 PERNET, ETIENNE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 ROUVIERE, ALBERT
    2 SALZE, THERESE
    2 SARRAN, VALERIE
    3 ARRAS
    3 FORBACH
    3 FRANCE
    3 METZ
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 PRUSSE
    3 ROME
    3 VIGAN, LE
    3 VOUZIERS
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Le Vigan, 25 oct[obre 18]70.
  • 25 oct 1870
  • Le Vigan
La lettre

Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa. Je le dis avec une conviction d’autant plus profonde et, j’espère, d’autant plus sincère, que je prêche une magnifique retraite aux hommes, au Vigan, et que ce soir je leur parlerai de la pénitence; je suis tout plein de mon sujet. Donc Paris est assiégé, les Prussiens s’avancent, et les républicains faisant bêtise sur bêtise nous rendent la République impossible, tout en tuant la France ou du moins en la déshonorant. Que serons-nous dans quelque temps? Un peuple conquis. Voilà à quoi je ne puis me résigner, et c’est pour cela que je rêve de nous battre jusqu’à la dernière goutte de sang. Le P. Emmanuel et le P. Alexis sont de retour à Nîmes; le P. Augustin est à Arras auprès du P. Halluin. On ne sait ce qu’est devenu un Frère convers laissé à Vouziers(1). Le P. Vincent de Paul et le P. Pernet sont à Metz, enfermés; voilà plus de deux mois qu’ils ne nous ont écrit. Que sont- ils devenus? Il [y] a six semaines qu’ils allaient assez bien. Quant à la maison de Nîmes, nous l’avons ouverte le 3 octobre. Elle marche, grâce à Dieu, nous avons 180 élèves ou à peu près. On nous demande de prendre quelques blessés. Cela m’ennuie passablement; toutefois nous nous arrangerons pour suffire à la besogne. Voilà pour nos nouvelles. J’ajoute que le noviciat me fait l’effet d’aller assez bien ici; mais que nous avons besoin de bons sujets! Priez Dieu qu’il nous les procure.

Rouvière a été tué à Sarrebruck; Giry a été tué à Rome, le 20 septembre; Malinas va bien; René des Isnards n’a dû son salut qu’à une médaille de la Sainte Vierge, qui a arrêté une balle qui devait lui percer le ventre; Ferry et Durand vivaient encore, il y a douze jours(2). Le P. Picard était à la fameuse sortie du 13(3). Je crois que nous sommes punis, mais je crois que nous nous relèverons, mais à la condition que nous redeviendrons la grande nation catholique, et de toutes la plus catholique par ses saints, par ses missionnaires, par sa charité, par sa prédication, par sa propagande, par son dévouement à la cause de Jésus-Christ. La crise dont vous me parlez ne m’étonne pas du tout, et Soeur Thérèse et Soeur Valérie et les autres doivent savoir que tenir à Pierre ou à Paul est une grande sottise. Quant à Soeur Thérèse, j’aurais été surpris qu’elle n’eût pas fait quelque bêtise. Je vous engage à étudier Soeur Valérie et à la mener rondement. Prions beaucoup, car je suis persuadé que nous aurons un jour de bien belles choses à faire, précisément à cause des obstacles que nous rencontrons.

Adieu, et mille fois vôtre en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le Frère Jullien, novice, parti de Paris avec les PP. Emmanuel, Alexis et Augustin (v. *Lettre* 4168, n.3).
2. Tous ces combattants sont des anciens élèves du collège de Nîmes. Albert Rouvière, tué à Forbach le 6 août; Maurice de Giry, tombé à Rome le 20 septembre; Albert Malinas (1863-1865); René des Isnards (1851-1856); Charles Ferry (1846-1856); Jean Germer-Durand (1844-1856).
3. Le P. Picard raconte cette sortie dans une lettre du 14 octobre.