DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 526

5 nov 1870 Nîmes GALABERT Victorin aa

La barbarie prussienne – La révolution tente de se remuer – Politique internationale – Je n’ai pas plus d’argent que vous – Ne vous montrez pas hostiles aux Russes: vous pénétrerez plus facilement chez eux – Pas de quoi payer le voyage de religieuses.

Informations générales
  • DR08_526
  • 4206
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 526
  • Orig.ms. ACR, AJ 225; D'A., T.D.32, n.225, pp.202-203.
Informations détaillées
  • 1 ABSOLUTISME
    1 ADVERSAIRES
    1 ALLEMANDS
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE
    1 EPREUVES
    1 ERREUR
    1 GRECS
    1 GUERRE CIVILE
    1 IMPRESSION
    1 MAUX PRESENTS
    1 MISSION DE RUSSIE
    1 NUTRITION
    1 OBLATES
    1 PAGANISME
    1 PAIX
    1 POLITIQUE
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 RUSSES
    1 TOLERANCE
    1 TRANSPORTS
    2 DESAIRE, CHARLES
    2 MALASSIGNE, ATHANASE
    3 ALLEMAGNE
    3 ANDRINOPLE
    3 ANGLETERRE
    3 AUTRICHE
    3 FRANCE
    3 INDE
    3 ITALIE
    3 MARSEILLE
    3 ORIENT
    3 PARIS
    3 PHILIPPOPOLI
    3 PRUSSE
    3 RUSSIE
    3 SAINT-ETIENNE
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Nîmes, 5 nov[embre 18]70.
  • 5 nov 1870
  • Nîmes
La lettre

Mon bien cher ami,

Je comprends les pénibles impressions que doit vous faire subir en Orient le contre-coup de nos malheurs, mais que voulez-vous? Ne pensez-vous pas qu’il y a aussi en France de bien immenses souffrances? La cruauté des Prussiens nous ramène à la barbarie payenne; il faut s’attendre à tout de ces hommes courbés eux-mêmes sous un joug de fer. La France est peu à peu envahie, et, par contrecoup, la révolution tente de se remuer sur tous les points. Heureusement, elle a été mise à la raison à Marseille, à Saint-Etienne, à Paris; mais il n’en est pas moins dur de considérer ces divisions intestines en face de l’ennemi.

On parle de paix; la Russie et l’Angleterre la veulent: l’Angleterre, parce qu’elle sent son isolement, si, pour avoir l’empire d’Allemagne, la Prusse laisse la Russie s’étendre en Orient au point que les possessions de l’Inde soient envahies; la Russie, qui commence à redouter la paix germaine et voudrait pouvoir en ce moment se faire pour l’occasion une alliée de la France, de façon que, pour se venger, tandis que la Russie attaquerait la Prusse à l’est, la France l’attaquerait à l’ouest. Après tout, nous n’avons que ce que nous avons voulu. L’ingratitude de l’Italie, l’éloignement de l’Autriche, l’isolement de tous, voilà le résultat d’une habileté qui trompait tout le monde.

Parlons de nos affaires. Vous manquez d’argent. Pensez-vous que j’en aie plus que vous? Si à Andrinople vous pouvez vivre et si à Philippopoli on ne vous soutient pas, nous nous replierons de Philippopoli sur l’endroit où vous aurez de quoi manger. Si j’ai un conseil à vous donner, c’est quoi qu’on fasse, de ne rien faire pour vous montrer hostile aux Russes. Par ce moyen vous vous préparerez à pénétrer un jour chez eux avec moins de difficulté. Ce ne sont pas les Grecs qui vous en empêcheront. Les idées de tolérance, mauvaises en elles-mêmes, nous serviront de passeport, et je serais bien surpris si l’alliance franco-russe les renouvelant nous n’obtenions pas des résultats très précieux. Quant à vous envoyer des religieuses, cela dépendra; si nous n’avons pas de quoi payer leur voyage, comment voudrez-vous faire? C’est une crise qui passera, mais il n’en est pas moins très vrai que nous sommes en ce moment dans une pénurie extrême. Je vous remercie des détails que vous me donnez sur les Soeurs. Ici, le P. Desaire a commencé son cours de philosophie, et je crois que Dieu le bénira, mais nous sommes dans la débine.

Adieu. Tout à vous.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
J'écrirai la prochaine fois au P. Athanase.