- DR08_528
- 4208
- DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 528
- Orig.ms. ACR, AG 278; D'A., T.D.27, n.273, pp.225-226.
- 1 MALADES
1 PREDICATION
1 RECONNAISSANCE
1 RESSOURCES FINANCIERES
1 RESSOURCES MATERIELLES
1 STATUE DE LA SAINTE VIERGE
2 AUBERT, ROGER
2 BAILLY, EMMANUEL
2 DUMAZER, ALEXIS
2 FERRET, JULES
2 GALLOIS, AUGUSTIN
2 GRANDERATH, THEODORE
2 JEANTET, LOUIS
2 KETTELER, WILHELM-EMMANUEL VON
2 MANSI, GIOVANNI-DOMENICO
2 MERMILLOD, GASPARD
2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
2 PERNET, ETIENNE
2 PICARD, FRANCOIS
2 PIE IX
3 ALLEMAGNE
3 BELGIQUE
3 FRANCE
3 GENEVE
3 MAYENCE
3 METZ
3 NIMES, CATHEDRALE
3 SACONNEX D'ARVE
3 SEDAN
3 SUISSE
3 TREVES, ALLEMAGNE - AU PERE VINCENT DE PAUL BAILLY
- BAILLY_VINCENT de Paul aa
- Nîmes, le 22 nov[embre] 1870.
- 22 nov 1870
- Nîmes
- Evêché|de Nîmes
- *Le Père Vincent de Paul Bailly.*
Au moment où je recevais votre lettre, mon bien cher ami, je partais pour une course de deux ou trois Jours. Voilà pourquoi je ne vous ai pas plus tôt écrit. Hier, je prêchais à la cathédrale(1) et j’ai dû renvoyer à aujourd’hui le plaisir si longtemps interrompu de nos correspondances. Je me permets d’écrire à Mgr de Ketteler, pour le remercier de ses bontés pour vous et le prier aussi de vouloir bien me dire s’il peut recevoir directement les secours qu’on pourra envoyer(2).
Le 23.
Je reçois les lettres que vous m’envoyez par Genève. Je vais organiser une correspondance, dont Mgr Mermillod s’offre d’être l’intermédiaire(3). Restez, restez, restez. Veuillez remercier Mgr de Ketteler(4). Demain on vous écrira très longuement. Je suis un peu souffrant, mais il importe de vous rassurer. Restez. On vous envoie toutes les bénédictions et toutes les tendresses, et bientôt tout l’argent qu’on pourra.
E.D'ALZON.2. De Metz le 1er novembre, Vincent de Paul a annoncé : "nous gagnerons probablement la Belgique par Trêves". Mais la lettre suivante (7 novembre) est datée de Mayence où il vient d'arriver avec le P. Pernet. Ils ne sont pas à proprement parler prisonniers. Rien ne les obligeait à accompagner en captivité les troupes françaises. Ils continuent en fait à jouer leur rôle d'aumôniers volontaires. A Mayence, l'évêque, Mgr de Ketteler - bien que "très prussien et peu ultramontain" - les a très charitablement accueillis et leur a facilité l'exercice de leur ministère. "Les Allemands, écrit Vincent de Paul, ont été pour nous et pour nos prisonniers d'une bonté, d'une charité qui étonnerait bien la France incapable, hélas!, de cette sorte de zèle." Depuis lors, Vincent de Paul a déjà adressé plusieurs lettres au P. d'Alzon et à d'autres. Cette correspondance de guerre - E. Bailly, A. Dumazer et A. Gallois jusqu'au lendemain de Sedan, Vincent de Paul Bailly et Pernet à Metz et à Mayence, le P. Picard et Jules Ferret avant et pendant le premier siège de Paris - représente un lot d'une bonne centaine de lettres, pleines d'intérêt. - Nous ne disposons (1993), on l'aura remarqué, d'aucune lettre du P. d'Alzon lui-même entre le 5 et le 22 novembre.
3. Le 29 novembre nous voyons Mère M.-Eugénie envoyer à Mère Thérèse-Emmanuel à Sacconex d'Arve (canton de Genève), où le noviciat des R.A. a trouvé refuge vers la fin d'octobre, des copies de lettres reçues de Paris par le P. d'Alzon. Elle la prie de les adresser au *P. Vincent de Paul, Religieux Augustin de l'Assomption, à l'archevêché de Mayence* et ajoute "dites-lui que je vais lui envoyer par Mgr Mermillod des livres français pour les soldats". L'action charitable de Mgr Mermillod, sur le plan matériel comme sur le plan spirituel, en faveur des soldats français internés en Suisse ou prisonniers en Allemagne fut vraiment remarquable (JEANTET, *Mermillod*, pp. 355-362).
4. Le P. Bailly ne tarit pas d'éloges sur cette noble figure d'évêque. Opposé à l'infaillibilité, il avait su pendant le concile se tenir au dessus des mesquineries des luttes de parti, protestant même quand il le fallait contre les excès de membres de son camp. Le 17 juillet, il avait refusé de signer la lettre au pape où 55 évêques renouvelaient leur *non placet* et annonçaient leur départ (GRANDERATH, III-2, p.137), mais il écrivit au pape une lettre particulière annonçant en même temps que son départ, son empressement à se soumettre à toutes les décisions du concile (MANSI, 52, col. 1324).
Ainsi, en cette période de guerre, surmontant les oppositions politiques et nationalistes, il sut voir avant tout dans les prisonniers qui affluaient dans sa ville épiscopale, des frères en Jésus-Christ et dans les prêtres qui se présentaient à lui des participants au même sacerdoce.
Wilhelm-Emmanuel Freiherr von Ketteler (1811-1877), évêque de Mayence depuis 1850, fut pour son temps un"guide et un modèle d'esprit sacerdotal et de zèle pastoral" et son influence sur le catholicisme social contemporain fut considérable (AUBERT, *Pie IX*, pp. 142-144 et 490-491).