DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 532

5 dec 1870 Nîmes BAILLY_VINCENT de Paul aa

Argent et lettres – Conversions – Entre la République rouge et la bourgeoisie voltairienne – Mort du Fr. Edouard – Le collège – « Notre université » – Votre frère devient un saint – Remerciez Mgr de Ketteler – Notre ambulance.

Informations générales
  • DR08_532
  • 4212
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 532
  • Orig.ms. ACR, AG 279; D'A., T.D.27, n.274, pp.226-227.
Informations détaillées
  • 1 ALLEMANDS
    1 AMBULANCE
    1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 BOURGEOISIE ADVERSAIRE
    1 CLERGE LATIN
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONSERVATEURS
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 GOUVERNEMENT
    1 GUERRE CIVILE
    1 INFIRMIER
    1 MALADES
    1 MEDECIN
    1 MORT
    1 OBLATES
    1 PATRONAGES
    1 POLITIQUE
    1 PRESSE
    1 PRISONNIER
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 RECONNAISSANCE
    1 REPUBLICAINS ADVERSAIRES
    1 REPUBLIQUE ADVERSAIRE
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 STATUE DE LA SAINTE VIERGE
    1 UNIVERSITE SAINT AUGUSTIN
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BOYER, FELIX
    2 BRUN, HENRI
    2 CORRENSON, CHARLES-LOUIS
    2 DESAIRE, CHARLES
    2 FAVATIER, PAUL
    2 KETTELER, WILHELM-EMMANUEL VON
    2 MERMILLOD, GASPARD
    2 PATT, EDOUARD
    2 PERNET, ETIENNE
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 VILLARET, VERONIQUE
    2 VOLTAIRE
    3 NIMES
    3 PRUSSE
    3 QUEENSLAND, AUSTRALIE
    3 SEDAN
    3 VALBONNE
    3 VIGAN, LE
  • AU PERE VINCENT DE PAUL BAILLY
  • BAILLY_VINCENT de Paul aa
  • Nîmes, le 5 décembre 1870.
  • 5 dec 1870
  • Nîmes
La lettre

Cher ami,

Si j’ai tardé à vous écrire, c’est que j’ai dû chercher à vous procurer des fonds pour vos prisonniers. J’ai déjà 2.000 francs à votre disposition. Je prie Mgr Mermillod de vous les faire parvenir au plus tôt. Sur cette somme, il y en aura une à prélever pour deux soldats, à qui leurs parents écrivent. Vous feriez parvenir les lettres ci-jointes.

Peu à peu, un mouvement de conversions s’opère. Dieu veuille qu’il aboutisse! Ici nous avons fait un voeu d’élever une statue colossale à la Sainte Vierge, si nous obtenons la délivrance. Dans bien des endroits on fait la même chose. Peu à peu, on se relèvera; mais croyez-vous que je ne suis pas pressé de voir la fin? Voici pourquoi. Supposé que nous soyons promptement vainqueurs, les républicains au pouvoir s’y accrocheront, les conservateurs voudront l’escalader, et nous aurons une lutte bien plus terrible que celle avec les Prussiens. Nous avons besoin de cuire encore un peu dans notre jus, et pour éviter les horreurs de la République rouge, et pour éviter aussi une réaction d’orgies, dans laquelle la bourgeoisie voltairienne ne manquera pas de se plonger, si elle revient au pouvoir.

J’ai organisé des nouvelles à vous donner. Presque tous les jours on vous écrira, déjà l’on a dû vous écrire de divers côtés. La semaine dernière, nous avons perdu en trois jours un très bon novice, le Fr. Edouard. Le connaissiez-vous? Je vous envoie une notice sur son compte(1). Le collège va bien: près de 200 élèves, dont 100 internes. Notre université marche comme un seul homme dans la personne du P. Desaire(2). Votre frère est au Vigan, en train de faire sa seconde retraite depuis trois mois. La première s’est accomplie à Valbonne, au retour de Sedan. Il devient un saint, votre frère.

Veuillez remercier Mgr de Ketteler de ma part et de la part de Monseigneur de Nîmes. Nous lui sommes tous ici reconnaissants de ce qu’il fait pour nos prisonniers. Et veuillez ajouter, en lui parlant de notre gratitude, qu’il est très nécessaire que cela se sache. Les protestants font en ce moment une spéculation de la charité. Il est indispensable que le clergé catholique se montre.

Peut-on vous envoyer de vieux journaux, c’est-à-dire des journaux de quinze jours ou un mois? Vous a-t-on [dit] que nous avions une ambulance de 30 blessés ou malades au patronage(3), dirigée par trois Oblates, un infirmier pour la nuit, M. Correnson pour docteur et Félix Boyer pour interne?

Mille choses à Pernichon. Ecrivez très souvent. Mille fois à vous, cher ami, et que Dieu bénisse tout ce que vous faites. Il me semble que, du coup, vous et Pernet vous vous attirez des masses de bénédictions.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le Fr. Edouard Patt avait pris l'habit le 2 juillet et était décédé le 28 novembre à l'âge de 25 ans. La notice était due au Fr. Paul Favatier. Elle fut reproduite dans l'*Assomption* du 15 novembre 1879.
2. Mais ce seul homme, dans la pensée du P. d'Alzon, est la première pierre de l'université dont il rêve.
3. Un petit dossier concernant cette ambulance est conservé : lettres de parents de soldats, avis d'inspection et quelques billets de Sr Véronique au P. d'Alzon (ED 23-48). A signaler ici la collecte faite par le P. Brun parmi les catholiques de son district du Queensland pour les victimes françaises de la guerre. Il en envoya le montant à Mgr Plantier (2750 francs et une autre fois 1000 francs) et la *Semaine religieuse de Nîmes* du 26 février 1871 souligna le geste et publia la lettre du P. Brun à l'évêque.